Vente du camping municipal d’Auxerre à l’AJA : pourquoi une élue écologiste a-t-elle saisi la justice ?

Florence Loury, conseillère municipale EELV à la Ville d’Auxerre (Yonne), intente deux recours en justice suite à la vente du camping municipal à l’AJA. Elle dénonce une décision "précipitée" et "préjudiciable". Le maire s’en défend.

La vente ne passe pas. Une conseillère municipale écologiste d’Auxerre, Florence Loury, s’oppose à la cession du camping municipal à l’AJA, actée le 21 décembre dernier en conseil municipal.

L’élue a déposé deux requêtes, ce mardi 20 février, auprès du tribunal administratif. Elle estime cette délibération "précipitée" et "préjudiciable" pour les Auxerrois. 

Le maire (LR) d’Auxerre, Crescent Marault, qualifie quant à lui ces recours d’"obstruction démocratique" : "L’opposition utilise tous les outils juridiques et médiatiques pour essayer de créer une polémique et faire avorter le projet. A partir du moment ou une instance élue démocratiquement vote majoritairement, je ne vois pas comment on peut le contester".

 

De quoi parle-t-on ?

La vente de la mairie d’Auxerre à l’AJA concerne deux parcelles, d’une superficie totale de 4 hectares. La première constitue l’actuel camping municipal. La seconde, un terrain voisin, qui sert de zone de stationnement.

Ces parcelles jouxtent le stade de l’Abbé-Deschamps.

Dans la délibération du conseil municipal du 21 décembre, il est précisé que "l’AJA souhaite acquérir ces parcelles dans le cadre de la restructuration de leur site : aménagement de parking, constructions destinées à un usage commercial, boutique officielle du club et billetterie ainsi que la mise en place d’équipements sportifs avec la relocalisation de l’AJA Tennis et l’AJA boules, notamment."

Des travaux sont donc à prévoir pour mettre le stade aux normes et accueillir les spectateurs.

La préservation de la biodiversité en question pour les élus écologistes

Si l’élue écologiste s’oppose à ce projet, c’est d’abord parce de nombreux arbres, d’espèces variées, prospèrent dans le camping. "On n’a pour l’instant pas de projet détaillé des travaux. Rien ne peut nous garantir que les arbres ne vont pas disparaitre. C’est aussi une zone perméable qui permet de rafraîchir la ville en été. On n’est pas rassurés", confie Florence Loury.

Le maire, lui, balaye cet argument : "On n’est pas des ayatollah. Si on peut préserver un maximum d’arbres, on le fera. On a planté 1 400 arbres sur l’Auxerrois depuis le début de la mandature. On prend nos responsabilités, vraiment".

Prix de vente : 308 000 €. Pas assez ?

Autre point de crispation : celui du prix de vente. La mairie cède le terrain à l’AJ Auxerre pour 308 000 €. Une somme largement sous-estimée par les expertises, selon l’élue écologiste : "Sur l’Auxerrois, les prix sont entre 74/m2 jusqu’à 200/m2. Là, c’est vendu 7/m2". Selon Florence Loury, les parcelles auraient pu être vendues aux alentours de 4 millions d’euros. Conséquence : "Le contribuable est lésé".

Pour Crescent Marault, cette position n’est pas crédible. "Ils [l’opposition, ndlr] ont fait un recours au tribunal administratif dans un autre projet parce qu’on n’aurait pas vendu au prix estimé. Là, on vend dans la fourchette haute des estimations ! Ça ne peut pas être à géométrie variable."

 

Un cadeau de la Ville à l’AJA ?

En toile de fond, enfin, l’AJA. Si le projet d’agrandissement est dans les tuyaux depuis plusieurs années, Florence Loury accuse la mairie de céder. "L’intérêt pressant, c’est celui de l’AJA, pas celui de la Ville. La Ville est perdante dans cette vente. Je n’ai absolument rien contre l’AJA, mais c’est elle qui commande ici. La maire cède à la pression."

Une place prépondérante à Auxerre, totalement justifiée pour le maire. Lui estime que la Ville doit soutenir le club "pour le pérenniser en Ligue 1. Comment ne pas tenir compte de leurs besoins ?"

 

Quand les travaux débuteront-ils ?

Pour l’heure, aucune date n’est annoncée. La vente, qui vient d’être autorisée, n’en est qu’à ses prémices. "Il y a tout un processus avant de construire, il faut les permis, les expertises, les délais d’instruction. Donc pas de travaux avant au moins plusieurs mois", assure le maire.

 

Le camping municipal sera-t-il remplacé ?

Aucune piste n’a encore été évoquée. Crescent Marault assure que des recherches sont en cours pour trouver un nouvel emplacement. Un travail avec des "partenaires privés" va être engagé.

Florence Loury, elle, craint les coûts engendrés par la construction d’un nouveau camping. Elle souligne également que l’actuel camping municipal "était rentable, souvent plein, et accueillait tous types de personnes. Il avait une grande utilité sociale".

Quant au maire, il qualifie le camping d’ "absolument pas dynamique", "ne répondant plus aux standards", et "coûtant environ 100 000 euros par an".  

La requête en référé suspensif sera étudiée en audience le 6 mars par le tribunal administratif. Les associations écologistes qui dénonçaient le projet, elles, n’ont rien intenté à ce jour.

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