Opération spectaculaire ce mardi 15 décembre dans le centre-ville d'Auxerre, dans l'Yonne. Les trois cloches de l'emblématique Tour de l'Horloge, actuellement en travaux, ont été extraites à l'aide d'une grue. Une opération unique mais surtout très périlleuse.
L’image est spectaculaire, impressionnante, celle d’une cloche d’1,5 tonne suspendue dans le vide à une dizaine de mètres au-dessus du sol et ce en plein coeur du centre ville d'Auxerre. Les trois cloches d'un des monuments emblématiques d'Auxerre sont extraites pour première fois dans le but d'être restaurées.
Aux abords de la place du Maréchal Leclerc, où se déroulent les opérations, une petite foule de curieux s'est constituée, entre élus, personnels de mairie et habitants. Certains sont venus immortaliser le moment avec leur smartphone. "Je suis étonné de l’état de conservation. Je la trouve en assez bon état", témoigne une habitante. Pour Maxime, habitant d'Auxerre, "de la voir sortir, c’est assez impressionnant. On peut tirer le chapeau aux équipes techniques."
Si elle tombait, ce serait destructeur pour la place et pour toutes les personnes qui se trouvent autour, c’est là le gros danger."
Cette opération unique et périlleuse mobilise une dizaine de techniciens mais surtout une grue imposante. "Si elle tombait, ce serait destructeur pour la place et pour toutes les personnes qui se trouvent autour, c’est là le gros danger", explique Nicolas Ceschin, conducteur des opérations. "Les gens qui s’occupent de la manutention vont apporter un soin pour éviter que cela se produise. Il y avait deux grosses problématiques, la tenue de l’édifice le temps de couper et sortir la cloche, et la descente de la cloche."
Les cloches de la Tour de l'Horloge vont être transportées vers une fonderie en Autriche pour y être restaurées pendant plusieurs mois. Leur retour n'est pas prévu avant le printemps et la période des fêtes de Pâques. A leur retour, les Auxerrois pourront de nouveau entendre le son des cloches après des années de silence.
Une des cloches, la grosse cloche datant du 15ème siècle est fracturée donc elle a perdu son son."
Datant de 1483, la grande cloche de la Tour de l'Horloge, qui n'a plus sonné depuis longtemps, aurait le même son que celle de l'horloge du Palais de la Cité à Paris
"Une des cloches, la grosse cloche du 15 ème siècle est fracturée donc elle a perdu son son", explique Bruno Decaris, architecte en chef des monuments historiques. "On a donc profité de cette opération de restauration de charpente et de couverture pour la restaurer. Une fois que ce que sera fait, elle retrouvera son son."
Les travaux ont débuté fin juin 2020
Ce vaste programme de restauration du monument a débuté en juin 2020. Ces travaux devraient durer jusqu’en 2022 avec notamment la restauration de la charpente, de la flèche et la réparation de l’horlogerie.
La charpente doit être renforcée car le mélange bois et plomb menace la structure. Tout comme les cloches, les dorures de la flèche et du cadran vont être restaurées.
Le chantier est énorme. Il s'annonce long et son coût est estimé à 2,6 millions d'euros. La Direction régionale des affaires culturelles, la région, la mairie et d'autres mécènes financent une large partie des travaux.
500 ans d'histoire
C'est plus de 500 ans de patrimoine historique qui sont au cœur de cette opération de restauration qui va s'étaler sur les deux prochaines années. C'est au 15ème siècle que le comte d'Auxerre accorda à la Ville le droit de posséder une horloge et un beffroi.
La tour fut construite sur le soubassement carré d'une ancienne porte de la cité gallo-romaine, vestige des fondations du castrum. Le beffroi et l'horloge symbolisaient les libertés communales. L'horloge fut installée en 1483. Auparavant cette tour servait de prison. Au fil des siècles, le tour connaît des travaux d'entretien réguliers et continue d'assurer sa fonction d'horloge de la Ville.
Le 28 septembre 1825, un incendie se déclare lors des travaux de réparation de la flèche et celle-ci s'effondre. La tour de l'horloge est alors reconstruite partiellement et à moindre coût. Sa destruction sera même envisagée. Mais protégée par son inscription au titre des monuments historiques, elle est reconstruite en 1890 à l'identique.