Le 29 juin, le centre social et culturel des Champs Plaisants de Sens (Yonne) était en partie détruit par un énorme incendie. Un coup de massue pour la ville qui ne sait pas si elle pourra reconstruire. Ses habitants ne digèrent toujours pas ce drame.
Un amas de tôles et de bois, et un trou béant en plein milieu du quartier. Voilà ce qu'il reste du centre social et culturel des Champs Plaisants. Un mois après le violent incendie qui a ravagé le bâtiment, le traumatisme de cette nuit d'émeutes a laissé place à la colère des habitants.
"Je ne comprends pas la personne qui fait ça, comment elle peut dormir tranquille. Elle ne se rend pas compte qu’elle a fait mal à tout un quartier, et surtout aux enfants. Ce bâtiment allait être magnifique, et il part en fumée. J’espère qu’ils seront jugés, c’est un crime pour moi", estime Abdelhamid Mahfouth, habitant de Sens.
Je me réveillais à 5h30 pour aller au travail et j'ai vu ça. J’ai pleuré, je restais à côté, je ne trouvais pas les mots et je restais estomaqué sur place.
Abdelhamid MahfouthHabitant de Sens
L'ancienne bâtisse, jugée trop vétuste, avait été totalement rasée au printemps 2022. Le nouveau centre, plus moderne et plus grand, devait accueillir une crèche, une annexe de la mairie ou bien encore des ateliers artistiques. Sa réouverture était prévue pour janvier 2024. "Je ne comprends pas comment on peut s’attaquer à ça", avoue Marie-France, une habitante du quartier. "C’est la bêtise. C’est très triste. C'était très utile, beaucoup de gens payent tout ça. Quand je vois ça, ça me rend malade."
Va-t-on reconstruire ?
Près de 4 millions d'euros partis en fumée, en l'espace de quelques heures. Et des collectivités, aujourd'hui, impuissantes. Le bâtiment, qui était encore en construction, n’appartient pas encore à la ville. Il dépend des assurances des différentes entreprises retenues pour le chantier. Deux questions restent en suspens : sera-t-il possible de reconstruire le centre ? Et qui devra payer la facture ? La municipalité assure ne pas en avoir les moyens.
"Il faut tout démolir, la partie encore debout doit être détruite", indique l'adjointe au maire déléguée à la santé et aux solidarités, Ghislaine Pieux. "C’est désolant d’en arriver là mais c’est la réalité. On est obligé de repartir à zéro et on ne sait pas comment. Réinjecter 3,5 millions d'euros, la ville n’en a pas les moyens. Aujourd'hui, on ne sait pas si on aura les moyens de reconstruire le bâtiment."
Elle avoue être inquiète pour l'avenir du projet. "On est le seul cas en France où un bâtiment a été détruit dans le cadre des émeutes. On est donc en attente de voir avec l'État. On est déçu pour nos habitants de l’agglomération. On est tous touchés par rapport à ce bâtiment."
"Sinon on réfléchira à un autre projet"
"Mais la Ville ne baisse pas les bras", poursuit-elle. "On va essayer de récupérer les subenvtions données par l’état, la région et le département. Sinon on réfléchira à un autre projet. Cela fait trois ans qu’on était dessus, c’est un quartier qui bouge. Ce n’est pas un projet qu’on a fait tout seul, les habitants du quartier, le centre social, l'agglomération et la Ville ont tous participé."
En parallèle, la ville de Sens a introduit une action en référé contradictoire, pour mandater un expert, afin de chiffrer avec précision les dégâts. Elle attend une réponse pour le mois de septembre.