Procès pour harcèlement : les deux gendarmes de Joigny condamnés à de la prison avec sursis

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné mardi 12 avril 2016 deux gendarmes de Joigny, dans l'Yonne, à des peines de huit et six mois de prison avec sursis pour avoir harcelé une jeune collègue, avec en plus, pour l'un d'eux, une interdiction définitive d'exercer.

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L'adjudant Julien G., le plus gradé, a écopé de la peine la plus lourde, huit mois avec sursis, et 2.500 euros de dommages et intérêts, mais sans interdiction d'exercer, alors que le parquet en avait requis une, de cinq ans. Le maréchal des logis chef Ludovic F. a lui été condamné à six mois de prison avec sursis et 1.500 euros de dommages et intérêts. Comme le demandait la procureure, qui avait souligné son "habitude ancienne" de tenir des propos "particulièrement grossiers" aux femmes, il a aussi écopé d'une interdiction définitive d'exercer. Pour ce qui concerne les peines, le tribunal n'a pas suivi le parquet, qui avait demandé un an avec sursis, sans faire la différence entre les deux hommes.

"Quel combat long et douloureux"

L'avocate de la victime, la jeune Marie (son prénom a été modifié, ndlr), s'est malgré tout dite "très satisfaite"."Aujourd'hui dans la "Grande muette"  le silence c'est terminé, la parole est libérée", a dit Me Élodie Maumont, lançant: "Quel combat, quel combat long et douloureux."
Marie avait à l'audience accablé ces deux gradés de la brigade de Joigny, sur les bords de l'Yonne, où elle a travaillé d'octobre 2012 à novembre 2013.

"Ça te dit un plan à trois?" dans une voiture de patrouille aux sièges tachés de sperme; "Fais-moi une pipe"; "Les Réunionnaises, elles sont chaudes, montre-moi ce que tu sais faire". Sans compter des "gémissements" sur son passage, ou un geste obscène mimé avec une matraque..."C'était normal, c'était habituel", avait-elle dit. Elle travaille désormais en région parisienne.

Des peines "exemplaires"

Jacques Bessy, président de l'Association de défense des droits des militaires (Adefdromil), partie civile, a lui parlé de peines "exemplaires", et "d'un message très clair aux harceleurs qui servent dans l'armée." Tous deux se sont étonnés du fait qu'aucune interdiction d'exercer n'ait été prononcée
contre le plus gradé des gendarmes, mais rappelé que la procédure disciplinaire interne n'était pas terminée.
L'avocate de Ludovic F., Me Véronique Costamagna, a estimé qu'il y avait dans la gendarmerie un "apprentissage (à faire) des deux côtés", hommes et femmes, ces dernières devant selon elle "s'abstenir de faire référence à leur féminité" au travail.

Le reportage de Sébastien Kerroux et Claude Heudes

Intervenants :
  • Me Elodie Maumont, Avocate de la victime
  • Me Véronique Costamagna, Avocate de Ludovic Furio
C'était un jugement très attendu, mardi 12 avril. Les deux gendarmes de Joigny ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Paris. Les militaires ont écopé de 6 et 8 mois de prison avec sursis pour harcelement sexuel. L'un d'eux a également interdiction définitive d'exercer. Les parties civiles parlent de peines exemplaires. Sébastien Kerroux et Claude Heudes.


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