Les personnels des Ehpad de toute la France sont appelés à faire grève mardi 30 janvier 2018. Ils se disent "à bout" et demandent davantage de moyens pour exercer convenablement leur métier. C'est le cas notamment à Auxerre, dans l'Yonne.
"La maltraitance imposée par les financeurs, ce n’est plus possible" déclare Magali Hollander, aide-soignante à la maison de retraite départementale de l’Yonne.
En 2017, l’établissement a perdu 12 équivalents temps plein. On compte aujourd’hui 5 soignants et une infirmière le matin pour 83 résidants. "C’est inadmissible, on n’a quasiment pas de temps", estime Philippe Jacquemard, cadre de santé.
"Il faut savoir prendre en charge nos aînés avec dignité, c’est ce qu’on nous apprend dans les écoles, la bientraitance, le respect des aînés et aujourd’hui, on n’y arrive plus, on court contre la montre. Ce n’est pas comme ça qu’on veut travailler", ajoute Magali Hollander.
Ce mouvement a été lancé dans toute la France à l’appel de plusieurs syndicats (CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC, CFE-CGC et SUD). Cette grève est soutenue par l'association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) et des associations de retraités.
Le reportage de Sébastien Kerroux, Claude Heudes et Cécile Frèrebeau
Intervenants :
-Magali Hollander, aide-soignante à la maison de retraite départementale de l’Yonne
-Philippe Jacquemard, cadre de Santé à la maison de retraite départementale de l’Yonne
-Jean-Pierre Quillot, résident de 80 ans
Je comprends l'épuisement des personnels
La colère "est justifiée" dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et "je comprends l'épuisement des personnels", a déclaré Agnès Buzyn, la ministre de la Santé.
Ces dernières années, "les besoins en personnel ont augmenté sans que forcément les financements suivent", concède la ministre. Les personnes âgées qui arrivent en Ehpad sont de plus en plus dépendantes en raison du développement du maintien à domicile.
Pour 2018, "beaucoup plus d'argent est prévu", assure Agnès Buzyn, qui évoque "100 millions d'euros supplémentaires" prévus par le budget de la Sécurité sociale, auxquels elle a "rajouté" la semaine dernière 50 millions d'euros pour les établissements en difficulté. "C'est déjà énormément d'argent", dit-elle en rejetant l'idée d'aller au-delà.