Elle travaille chez Tilly Sabco à Guerlesquin (29) depuis 32 ans. Aujourd'hui, elle est à bout: "là je craque, parce que je n'en peux plus". Avec ses collègues, elle a bloqué l'accès au port de Brest ce lundi matin.
"C'est de la colère, de la douleur, c'est tout en même temps. Ca fait trop longtemps qu'on nous promet quelque chose... c'est plus possible de vivre comme ça. On ne sait pas si on va finir la journée, si demain on y reviendra... On ne sait rien et le patron ne sait pas plus et les politiques, ils nous promettent monts et merveilles et on ne voit rien venir". Cette salariée travaille dans les bureaux chez Tilly Sabco à Guerlesquin, depuis 32 ans. Depuis un an, comme ses 330 collègues, elle vit au jour le jour, elle se motive pour continuer à travailler : "On continue à faire notre boulot, bon gré, mal gré... On se demande pour qui on travaille, pour quoi. Le patron nous soutient, on le soutient aussi. On se dit si tout le monde lâche prise, tout le monde rentre à la maison. Ca fait un an qu'on se motive les uns les autres, c'est fatigant à la fin. Aujourd'hui, elle craque.
"C'est la dernière action pour dire qu'on est toujours debout"
Comme ses collègues, elle a bloqué l'accès au port de commerce de Brest ce lundi matin. "C'est la dernière action pour dire qu'on nous a pas encore tués. Quand on nous aura tués, on passera à autre chose parce que la France, c'est ça. C'est nous aujourd'hui, ce sera d'autres demain.... C'est nous, et des milliers d'autres comme nous. Quand je pense aux 850 de Lampaul [NDLR : Les salariés de Gad], 50 sont embauchés, 800 sur le carreau. Nous, c'est 400, c'est quoi 400 de plus...""J'ai 54 ans et pour moi, c'est fini, je ne me fais pas d'illusion"
"J'ai honte d'être Française, j'ai un fils qui vit au Canada, ma fille va y partir. Si j'avais 20 ans de moins, j'irai voir là-bas, dans un pays où on respecte les gens, on respecte leur travail. ici, on ne respecte plus rien du tout. J'ai 54 ans et pour moi, c'est fini, je ne me fais pas d'illusion. "Aujourd'hui, l'usine tourne 3 jours par semaine, elle est proche du dépôt de bilan pour les salariés qui ont manifesté sur le port de Brest. L'Etat, le Conseil régional de Bretagne et la Chambre de commerce et d'industrie de Morlaix ont récemment octroyé une avance de 4 millions d'euros remboursables à l'abattoir de volaille. Cependant, la situation de l'entreprise reste fragile depuis la suppression par Bruxelles, en juillet dernier, des aides à l'exportation pour les poulets congelés.