Une photographie embarrassante a été dévoilée, jeudi 14 avril, par un conseiller municipal d'opposition de la ville d'Auxerre (Yonne). Sur le tableau du bureau de la police municipale, des consignes laissent penser que les policiers pourraient être récompensés d'un panier gourmand pour déloger des "marginaux" réunis devant un magasin du centre-ville.
Des inscriptions choquantes. Jeudi 14 avril, Rémi Prou-Meline, un conseiller municipal d'opposition de la ville d'Auxerre (Yonne) a dévoilé deux photographies prises dans les locaux de la police municipale. Sur le tableau blanc du bureau figurent les consignes suivantes :
"Challenge Marginaux, si plus aucun devant Monoprix au 30 avril, pour chaque agent : 1 sachet de Meringues Maisons, 1 repas cohésion offert, 1 bon cadeau le Point Gourmand, 1 coffret gourmand personnalisé."
Le Monoprix en question est celui de la place Charles-Surugue, connue aussi comme la place Cadet-Rousselle, dans le centre-ville d'Auxerre. Un commerce devant lequel se réunissent souvent des sans-abris, faisant appel à la générosité des passants. Bousculant parfois ce que l'on appelle communément la tranquillité publique.
Pour Rémi Prou-Méline, impensable cependant de laisser passer une telle affaire, "qui contrevient à la fois à la loi, réprimant toute discrimination entre les citoyens de par leurs conditions sociales, mais aussi au code de déontologie (l'article R515.7 du code de sécurité intérieur) des agents de police municipaux".
Il a par ailleurs signalé l'affaire au Procureur de la République d'Auxerre et au préfet de l'Yonne. "Nous n'avons pas encore eu de retour, mais ça viendra très prochainement", assure l'élu.
Aujourd'hui, c'est ça. Et après ? Jusqu'où ça va ?
Rémi Prou-Meline, conseiller municipal d'Auxerre
Les photographies ont depuis été repartagées sur les réseaux sociaux par d'autres conseillers municipaux. L'auteur des clichés souhaite quant à lui rester anonyme.
"C'est complètement choquant", abonde Mathieu Debain, un autre conseiller municipal d'opposition. "Ce n'est pas comme ça qu'on traite ce genre de problèmes, c'est totalement discriminatoire."
"La question que l'on se pose, c'est qui est à l'origine de cette initiative", ajoute-t-il. "Si c'est la mairie, ça pose problème. Si c'est l'enseigne, c'est encore pire, car ça serait de la corruption. Mais pour le moment, on ne sait pas, je reste prudent et dans l'hypothèse."
Contacté, le maire d'Auxerre (LR) Crescent Marault a indiqué ne posséder "aucune information sur ce sujet" et avoir l'intention de "laisser faire la justice, puisque le Procureur a été saisi".