Smic en Allemagne: soulagement, mais pas d'illusion pour les abattoirs bretons

La filière porcine française est soulagée par l'entrée en vigueur prochaine d'un salaire minimum dans les abattoirs en Allemagne. Ce qui permettra un rééquilibrage de la concurrence, même si cette mesure ne suffira pas à régler toutes les difficultés du secteur.

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Un accord a été trouvé le 13 janvier entre employeurs et syndicats de la filière viande en Allemagne pour un salaire minimum à 7,75 euros bruts de l'heure à partir du 1er juillet. Au 1er décembre 2016, ce salaire atteindra 8,75 euros, pas très loin du Smic français (9,53 euros depuis le 1er janvier).

"Ca devrait réduire l'écart de compétitivité de façon significative", espère Michel Bloc'h, président de l'Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB), région qui assure 57% de la production porcine française. Ce salaire minimum doit s'appliquer aussi aux travailleurs "détachés", souvent originaires d'Europe de l'Est, qui sont employés en grand nombre dans les abattoirs allemands à des salaires très bas.

Charges sociales françaises toujours plus importantes

Ce "dumping social" a été mis en cause fin 2013 lors de la fermeture de l'abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau (Finistère), qui s'est soldée par près de 900 licenciements. Même si le recours aux travailleurs détachés est mieux contrôlé avec la nouvelle directive européenne adoptée fin 2013, il restera un écart de 20% à 30% par rapport aux charges sociales payées en France, note Pierre Halliez, directeur général du Sniv-SNCP, l'organisation professionnelle des abattoirs français. "On est encore loin du compte si on veut avoir un traitement social harmonisé en Europe", avertit Paul Auffray, secrétaire général de la Fédération nationale porcine, alors que le salaire minimum pratiqué en Espagne (environ 750 euros par mois) représente un peu plus de la moitié du Smic français brut. 

Ce n'est pas qu'ne question de coût du travail...

"On va revenir à des conditions de concurrence plus équitables avec les Allemands, mais l'avance qu'ils ont prise, ils vont la garder", pronostique Thierry Coué, président de la FRSEA Bretagne et éleveur de porcs dans le Morbihan. "On n'est pas tirés d'affaire, la production va encore baisser au minimum de 4% en France en 2014", prévoit-il. L'écart de compétitivité ne se résume pas au coût de la main d'oeuvre, selon l'Ifip. Si le coût horaire du travail n'atteint pas 6 euros actuellement dans les abattoirs allemands (contre 12 en Espagne et 16 en France), il dépasse 30 euros au Danemark, qui est pourtant un redoutable concurrent. Mais à la différence de la France, ce pays a investi massivement dans des grands abattoirs très automatisés et restructuré sa filière au prix de lourdes suppressions d'emploi.

C'est aussi et surtout parce que l'outil de production est vieillissant

"L'Europe du Nord et l'Espagne se sont adaptées à un contexte économique plus dur. En France, les élevages sont restés figés", déplore M. Auffray. "L'outil de production français est vieillissant", ajoute-t-il, disant redouter de nouvelles fermetures d'abattoirs en 2014. Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a salué l'accord allemand, qualifié de "bonne nouvelle" pour les salariés français et espéré "une concurrence plus équilibrée entre partenaires européens". Il a présenté début 2013 un plan pour aider la filière porcine à se moderniser mais les fonds publics sont loin d'être suffisants, observe-t-on à l'Ifip. L'instauration du Smic en Allemagne arrivera de toute façon trop tard pour les salariés de Lampaul. "Il est complètement illusoire de penser que ça pourrait rouvrir", estime Patrick Piguel, délégué CFDT chez Gad.
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