Victor Costa, habitant de l'Yonne, est remonté comme beaucoup de membres de la convention citoyenne. Il sera présent à la rencontre organisée avec Emmanuel Macron ce lundi 14 décembre au Conseil économique, social et environnemental. Il attend des engagements clairs du chef de l'Etat.
Depuis plus d'un an, les participants à la convention citoyenne pour le climat travaillent à l'élaboration d'un projet de loi climat. Beaucoup font part de leur frustration de voir leurs propositions vidées de leur substance et certains ont peu apprécié les déclarations du président lors de son entretien à Brut. Le chef de l'Etat a notamment déclaré durant cette interview "je ne veux pas dire que parce que les 150 citoyens ont écrit un truc, c’est la Bible ou le Coran".
Parmi eux, l'Icaunais Victor Costa. Membre de la convention citoyenne, il sera présent ce lundi face au président de la République Emmanuel Macron lors d'une rencontre organisée à 17h au Conseil économique, social et environnemental.
En #direct du point d'étape ??
— Convention Citoyenne pour le Climat (@Conv_Citoyenne) December 14, 2020
Suivez en direct la rencontre entre @EmmanuelMacron et les membres de la #ConventionCitoyenne pour le #climat à partir de 17h00 sur @Conv_Citoyenne ?? pic.twitter.com/poCamB81FM
La discussion entre les membres de la Convention climat et le Président s'annonce animée. Comme Victor Costa, les citoyens venus de toute la France devraient découvrir les nouveaux arbitrages du futur projet de loi climat, issue en partie des 149 propositions des 150 citoyens de la Convention citoyenne pour le climat.
Avez-vous des attentes particulières concernant cette rencontre avec le chef de l'Etat ce soir ?
On est un peu tous sur le même état d'esprit. On est bien remonté donc je pense qu'il va avoir du répondant devant lui. Moi, je défends surtout la modification de la constitution qui passerait par référendum. On va voir s'il nous donne une réponse aujourd'hui. J'attends une réponse claire ce soir car s'il nous sort encore qu'il va y réfléchir, c'est encore du pipeau. Et on aura compris que son but est électoral et pas écologique.
Quand vous dites "remonté", cela a un rapport avec l'entretien donné à Brut ?
Par rapport à ce qui a été dit, c'est un message négatif qui a été envoyé. L'histoire de la Bible et l'activiste en parlant de Cyril Dion. On attend des explications parce que ce n'est pas très correct de nous commander un travail et de faire de la communication comme ça. C'est négatif. Nous, on a fourni un travail. Maintenant, on attend qu'il prenne ses responsabilités et qu'il y ait du "sans filtre" comme c'était prévu. A lui de faire le reste du boulot et de tenir ses engagements.
Pensez-vous que le président fera des annonces fortes dès ce soir ?
J'espère qu'aujourd'hui, il va faire des annonces fortes. En tout cas, je vais lui poser la question concernant la tenue du référendum puisque là ils ont eu largement le temps d'étudier le texte. Après, c'est juste une question de volonté. Est-ce qu'ils veulent le faire ou pas ? J'espère que j'aurai ma réponse aujourd'hui.
Il y a un manque d'engagement du président.
Le gouvernement a retenu 146 propositions ? Avez-vous la crainte qu'elles soient modifiées ?
Mais s'il fallait les modifier, c'était le job des parlementaires. Le deal c'était ça. Là on s'aperçoit que c'est le gouvernement notamment Bruno Le Maire qui a mis son veto sur pas mal de textes comme la taxe sur les voitures lourdes. On avait placé le seuil à 1400 kilos, ils l'ont passé à 1800. C'est là qu'on n'est pas d'accord. Il y a un manque d'engagement du président.
Vous avez été sous le feu des critiques et beaucoup ont mis en cause le sérieux de vos propositions ? Comment les avez-vous reçues ?
On encaisse pas mal de critiques. On l'accepte, il n'y a pas de problèmes mais on ne fait pas ça pour rien. Je vois plein d'intervenants sur les plateaux télévisés qui font croire que les membres de la convention ne sont pas choisis par hasard et surtout ne sont pas compétents. On a été choisi au hasard et on est compétent car cela fait plus d'un an qu'on bosse dessus. On peut juste ne pas laisser dire ça.
Il faut vraiment une prise de conscience totale et il faut que l'on aille vers du concret.
Cette rencontre intervient 5 ans après l'accord sur le climat de Paris. Cette réunion ce soir pourrait permettre à la France de passer à la vitesse supérieure ?
L'Organisation des Nations Unies a déclaré un état d'urgence climatique. Il faut vraiment une prise de conscience totale et il faut que l'on aille vers du concret. Le mal est fait, ça, on le sait. Mais on peut quand même tenter de le limiter. C'est ce qu'on a essayé de faire à travers les textes. On aurait pu être plus ambitieux mais on s'est limité. C'est maintenant à Emmanuel Macron de tenir sa parole.
Vous demandez maintenant au chef de l'Etat d'être ambitieux ?
Ce n'est pas juste être ambitieux mais de respecter ses engagements. On remet les néonicotinoïdes en route. On ne va pas dans le bon sens. A croire que ce gouvernement s'en fout de l'écologie. C'est encore un coup de comm. On ne se laissera pas faire. On n'a pas fait ce boulot là pour rien et on va le faire savoir.
Est-ce que le coronavirus a changé la donne ?
Un peu oui mais la crise climatique est toujours là. Elle s'amplifie. Il y a plusieurs problèmes à régler. Dans cette histoire, il y aura des perdants et des gagnants mais si on ne fait rien, d'ici quelques années, ce sera dix fois pire. La covid à côté, ce n'est rien du tout. On ne peut pas se dire qu'en raison du covid on va faire moins d'écologie, ce n'est pas possible.
Certains membres de la convention citoyenne n'ont pas souhaité assister à cette réunion à l'image de Dominique Cortot, basée en Côte-d'Or. Elle nous a expliqué son choix en ces termes. "J'attends de voir le résultat de ce soir. De toute façon le gouvernement fait comme il l'entend. Le peuple obéit. Point barre."
Le débat parlementaire sur le projet de loi climat, issue en partie des préconisations des 150 citoyens de la Convention climat, aura lieu après la présentation du texte complet en Conseil des ministres, fin janvier.