ALIMENTATION. Pourquoi les artichauts n'ont-ils plus la cote

La Bretagne produit 80% des artichauts français avec plus de 30.000 tonnes par an. Alors que la pleine saison du légume est arrivée, les agriculteurs peinent à écouler leurs stocks et doivent vendre à perte.

Camus, Cardinal, Castel ou Petits violets, les chardons domestiqués que sont les artichauts se retrouvent de moins en moins dans les assiettes. Les consommateurs avancent souvent l'argument du manque de temps et de matériel pour les cuisiner. 

"Il faut effeuiller, c'est long"

Près de trente minutes à l'eau bouillante ou environ une heure si on les cuit à la vapeur, cuisiner l'artichaut peut s'avérer être une affaire de longue haleine.

Or le temps moyen de préparation des repas par les Français est assez rapide. Un récent sondage (réalisé par une société spécialisée dans la gestion automatisée des provisions du foyer) révèle que 42.3% des sondés passe entre 15 et 30 minutes à préparer leur repas.

 

Florence, une jeune retraitée croisée sur le marché de Binic, confirme : "Ça ne m'étonne pas que les artichauts se vendent mal. Il faut effeuiller, c'est long, faut avoir de la patience, ça ne sent pas toujours bon à la cuisson, c'est un peu comme les crabes. Ça a toujours découragé, mais avant il n'y avait pas tant de choix que maintenant."

L'autre explication à la baisse de consommation des artichauts est le lieu où les repas sont pris. Entre l’automne 2021 et le printemps 2022 plus de 8 Français sur 10 ont déclaré avoir consommé des produits alimentaires en dehors de leur domicile.

Or, à moins de déguster une savoureuse entrée concoctée par un grand chef, les artichauts sont assez peu présents en France sur la carte des restaurants. 

"On est très inquiets pour la culture de l'artichaut"

L'artichaut ne figure donc pas dans le top 6 des légumes préférés des Français, au grand désespoir des agriculteurs bretons qui n'écoulent pas leur production. "Le produit n'est pas référencé dans les magasins. On devrait être présent dans la grande distribution au niveau national. Notre production n'est pas en rayon et quand il l'est, il n'est pas mis en valeur" déplore Emmanuel le Dantec, producteur d'artichauts dans les Côtes-d'Armor. 

Le Costarmoricain déclare détruire 100 tonnes d'artichauts par jour sur les 300 qu'il produits. "Il y a dix ans, 500 tonnes partaient tout de suite et on était valorisé" ajoute-t-il.

LIRE : Agriculture : le malaise des producteurs d'artichauts 

"Certes les habitudes alimentaires changent" reconnaît Xavier Thépaut, responsable du marché au cadran pour les Maraîchers d'Armor. Les producteurs ont bien essayé de mettre le produit en avant avec des opérations marketing et même créé des outils pour faciliter leur cuisson au micro-onde. "On ne comprend pas. On est très inquiets pour la culture de l'artichaut" se désole Xavier Thépaut. 

Emmanuel Le Dantec est donc obligé de vendre sa tête d'artichaut à 20 centimes alors qu'il lui faudrait la vendre à 60 centimes pour être à l'équilibre. L'année prochaine, l'argriculteur prévoit de réduire de 20 à 30% les parcelles affectées à la culture de ses artichauts. 

(Avec Jean-Marc Seigner)

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