Dans un courrier daté du 27 Février 2024, la CFDT alerte le président du SDIS sur le manque de sapeurs-pompiers dans les casernes. Cette situation illustre, selon le syndicat, l'effondrement du service public.
La CFDT alerte sur la situation du Service Départemental d'Incendie et de Secours de l'Yonne. Dans un courrier remis au président du conseil d'administration, elle dénonce le manque d'effectifs pour pouvoir assurer ses missions sereinement.
"Le préfet, garant de la protection de la population, est-il informé du non-respect des règlements en vigueur pour l'engagement des secours ? Les maires savent-ils que l'augmentation de leurs contributions correspond à une moins bonne qualité du service public ?", s'émeut le syndicat.
Un des exemples les plus marquants est le départ pour feu d'habitation sur la commune de Joigny, le 11 février 2024. "Tous les engins ont été non complets sans être renforcés : le Fourgon-Pompe Tonne à 5 sapeurs-pompiers au lieu de 6, le véhicule de secours et assistance aux victimes à 2 au lieu de 3 et l'échelle pivotante semi-automatique à 1 au lieu de 2".
Une situation inadmissible pour le secrétaire de section CFDT du SDIS 89, Vincent Debelle-Duplan. En 2023, il y a eu une baisse de 15 pompiers professionnels pour le même nombre d’interventions. "On demande que les engins partent sur les interventions à effectif complet comme le stipule le règlement ". Le président du SDIS 89, Christophe Bonnefond, conteste la situation et précise que ce jour-là, 300 pompiers étaient mobilisables. Ce chiffre est remis en doute par les syndicats.
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Un nouveau règlement opérationnel contesté
Tout débute par la constitution d'un nouveau règlement opérationnel. Ce document définit les effectifs dans les centres et la manière dont ils s'organisent pour répondre aux besoins. Les syndicats ont voté contre ce projet. L'idée est de transférer des gardes dans des "zones blanches" où les volontaires ne sont pas assez nombreux, notamment en Puisaye, à Chablis, Tonnerre ou Pont-sur-Yonne. "On sait qu’il y a moins de pompiers volontaires en journée, on va nous demander de faire autant de choses mais avec moins de pompiers professionnels, ce n’est pas cohérent. On est d’accord pour faire des gardes là où il y a un déficit de volontaires mais en restant à effectif constant" commente Vincent Debelle-Duplan.
On assiste à l’effondrement du service public. En faisant ça, on sait qu’on va droit dans le mur
John Lesidaner, président du SNSPP
Même analyse pour John Lesidaner, président du syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels et des personnels administratifs techniques et spécialisés des SDIS (SNSPP-PATS) de l'Yonne. "Avec ce nouveau règlement opérationnel, on assiste à l’effondrement du service public. En faisant ça, on sait qu’on va droit dans le mur". La décision de ce nouveau règlement semble quasiment actée. Pour le SNSPP, il n'est pas concevable de baisser le nombre de pompiers professionnels alors que le nombre de pompiers volontaires disponibles est en baisse depuis quelques années.
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"Nous ne sommes ni sous-dotés, ni sous-dimensionnés"
Les effectifs sont en adéquation avec ses objectifs pour le président du SDIS 89, Christophe Bonnefond. " Nous ne sommes ni sous-dotés, ni sous-dimensionnés. Le principe, c’est de répartir l’ensemble des secours à l’échelle départementale pour être capable de réagir vite et bien ".
Pour les 17 000 interventions annuelles, on compte 220 pompiers professionnels. À ceux-là s'ajoutent 1400 pompiers volontaires départementaux et 400 pompiers communaux. "À titre d'exemple, pour le même nombre d'intervention dans la Nièvre, il y a 156 pompiers professionnels", souligne Christophe Bonnefond. "Aujourd’hui, la sécurité des Iconais, c’est notre quotidien. On fait en sorte de faire le mieux possible en ayant une maîtrise de l’argent public".