Dix jours après le démâtage de Dongfeng, son skipper, Charles Caudrelier se trouvait ce jeudi à Lorient. Pour lui rien n'est perdu, il veut encore croire aux chances du voilier Chinois. Il sera avec son équipage au Brésil, le 19 avril, pour le départ de la 6ème étape de la Volvo Ocean Race.
Charles Caudrelier, après l'avarie survenue sur votre voilier lors de la 5ème étape de la Volvo Océan race, dans quel état d'esprit êtes-vous ?
"C'est un coup dur pour toute l'équipe, on perd beaucoup de points, du coup, on s'éloigne beaucoup du leader avec qui on était à égalité avant ce problème. Maintenant, la course est encore longue, il reste quatre étapes et tout est possible. Les autres peuvent casser aussi, ça fait partie de la course.Il y a deux ans, je participais déjà à la Volvo Ocean Race sur Groupama 4 avec Franck Cammas. On avait cassé le mat sur la même étape et on a quand même réussi à gagner. Je ne sais pas si c'est un bon signe, mais pour le moment, le moral est encore bon. On a une très bonne équipe autour de nous, tout le monde a bien réagit. Notre objectif maintenant, c'est d'être prêt pour la prochaine étape. Ça va être tendu, mais c'est ça le plus important, il sera bien temps à la fin de la course de regretter ce problème."
Pouvez-vous nous expliquer dans quelle condition votre mat a cassé ?
"Ce n'est malheureusement pas quelque chose d'extraordinaire. On approchait du Cap Horn, on avait passé le plus gros du mauvais temps, on n'était pas très toilé. J'étais de quart à l'intérieur du bateau, on essayait d'accélérer un peu parce qu'on n'avançait pas très rapidement depuis quelques heures. À un moment il y a eu un bruit, on est sorti, on ne savait pas trop ce que c'était. Comme on a cassé qu'une toute petite partie en haut du mat le bateau continuait à avancer. À un moment, il y a eu un bruit, on est sorti, on ne savait pas trop ce que c'était. Quand on a éclairé le haut, on a pu voir ce qui s'était vraiment passé.Après ça a été compliqué parce que la partie du mat cassée était restée accrochée par des bouts, on ne savait pas comment faire pour s'en débarrasser. En plus, on avait une autre voile qui battait très loin du bateau. On a mis plus de 20 h pour réussir à régler le problème et à approcher les côtes d'Argentine et du Chili."
Les dégâts sont importants ?
"C'est simple, il faut changer le mat. Heureusement comme on est dans une flotte monotype tout le monde a les mêmes bateaux, les mêmes mats, l'organisateur avait provisionné deux mats neufs qui ont été disposés au travers du parcours. On va récupérer un mat qui va arriver de Dubaï. Ce n'est pas une mince affaire, il faut un avion énorme, en cargo cela prendrait trop de temps.De son côté, le bateau, lui, va arriver au Brésil j'espère lundi. Le mat devrait arriver à Sao Polo lundi aussi. Après il y a deux ou trois jours en camion pour l'acheminer jusqu'au bateau. Ça va nous amener à mercredi ou jeudi et le départ, c'est pour dimanche. D'ici là, ça va être très tendu."
Vous étiez premiers ex aequo avec Abou Dabi avant cette avarie. Abou Dabi est maintenant seul en tête? Comment allez-vous faire pour le rattraper?
"C'est le pire scénario. Nous, on casse donc on prend le maximum de points, et lui, il gagne l'étape. Maintenant, on a huit points d'écart et chaque place c'est un point. On n'a donc pas le choix. On doit battre Abou Dabi à chaque fois, gagner presque toutes les étapes et espérer que lui aura des problèmes. Pour l'instant, à chaque étape, il n'a jamais était au-delà de la 3ème place, comme nous avant cette casse. Mais on y croit toujours. C'est important pour garder le moral.Au départ, notre équipe n'était pas faite pour ça. On ne m'a jamais demandé ne serait-ce même qu'un podium. Notre objectif était de former des marins chinois. On a essayé de faire les deux, ça s'est bien passé. On y a pris goût à tout ça, aux victoires. Je n'ai jamais eu de pression, mais avec tous mes coéquipiers, on a envie maintenant de faire le meilleur résultat. Alors, on y croit encore !"