Jean-Dominique Lefèvre, membre de la communauté de Saint-Jean à Rimont, en Saône-et-Loire, comparaît devant les assises. Il est accusé d’agressions sexuelles et de viols. Ses supérieurs ont été appelés à la barre des témoins mardi 26 mai 2015.
Pourquoi Jean-Dominique Lefèvre est-il jugé ?
Jean-Dominique Lefèvre, Centralien décrit comme un "érudit", est accusé de plusieurs agressions sexuelles commises sur cinq fillettes, en France et en Roumanie. Il est aussi accusé du viol de l'une d'elle et de celui d'une jeune femme de 33 ans, qui s'est suicidée.Depuis que le procès a débuté, le religieux a admis avoir commis des attouchements sexuels. Concernant les viols, il a d’abord nié, puis en a reconnu un, avant de se rétracter.
Au troisième jour de procès, la cour d'assises a entendu une troisième victime d'attouchements, qui était âgée de 8 ans au moment des faits.
Le tribunal a aussi pris connaissance des dépositions de la seule victime majeure de cette affaire, qui s'est suicidée au cours de l'instruction.
Pourquoi les supérieurs de la communauté n’ont-ils pas dénoncé l’accusé ?
La journée a également été marquée par le témoignage de deux religieux qui comparaissaient comme témoins. L'un des deux a changé de congrégation, l'autre fait toujours partie de la communauté de Saint-Jean.Ils ont évoqué les mesures qui avaient été prises : Jean-Dominique Lefèvre a consulté des médecins spécialistes, il a été envoyé au Canada dans un établissement spécialisé dans les traitements psychiques et psychologiques. Me Pierre Mathieu, avocat de la défense, explique aussi qu’il a été affecté "dans des endroits où il y avait a priori moins d’exposition aux risques".
Quand le président de la cour d’assises demande pourquoi la communauté n’a pas dénoncé Jean-Dominique Lefèvre ou ne l’a pas poussé à le faire, le religieux qui est toujours membre de Saint-Jean lâche : "Il y a eu des manquements de notre part". Il a fait son mea culpa au nom de la communauté et assuré qu'aujourd'hui les choses ne se passeraient plus de la même façon, qu'ils coopéreraient avec l'institution judiciaire.
Il ne faut quand même pas se moquer du monde !
Lors de l’audience, on apprend que le prieur général a détruit des documents relatifs à une expertise psychiatrique de l'accusé. "Des preuves ont été détruites sur un disque dur pour respecter la confidentialité de données médicales, il ne faut quand même pas se moquer du monde. […] Il y a eu sciemment un désir de supprimer des données qui étaient compromettantes pour Saint-Jean. Ça c’est assez révoltant", s’insurge Philippe Gentien, membre de l’Association d'aide aux victimes de dérives dans les mouvements religieux en Europe et à leurs familles (AVREF).
Le procès se poursuit jusqu’à la fin de la semaine. Le verdict est attendu jeudi 28 mai.
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©INA
- Reportage : Maryline Barate et Isabelle Rivierre
- Montage : Carlos Zappalá
- Intervenants :
-Me Pierre Mathieu, avocat de la défense
-Philippe Gentien, Association d'aide aux victimes de dérives dans les mouvements religieux en Europe et à leurs familles (AVREF)