Christophe (un nom d'emprunt), 26 ans, vivait encore il y a quelques semaines dans la rue, à Auxerre. Aujourd'hui, avec l'aide des bénévoles appartenant au groupe Facebook "Identifier les SDF", il a pu rebondir et retrouver un toit et même un emploi en l'espace de quelques jours.
Il y a un mois, Christophe (nom d'emprunt) avait tout perdu. A seulement 26 ans, il se retrouve pendant plusieurs semaines à la rue sans aucune ressource, ni endroit pour dormir. "J'étais hébergé chez un ami à Auxerre avec qui je me suis pris la tête et je n'avais nulle part où dormir".
Le jeune homme appelle plusieurs fois le 115 pour trouver un hébergement d'urgence. "Ils m'envoyaient à Tonnerre ou à Migennes. Mais sans argent, et sans moyen de transport, prendre des amendes, ce n'est pas tip top non plus." Christophe choisit de donc de rester sur Auxerre. Pendant presque un mois, chaque nuit, il essaie de trouver un coin au chaud pour dormir la nuit. "Je dormais dans des halls de bâtiment, dans des halls d’escalier pour être tranquille et que je puisse dormir au chaud."
Une nuit aux urgences qui va tout changer
Jusqu'au jour où il décide de dormir deux nuits aux urgences du centre hospitalier d'Auxerre. Ex-brancardier, il connaît bien l'établissement pour y avoir travaillé. "J'ai perdu mon travail parce qu'ils n'ont pas renouvelé mon contrat. Après ça le dernier emploi que j'avais eu, c'était dans les vignes à Chablis". La perte de son travail marque le début d'une lente descente aux enfers. "J'étais démoralisé, je ne savais pas quoi faire, j'étais perdu."
Au fond du trou, c'est aux urgences qu'il va trouver de l'aide. Lors de sa deuxième nuit aux urgences, une ex-collège de travail le remarque et décide de prendre ses coordonnées pour les transmettre à Abdelaziz Hajji. Brancardier depuis 2005 à Auxerre, Abdelaziz est membre du collectif né sur Facebook "Identifiez les Sdf", un groupe de bénévole qui depuis 2017, apporte une aide alimentaire et vestimentaire aux sans-abris sur l'Auxerrois.
"Un soir, il y a une infirmière que je connais qui m’a fait un signalement. Elle me décrit Christophe qui déambule au niveau des brancards. Il ne se trouvait pas dans son état normal et semblait totalement perdu", décrit le bénévole. Abdelaziz décide de contacter directement le jeune homme pour "voir ses besoins, ce qu’il en était. Ensuite, le soir même, on lui a donné rendez-vous pour lui apporter des repas."
Un appartement pris en charge par un bénévole
A ce moment-là, tout s'enclenche et la chaîne de solidarité se met en place. Abdelaziz est contacté par un bénévole du collectif qui travaille lui aussi dans le secteur de la santé. "Il me dit qu'il a vu sur la page Facebook ce qui s’est passé pour ce jeune homme et qu'il souhaite réfléchir à ce qu’on pourrait faire de bien pour lui."
Une demi-heure plus tard, la personne le rappelle et lui annonce qu'il a trouvé un logement pour Christophe et qu'il souhaite prendre en charge le loyer pendant six mois, charges comprises. "Je n’ai jamais vu ça de ma vie. Je n’y croyais pas," témoigne Abdelaziz. De son côté, Christophe n'y croit pas non plus. "Sincèrement, je ne pensais pas qu’il y avait encore des gens humains avec un coeur comme ça. Je ne m’attendais pas du tout à ce genre de réaction là", témoigne le jeune homme.
Dès le lendemain, un rendez-vous est fixé pour signer les papiers et récupéré les clés de l'appartement. "On est parti pour signer pour un appartement meublé avec une chambre, et même un lave-linge", précise Abdelaziz. "Il n'avait plus qu’à poser le peu d’affaires qu’il avait."
Un travail décroché en trois jours
Mais la belle histoire ne s'arrête pas là. Motivé, Christophe, avec l'aide d'Abdelaziz se met en quête d'un travail. "De fil en aiguille, Abdel m’a demandé si j’avais des CV. J’en ai refait. Ensuite, il fait jouer ses contacts".
Une nouvelle chaîne de solidarité se met alors en place. En quelques heures, les CV arrivent dans les mains d'un chef d'entreprise et d'une cadre de santé. Trois jours après, Christophe décroche un entretien d'embauche.
Je ne les remercierai jamais assez pour ce qu’ils ont fait pour moi en si peu de temps.
Christophe réussit son entretien et décroche un contrat comme veilleur de nuit dans un Ehpad de l'Auxerrois. "Un soulagement" pour le jeune homme qui n'arrive toujours pas aujourd'hui à croire ce qu'il lui arrive. "Je les remercierai jamais assez pour ce qu’ils ont fait pour moi en si peu de temps", déclare aujourd'hui Christophe.
Grâce une nouvelle chaîne de solidarité avec l'aide d'Abdelaziz et de son collectif, il a pu trouver un toit et un travail en l'espace de quelques jours. "C’est merveilleux de pouvoir aider un jeune très très motivé qui n’avait pas les moyens pour manger, s’habiller."
Le droit à une nouvelle chance
Aujourd'hui, s'il se dit heureux, il espère conserver son travail pour mettre de l'argent de côté et passer son permis. "Pour l’instant tout va bien. J’ai pas mal d’échos positifs. Je suis content. Je ne peux pas faire mieux que de garder cette ligne droite." Si tout va bien, son contrat de veilleur de nuit devrait être renouvelé jusqu'à fin mars.