Yonne : il y a 40 ans disparaissait Max-Pol Fouchet, pionnier de la télévision française

Le pionnier de la culture à la télévision Max-Pol Fouchet est décédé en 1980 mais sa mémoire reste vive dans l’histoire de la télévision française mais aussi à Vézelay (Yonne) où il a vécu et travaillé. 

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"Mesdames et messieurs bonsoir. Un homme est mort que vous aimiez beaucoup. Max-Pol Fouchet, c’est l’un de ceux qui donnèrent à la télévision presque à ses débuts une dimension nouvelle et un souffle nouveau." C’est ainsi que débutait le journal télévisé de Léon Zitrone le 22 août 1980, jour de la mort de cette figure de la télévision française.

Le présentateur lance ensuite la dernière émission de Max-Pol Fouchet. Un reportage sur Vézelay, village de l'Yonne où il vécut. Dans ce sujet, il en profite pour parler de cette colline éternelle qui "n’est pas comme les autres".
 

Dans l'Yonne 40 ans plus tard, la mémoire de ce Vézélien d’adoption reste encore vive. L’association qui porte son nom s’apprête à célébrer le quarantième anniversaire de sa disparition le 1er juillet. L’occasion de revenir sur un visage qui a marqué les débuts de la télévision.

La culture pour tous

La liste de tout ce qu’a été Max-Pol Fouchet est impressionnante. Poète, romancier, essayiste, critique littéraire et musical, historien de l’art, ethnologue... Mais vous le connaissez peut-être davantage en tant qu’homme de radio et de télévision. Max-Pol Fouchet (1913-1980) fait partie de ces pionniers de l’ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française). À la télévision, il a surtout parlé de culture, ce qui en fait "un pionnier" selon Christian Limousin, président de l’association à son nom à Vézelay.

"Il avait l’ambition de faire de la culture pour tous. Être un passeur et être simple et clair mais ne rien perdre de la complexité des choses donc ne pas rabaisser le savoir mais essayer de le représenter le mieux possible. Sa bonne bouille à l’écran attirait les téléspectateurs. Il essayait de fidéliser un public. À l’époque, il n’y avait pas beaucoup de chaînes donc c’était plus facile", analyse Christian Limousin.

Chroniqueur culture

Ayant grandi à Alger, il arrive en métropole après la Libération. C'est au début des années 1950 qu'il fait ses premiers pas à la télévision afin de rendre la culture accessible au plus grand nombre. Il crée plusieurs émissions culturelles avec Pierre Desgraupes et Pierre Dumayet. 

Première apparition à l'écran dans Le Fil de la vie, qui portait sur l’actualité. Mais le programme qui le rend célèbre c’est Lectures pour tous, dans lequel il présente des livres. Christian Limousin raconte : "il s’occupait de livres pas toujours faciles à présenter. Il y est arrivé dans la limite du temps imparti (autour du dix minutes). Pierre Desgraupes et Pierre Dumayet faisaient les interviews d’écrivains et Max-Pol présentait les livres. Il ne faisait jamais d’interview."

De 1964 à 1974, il est également auteur et producteur de Terre des arts, un programme dans lequel il parle de peinture. "Il était le seul maître à bord et a fait des émissions où il est allé parfois tourner très loin : en Inde, en Iran, en Égypte, au Mexique… C’est ce qu’on appellerait aujourd’hui les 'arts premiers'. L’archéologie est l’une de ses premières passions", relate Christian Limousin.

Une amitié avec Albert Camus

Pour le président de l’association, Christian Limousin, le moment le plus marquant de sa carrière est la chronique qu’il dédie à la mort d’Albert Camus, son ami de longue date . "Il pleure à l’antenne. C’est assez poignant. Ce passage est émouvant", témoigne Christian Limousin. C’est au lycée d'Alger, que le présentateur est devenu ami avec l'écrivain Albert Camus (1913-1960).
 

Pourtant, leur amitié se brouille lorsque Simone Hié, fiancée de Max-Pol Fouchet, épouse finalement Camus. Un moment qui sera toutefois passager. C’est dans une collection dirigée par son ami que Max-Pol Fouchet publie son premier livre : Simples sans vertu, un recueil de poésie, en 1937. Leur amitié est donc faite de désaccords, avec des opinions politiques différentes.

"Ils ont des positions divergentes quant à l’indépendance de l’Algérie. Max-Pol Fouchet n’est pas un vrai pied-noir alors que Camus l’est. Max-Pol est arrivé à Alger car son père a été gazé pendant la guerre de 1914-1918 alors on pensait que le climat du sud pouvait être bénéfique à sa santé. Fouchet est pour l’indépendance sans condition, Camus élabore tout un plan pour que l’Algérie continue, que les Européens et les Arabes vivent en bonne entente… C’est une position moins jusqu’au-boutiste que celle de Fouchet."

Un attachement à Vézelay

Son lien à la Bourgogne est tardif. En 1957, alors âgé de 44 ans, il est victime d’un accident de voiture en Afrique. Christian Limousin raconte la suite : "après son accident qui était assez important, il est venu en convalescence à Vézelay, chez une amie. Il cherche une maison et il y en a justement une de libre. Il restera dans cette maison de 1957 à 1980."

Le journaliste ne quittera donc pas cette maison de style médiéval jusqu'à sa mort. Elle lui servira de résidence secondaire, son logement principal étant à Paris. "Il se retire à Vézelay pour le calme, où il n’a pas de téléphone. Il a beaucoup écrit là-bas. Il a travaillé à ses émissions de radio, de télévision, ses interventions au festival d’Aix-en-Provence. Ses activités très diverses se font en partie à Vézelay." Il trouve dans ce village "un refuge, un havre de paix avec une maison très silencieuse, aux murs épais."

C’est aussi en Bourgogne qu’il décède, et plus précisément à l’hôpital d’Avallon (Yonne), le 22 août 1980, des suites d’une congestion cérébrale. À sa demande, sur sa tombe au cimetière de Vézelay sont inscrits ces mots : "il aima la liberté".

Diverses animations en l'honneur de Max-Pol Fouchet sont organisées à Vézelay, Saint-Brisson et à Avallon, où une exposition collective ouvrira ses portes vendredi 10 juillet.
 
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