Les lapins angora sont prisés dans l'industrie de la mode pour la confection de vêtement doux et chauds. Mais la récolte de leurs poils s'effectue dans des conditions que l'association One Voice dénonce. Elle appelle à la mobilisation à Auxerre, et dans douze autres villes, samedi.
L'association de protection des animaux One Voice se mobilisera samedi 5 décembre à Auxerre, place Charles Surugue de 10h à 12h, "pour sensibiliser le public" sur l'épilation à vif des lapins angora. Dans toute la France (Bordeaux, Charleville-Mézières, La Rochelle, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nice, Strasbourg, Toulouse, Tours, Troyes) l'association tentera de "faire entendre la voix des lapins angora", à dessein de faire interdire la pratique.
Un appel à ne pas prendre au figuré puisque les militants comptent diffuser les cris que les lapins angora pousseraient lorsqu'ils sont épilés, leurs poils sont utilisés dans la confection de vêtements doux et chauds.
Ces animaux peuvent produire jusqu'à 1 kilo de poils par an. La méthode pour les récolter est de les attacher par les pattes à une planche, de les étirer pour qu’ils ne puissent plus bouger, et leur arracher des poils par poignées. Le rasage, qui pourrait remplacer l'épilation, rendrait le poil récolté moins beau et n'est donc pas privilégié. Ils peuvent subir plusieurs épilations par an. "Une majorité de Français appelle de ses vœux que cesse la cruauté sur les animaux, d’autant plus quand elle a pour but la seule vanité. D’autres textiles existent pour avoir chaud l’hiver", assure One Voice dans un communiqué.
Voilà des images tournées par One Voice dans un élevage français en Loire-Atlantique, qui compte 80 lapins.
Hurlements en musique pour les lapins angoras de France from One Voice on Vimeo.
Contacté, l'éleveur pointé du doigt, Jean Clouet, également ancien président de l'Union technique des associations d'éleveurs de lapins angora francais (Utalaf), regrette que sur les heures que l'association a filmées à son insu, une courte séquence a été isolée.Il juge que les cris entendus sont dus à "la peur du lapin et pas à sa souffrance". C'est la première fois que cet animal était épilé et il aurait été donc particulièrement effrayé. Enfin si le lapin est attaché, c'est pour "lui éviter qu'il se blesse". Il se dit "dégouté" par les méthodes de l'association et a reçu des menaces des morts sur les réseaux sociaux après la diffusion de la vidéo.
"Cette épilation, en plus du stress qu'elle fait naître chez ces animaux, peut les tuer indirectement à cause du choc thermique. Leur peau est laissée nue sur une partie de leur corps", argumente Muriel Arnal, présidente fondatrice de One Voice.Depuis les années 1980, les éleveurs se sont remis en cause.
La législation française autorise la pratique. "Le ministère de l'Agriculture juge que les souffrances du lapin peuvent être réduites si l'éleveur lui fait manger du lagodendron. Cet aliment permettrait d’arracher les poils avec facilité mais c'est faux. Pour se justifier, le ministère se base sur une étude de l'INRA qui n'existe pas", raconte la militante qui demande "que cette pratique soit interdite". L'association a déposé plainte auprès de la Cour européenne de justice, après que le Conseil d’État a décidé de maintenir cette méthode.
En Chine, les lapins s'élèvent par miliers
Au contraire, l'éleveur Jean Clouet estime que le lagodendron est le bon procédé pour ne pas faire souffrir l'animal : "avant les années 80, les éleveurs tiraient sur le poil. Mais ils se sont remis en cause et l'aliment permet de le récolter facilement".En France, il n'existe plus qu'une trentaine d'élevage, aucun en Bourgogne. La plupart de l'angora utilisé provient de Chine. Là-bas, les lapins sont élevés dans des structures de plusieurs milliers de bêtes, dans des conditions dénoncées par l'association Peta. Ces dernières années, après avoir été alertées par plusieurs structures comme One Voice, plusieurs marques de la "fast fashion" comme H&M, Zara ou Asos, ont arrêté de commercialiser des vêtements faits en poils de lapins angora.