Auxerre : 26 millions d'euros de déficit cumulé pour l'hôpital

L'hôpital d'Auxerre en grande difficulté. Cette année, il devrait accuser un budget en déficit de 7 millions d'euros. Depuis trois ans, les déficits et les dettes s'accumulent. Comment en est-on arrivé là ?

Depuis trois ans maintenant, le centre hospitalier d'Auxerre croule sous les dettes. Selon des documents internes que nous avons pu consulter, son déficit atteint aujourd'hui plus de 26 millions d'euros. L'établissement n'arrive plus à payer ses fournisseurs, même la facture de chauffage n'est toujours pas réglée.

Le directeur ne cherche pas à minimiser ces difficultés. "C'est un travail qui est difficile pour les personnels administratifs qui font face à des fournisseurs inquiets d'un délai de paiement qui est à 300 jours. Très loin des canons admis de 50 jours", admet Pascal Gouin.

Parmi les plus gros créanciers, on retrouve l'Établissement français du sang avec une ardoise proche de 1,3 million euros. Comment le plus gros centre hospitalier de l'Yonne a-t-il pu se retrouver dans une telle situation ? La principale raison est le recours aux intérimaires car l'hôpital manque de trente médecins.

Et il n'arrive pas à recruter. "L'intérim pour des médecins, c'est 1 200 euros pour 24 heures. Donc ça coûte cher à l'hôpital. Mais heureusement ils sont là, on a besoin d'eux", explique Gérald Defief, délégué syndical Force ouvrière au centre hospitalier d'Auxerre. "Il y a parfois des médecins un peu plus gourmands, voire indélicats, qui demandent beaucoup plus."
 


Rien que l'an dernier, les intérimaires ont coûté près de trois millions d'euros à l'hôpital d'Auxerre. Mais la direction n'a pas le choix : moins de médecins, c'est aussi moins d'activité et moins d'argent. Pour rééquilibrer ses comptes, l'hôpital va devoir réformer son organisation.

"Cela suppose avec les professionnels médecins notamment de revoir le périmètre de nos activités. On a fermé une partie de la chirurgie orthopédique pour justement engager le virage ambulatoire de façon beaucoup plus prononcée sur cette spécialité, précise le directeur de l'hôpital. On va engager sur les autres filières de soin une vraie réflexion notamment sur le gaspillage au bloc opératoire."

Une réorganisation qui a du mal à passer chez les personnels soignants. Car depuis la fermeture de la chirurgie orthopédique cet été, les patients admis dans cette spécialité se retrouvent dans d'autres services. "On n'a pas l'habitude. Ça fait douze ans que je travaille en chirurgie digestive. Les patients en orthopédie, je ne connais pas. Donc la manipulation n'est pas évidente", déplore Aude Rougegrez, aide-soignante. "C'est compliqué pour nous et sûrement pour les patients aussi. C'est eux qui subissent ce manque de formation."

Pour rembourser une partie de ses dettes, l'hôpital a demandé une aide exceptionnelle de cinq millions d'euros à l'Agence régionale de santé. Mais dans les prochaines semaines, l'établissement devra présenter un plan de retour à l'équilibre. Pour y arriver, la direction prévoit déjà de supprimer une centaine de postes d'ici quatre ans.

Les autorités de santé rendront leurs conclusions au mois de novembre. Des annonces à la fois très attendues et redoutées par le personnel, déterminé à sauver son hôpital.
 

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