Ce mardi 6 avril, près de 300 personnes se sont mobilisées contre le projet de fermeture de lits décidé par l'Agence Régionale de Santé et le conseil départemental. A l'origine de cette décision, la non-conformité de sécurité incendie et la vétusté de deux bâtiments accueillant des résidents.
Problèmes de désenfumage en cas d'incendie et conditions d'accueil des résidents qui ne seraient plus aux normes. Deux bâtiments de l'Ehpad Carnot de l'hôpital Roland-Bonnion à Villeneuve-sur-Yonne se trouvent dans un tel état de délabrement qu'il sont sur le point d'être fermés. Une décision prise par l'Agence Régionale de Santé et par le conseil départemental de l'Yonne pour non-conformité incendie.
"J’ai eu la consigne de procéder à la fermeture d'une partie du bâtiment Carnot parce que les normes de sécurité incendie ont évoluées et qu’elles ne répondaient plus aux normes éligibles", explique Jean-Dominique Marquier, directeur du groupement hospitalier du territoire Yonne Nord (GHT).
D'ici quelques semaines, plus aucune personne âgée ne devrait être donc prise en charge dans ces bâtiments qui accueillent 54 résidents en maison de retraite long séjour. La totalité des résidents doit être évacuée des bâtiments suite à cette décision. "Il nous en reste 40 pour lesquels ont doit trouver une solution" précise Jean-Dominique Marquier. "En concertation avec les familles, on va essayer de trouver un point de chute à chacune de ces personnes frappées par la décision commune de l'ARS et du conseil départemental."
Mais ce projet de fermeture de lits ne concerne pas la structure de l'Ehpad de l'hôpital dans son ensemble tient à préciser Nadège Naze, maire de Villeneuve-sur-Yonne. "On ferme 29 lits dans un premier temps et 24 dans un second. C’est la fermeture d’une partie du bâti", précise l'élue.
L'Ehpad de l'hôpital Roland Bonnion compte près de 140 lits sur les 250 dont dispose Villeneuve-sur-Yonne. Située à mi-chemin entre Sens et Joigny, la commune compte aujourd'hui un peu plus de 5000 habitants.
Le service de soins de suite et rééducation également en sursis
Autre fermeture envisagée, les 26 lits du service de soins de suite et réadaptation (SSR). Une décision actée "depuis pas mal de temps" souligne Jean-Dominique Marquier. "Maintenant, il faut qu’une offre médico-sociale prenne le relais car cela va faire un trou sensible dans la situation de Villeneuve-sur-Yonne. Il y aura peut être des propositions qui amèneront une compensation de ce départ."
Les résidents en SSR devraient être transférés à l'hôpital de Joigny.
300 personnes mobilisées
Du côté des agents hospitaliers et des représentants syndicaux, cette décision de fermetures de lits a du mal à passer. Le syndicat CFDT de l’hôpital de Villeneuve-sur-Yonne organisait à rassemblement devant ses locaux, ce mardi 6 avril en début d'après-midi contre cette fermeture. Près de 300 personnes se sont mobilisées. "L’ARS a pris cette décision de fermer ces lits en catimini sans aucune information officielle aux représentants du personnel", dénonce Charles Aachach, secrétaire général de la CFDT santé dans l'Yonne. "C'est une décision brutale".
On a la crainte que si ces lits sont fermés, cela signifie la mort de l’hôpital."
Les syndicats craignent aujourd'hui pour l'avenir de l'hôpital de proximité et l'offre de soins pour une population vieillissante. Dans ce contexte, il est selon Charles Aachach "inacceptable d’envisager cette fermeture qui pénalise la population. On a la crainte que si ces lits sont fermés, cela signifie la mort de l’hôpital. Et s’il n’y a pas d’hôpital, c’est la mort de la ville." Une pétition a été également lancée auprès de la population.
Une trentaine d'emplois menacés
Conséquence de la fermeture de lits, une trentaine de postes seraient menacés, CDD et CDI compris. Une information confirmée par la direction de l'hôpital. "On va se retrouver avec 30, 35 personnes pour lesquelles il va falloir retrouver une solution de réemploi" explique Jean-Dominique Marquier. "On a mobilisé les hôpitaux de Joigny et de Sens pour recruter ces personnes mais nos ressources sont limitées." Une cellule d’appui et d’orientation a été créé pour aider les personnels à retrouver un emploi.
Pour Charles Aachache, représentant à la CGT, il est donc indispensable aujourd'hui de se mettre autour de la table. "On demande une rencontre avec la direction générale de l'Ars, avec le président du conseil départemental et le préfet pour trouver une solution d’urgence pour maintenir l'offre de soins et que les agents puissent travailler en toute sécurité et offrir des soins de qualité."
Des travaux de mise aux normes trop coûteux
Les représentants syndicaux regrettent que les travaux de mise aux normes n'aient pas été réalisés plus tôt car le problème de non-conformité était connue depuis des années. "Il y a eu des choses d'amorcées avec des projets de reconstruction de l’offre" explique Nadège Naze, maire de Villeneuve-sur-Yonne. "On est sur des montants conséquents."
L’idée, c’est plutôt de reconstruire un bâtiment."
Pour sauver à court terme la totalité des emplois et maintenir cette offre de soins sur Villeneuve-sur-Yonne, près de 6,5 millions d'euros devraient être déboursés rien que pour la mise aux normes des bâtiments historiques précise Jean-Dominique Marquier. "C’est astronomique comme évolution. Des travaux sur ces bâtiments historiques coûtent très cher et paraissent démesurés par rapport aux résultats qu'on attend. L’idée, c’est plutôt de reconstruire un bâtiment."
Plusieurs propositions et projets de reconstruction d'un bâtiment neuf ont donc été transmises à l'Ars et au conseil départemental. Pour Nadège Naze, maire de Villeneuve-sur-Yonne, il est important que les deux cofinanceurs puissent défendre le dossier en terme de subvention. "On est éligible à la loi Segur qui prévoit et au niveau du plan de relance. On doit activer tous les leviers pour engager les travaux et bien définir les besoins concernant le territoire."
Parallèlement, l’Agence Régionale de Santé de Bourgogne Franche-Comté a engagé une réflexion pour "privilégier une approche globale et territoriale des dispositifs et établissements permettant la prise en charge des aînés dans le territoire du nord Yonne". Son objectif est d'adapter l’offre sur les 3 sites du groupement hospitalier de territoire (GHT) que sont Sens, Joigny et Villeneuve.
Afin d’accompagner le GHT dans cette démarche, l’ARS et le conseil départemental de l’Yonne ont proposé l’appui d’un chef de projet. Financée par l’ARS, cette mission devrait livrer ses conclusions d’ici début juillet.