Réunion d'urgence : la gouvernement s'attaque à la crise bretonne

Le premier ministre Jean-Marc Ayrault préside ce mercredi matin une réunion d'urgence consacrée à la crise dans l'agroalimentaire breton.

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Les salariés de GAD SAS, du groupe Doux, de Tilly-Sabco ou encore de Marine Harvest, touchés par de vastes licenciements, tous ont les yeux braqués sur la réunion de ce matin. Le premier ministre Jean-Marc Ayrault, entouré de six ministres, préside une réunion d'urgence à Matignon sur la crise de l'agroalimentaire en Bretagne

Stéphane Le Foll (Agriculture), Guillaume Garot (Agroalimentaire), Michel Sapin (Travail), Arnaud Montebourg (Redressement productif), ainsi que les "Bretons" Jean-Yves Le Drian (Défense) et Marylise Lebranchu (Réforme territoriale) seront présents à 11H45 à la réunion de Matignon pour tenter de trouver des solutions.

"Il y a une conjonction d'un certain nombre de problèmes de sinistres industriels, de problèmes de modèle agricole qui est en crise et là-dessus vient s'ajouter la question de la mise en oeuvre de l'écotaxe au 1er janvier", dit-on à Matignon. Il faut "une perspective de moyen terme".

Relancer la filière porcine

Sur le cas spécifique de Gad, "tous les leviers seront actionnés", a assuré Guillaume Garot au micro d'Europe 1 mercredi matin. "Il y a une baisse de la production porcine" qui "met en fragilité tous nos abattoirs de porcs en Bretagne, on essaie de voir comment on peut relancer la filière porcine". Les plans sociaux représentent "une rationalisation à la hache et on ne peut pas se satisfaire de ce qui se passe aujourd'hui", a-t-il ajouté.

La suppression de près de 900 emplois à l'abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau (Finistère) est venue s'ajouter en fin de semaine dernière à la liste déjà longue d'entreprises agroalimentaires bretonnes visées ces derniers mois par des plans sociaux.

Après de spectaculaires mobilisations lundi à Brest et Morlaix (Finistère) pour défendre ce secteur en détresse, une nouvelle journée de mobilisation est prévue mercredi à l'appel de Produit en Bretagne, qui regroupe quelque 300 entreprises et plus de 100.000 salariés, et de l'Association bretonne des entreprises agroalimentaires.

Quand les Bretons commencent à bouger, c'est qu'il y a vraiment un problème


L'enjeu est de taille pour la Bretagne: l'agroalimentaire et l'agriculture y représentent pas moins d'un tiers des emplois de la région. Au gouvernement, comme dans les rangs socialistes, on est conscient du danger à laisser la Bretagne plonger dans le désespoir et la colère. "Quand les Bretons commencent à bouger, c'est qu'il y a vraiment un problème", résume un ténor du parti socialiste.

"Il y a des moments où la Bretagne pique des colères, c'est rare. Mais, on est dans un de ces moments-là", prévient un élu socialiste breton. "Il y a une concentration de problèmes qui tombent sur la tête des Bretons: ils ont le sentiment qu'on les laisse tomber. Il faut à tout prix aider ces gens peu qualifiés, peu mobiles et peu payés".

Sanction dans les urnes ?

Au-delà des enjeux économiques et sociaux, le gouvernement s'inquiète aussi des conséquences dans les urnes en 2014 de la crise bretonne. La Bretagne avait placé François Hollande largement en tête du premier tour de la présidentielle de 2012, avec 31,7% des voix, loin devant Nicolas Sarkozy (25,6%) et Marine Le Pen (13,2%).

Mais cette région traditionnellement rétive au vote extrémiste et plutôt européenne pourrait évoluer l'année prochaine. L'ouest de la France est de "moins en moins tourné vers l'Europe", souligne un ministre, du fait en particulier de la directive sur le détachement des travailleurs, qui prévoit que si un Etat membre offre des conditions d'emploi minimales, dont un salaire minimum, ces dernières doivent également s'appliquer aux travailleurs détachés dans cet Etat.

"Je crains qu'aux élections européennes, les Bretons ne montrent plus autant d'ardeur européenne, ce serait un choc considérable", s'alarme un proche du chef de l'Etat. Devant l'ampleur de la tâche, la réunion de mercredi ne constitue "pas une fin" en soi, mais "plutôt le début de quelque chose", reconnaît toutefois Matignon. Comme Jean-Marc Ayrault l'a redit mardi à l'Assemblée, le gouvernement pourrait ainsi à terme proposer à la Bretagne un partenariat spécifique à l'image de celui conclu en septembre entre l'Etat et la Lorraine pour aider cette région frappée par la désindustrialisation.

La réaction de Nadine Hourmand, porte-parole de FO, ce matin sur Europe 1

ITW europe 1 Nadine Hourmand


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