Yonne : les premiers trains à hydrogène français bientôt sur les rails entre Auxerre et Laroche-Migennes

Une première commande de trains à hydrogène par la région Bourgogne Franche-Comté est officialisée ce vendredi 5 mars à Auxerre, en présence du ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari. Quelles lignes sont concernées ? Comment cela marche ? Quels coûts pour la région ?

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Le train à hydrogène français vient de conna^tre un coup d'accélrérateur et c'est dans le département de l'Yonne que cela se passe. A l'horizon 2024-2025, les Icaunais auront la chance de pouvoir embarquer dans le premier train à hydrogène français.

Lors d'une présentation de l'écosystème territorial hydrogène de l'Auxerrois, organisée ce matin à Auxerre, la région Bourgogne Franche-Comté a officialisé la signature d’un bon de commande pour l’achat auprès d’Alstom de trois TER à hydrogène.

Cette commande s’inscrit dans le cadre de la création du "premier écosystème en France autour de l’hydrogène", a précisé à l’AFP le premier vice-président chargé des Transports de la région Bourgogne Franche-Comté, Michel Neugnot.

Quand est-ce que les trains entreront en circulation ? 

Ce projet est l'aboutissement d’un travail engagé en 2018, mené en partenariat avec les équipes SNCF. Les premiers essais des TER à hydrogène sont prévus "pour 2022-2023" selon Michel Neugnot. En Bourgogne Franche-Comté, ces trains seront dans un premier temps destinés à rouler entre Auxerre, Laroche-Migennes et le Morvan. "Les rames circuleront pleinement en 2024 entre Auxerre et Laroche-Migennes" a déclaré ce matin Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne Franche-Comté. 

Les trois rames TER  circuleront notamment sur les lignes Avallon-Auxerre et Corbigny-Auxerre. "La ligne où la pile à combustible va être utilisée, c’est une ligne non électrifiée avec d’un côté la ligne Corbigny-Clamecy-Cravant-Auxerre et la ligne Avallon-Cravant-Auxerre" précise Michel Neugnot. "Mais ces trains ont vocation de circuler à partir de Auxerre-Laroche sur le réseau électrifié en direction de Dijon."

L’arrivée des trains à hydrogène vise à remplacer les locomotives et les automoteurs TER diesel circulant sur les parties non électrifiées du réseau. "La moitié des lignes française ne sont pas électrifiées" précise Henri Poupart Lafarge, PDG d’Alstom. "Il nous appartient à tous de trouver une solution pour toutes ces lignes. Notre conviction est de trouver une façon d'embarquer une énergie propre dans nos trains."

Comment fonctionne le train à hydrogène ?

Cette technologie consiste à remplacer les classiques moteurs diesels par des piles à combustible et des réservoirs d’hydrogène pour une traction sans émission de gaz à effet de serre. "L'originalité de ce train par rapport à ceux développés en Allemagne, c’est une très grande capacité et qu'ils fonctionnent sur une ligne électrifiée et fonctionne à l’hydrogène quand on n’est plus électrifié", explique Michel Neugnot

L’hydrogène stocké dans les réservoirs est mélangé à l’oxygène présent dans l’air ambiant dans la pile à combustible située en toiture du train pour obtenir de l’électricité. Par ce mélange, la pile produit l’électricité nécessaire à la traction de la rame. Électricité stockée ensuite dans les batteries et utilisée pour la traction du train. Garantis "à zéro émission", les transports à hydrogène émettent uniquement de la vapeur d’eau et de l’eau condensée.

Conçu et fabriqué par Alstom, ce futur train régional Coradia Polyvalent bi-mode hydrogène peut atteindre une vitesse maximale de 160 km/h et transporter jusqu’à 220 passagers pour une autonomie comprise entre 400 et 600 km. "Pour les passagers, c'est une expérience nouvelle. Dans un train à hydrogène, on a une impression de calme, de sérénité. Il n’y aucun bruit et aucune vibration contrairement aux trains diesel", explique Henri Poupart Lafarge.

Un centre de production d'hydrogène à Auxerre

Un centre de production d’hydrogène, installé à Auxerre, alimentera en effet "non seulement le train à hydrogène, mais également des bus, des bennes à ordure et possiblement du transport par voie d’eau et des entreprises locales faisant du fret" a ajouté Michel Neugnot. "On est dans la pluridisciplinarité" qui va de la production d’hydrogène aux transports, en passant par l’industriel, a-t-il souligné. 

Les travaux de la station de production d’hydrogène doivent démarrer "cette année". Elle devrait voir le jour avenue de la Turgotine, sur la friche des anciens dépôts Shell.

Près de 52 millions d'euros d'investissements

La région Bourgogne Franche-Comté va investir 51,9 millions d'euros dans la commande de ces trois rames de TER à hydrogène. "Nous allons financer ces 52 millions grâce au plan d'accélération lié à l’investissement, correspondant au plan de relance de l’Etat" a expliqué Marie-Guite Dufay. "Notre plan d’accélération, il est de 400 millions d’euros. La moitié de cet investissement est consacré à la transition énergétique."

Labélisée Territoire hydrogène depuis 2016, la Région a pour ambition de relever le défi de la transition écologique et énergétique. C’est pourquoi, elle accompagne l’ensemble des territoires qui ont pour ambition de développer cette technologie. Elle équipera des trains mais aussi des bus. 

Le conseil régional engage 100 millions d’euros pour soutenir plusieurs projets, dont l'écosystème à Auxerre avec un système complet de transport public 100% énergies renouvelables à base d'hydrogène. 

La mise en service des bus à hydrogène (cinq à terme) est prévue pour "la fin de l’année" selon Michel Neugnot. 

Par ailleurs, Crescent Marault, maire (LR) d'Auxerre et président de la communauté d'agglomération de l'Auxerrois, a annoncé ce matin lors de la présentation du projet que le projet hydrogène Auxerrois est retenu par l'Agence de la transition écologique (ADEME). 

Un marché qui commence à frémir en France et en Europe

A la grande joie d’Alstom, le marché de l’hydrogène ferroviaire européen et mondial commence à frémir. Outre les pays germaniques, où le service commercial proprement dit commencera en 2022, avec une quarantaine de trains déjà commandés, Alstom a signé une commande en Italie (Lombardie) pour huit trains, dont deux en option, avec un objectif de circulation commerciale en 2023. 

En France, quatre régions qui se sont déjà déclarées prêtes à expérimenter le train à hydrogène (Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Occitanie). la Bourgogne-Franche-Comté est "la seule à avoir un écosystème territorial complet", fait valoir Michel Neugnot. Au total, 12 rames de TER devraient être commandées auprès d'Alstom représentant un investissement cumulé de 300 millions d’euros. Mais d'autres régions pourraient être intéressées par cette technologie comme cet appel du pied lancé sur Twitter par l'ex-ministre socialiste Séphane Le Foll. 

 

En octobre, le ministre Jean-Baptiste Djebbari a débloqué des fonds supplémentaires de quatre millions d'euros par région partenaire de manière à accélérer et boucler le premier tour d'expérimentation sur le train à hydrogène que doivent mener Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Occitanie. 

"On a possibilité en France d’être un grand leader mondial de l’hydrogène" a déclaré sur notre antenne le ministre délégué aux transports. "On fait à peu près tout dans la chaîne de valeurs. On produit des électrolyseurs et on a des gros usagers possibles d'hydrogène. C’est le cas des trains, c'est le cas des bus, c'est le cas des cars."

En septembre dernier, le gouvernement avait annoncé un plan de sept milliards d'euros d'ici à 2030 pour faire du pays un grand acteur de l'hydrogène.

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