BIODIVERSITÉ. Un an après les incendies dans les Monts d'Arrée, la faune et la flore restent meurtries

C'était le 18 juillet 2022 : un incendie se déclare dans les Monts d'Arrée et brûlera pendant 51 jours. Bilan : 2.200 hectares réduits en cendres. Principalement des landes sèches ou humides et des tourbières. Cela représente 20 % de cet espace naturel classé Natura 2000. Pas de victimes humaines mais une faune et une flore plus que traumatisées. Un an après, les spécialistes dressent le bilan.

Premières victimes des incendies qui ont ravagé les Monts-d'Arrée, l'été dernier : des centaines d'oiseaux ont péri dans les flammes qui ont aussi détruit leurs espaces naturels de nidification.

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Jean-Noël Ballot, ornithologue de l'association Bretagne Vivante, a vécu "un printemps silencieux, car tous les oiseaux qui nichaient dans les landes incendiées ont disparu" déplore-t-il.

Certaines espèces rares sont menacées

C'est le cas du busard Saint-Martin, par exemple, ou encore du courlis cendré, un oiseau au long bec incurvé vers le bas, qui niche au sol, dans les landes et tourbières.

"Le dernier bastion qui restait pour cette espèce en Bretagne, c'étaient les Monts-d'Arrée, il y a une vingtaine d'années, on avait encore 60 couples" rappelle Jean-Noël Ballot.

Une espèce "au bord de l'extinction", précise Jérémie Bourdoulous, directeur des patrimoines naturels au Parc naturel régional d'Armorique. Seulement quatre couples recensés cette année, contre treize l'année dernière.

Le busard Saint-Martin, qui lui aussi niche au sol, a vu sa population fondre de 25 à 17 couples cette année. Plus de gîte ni de couvert, privé de ses proies, les passereaux, car tous sont morts dans les flammes : fauvette pitchou, locustelle tachetée, engoulevent, etc...

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Des dizaines d'années pour que la lande se reconstitue

"Il va falloir attendre que la lande se reconstitue pour qu'ils puissent nicher à nouveau. Ça va prendre des années" prévoit l'ornithologue, voire "des dizaines d'années" pour les sites les plus touchés, selon Marie-Violaine Caillaud, botaniste au Conservatoire botanique national (CBN) de Brest.

"On peut déjà observer une reprise différente selon l'intensité du feu et le type de milieu touché", observe-t-elle.

Quand le feu est passé rapidement (le cas le plus courant), la lande a souvent déjà repris à partir des graines ou des racines encore présentes dans le sol. Les premières pousses de molinies étaient ainsi observables quelques semaines après les incendies.

A l'inverse, quand le feu a couvé plus en profondeur, il a modifié les propriétés du sol et la lande laisse la place à des plaques de mousses pionnières. En particulier la Funaire hygrométrique.

Actuellement, des placages rougeâtres formés par cette mousse sont observables sur les flancs du Mont-Saint-Michel-de-Brasparts.

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A terme, le risque est que l'altération des sols favorise "des espèces plus communes, moins spécifiques du milieu" souligne Marie-Violaine Caillaud.

Des plantes menacées de disparition

Des plantes rares et protégées, comme le malaxis des marais (une petite orchidée des tourbières) ou le lycopode sélagine (une fougère primitive), ont en outre été touchées par les feux. Peut-être le coup de grâce après les sécheresses successives. La disparition pure et simple est à craindre.

"On travaille beaucoup à favoriser leur vivacité, explique la botaniste. L'idée, c'est de prendre soin du milieu."

En "dernier recours", une réintroduction de ces plantes pourrait être envisagée, à partir de spécimens conservés par le Conservatoire botanique national. Mais "c'est extrêmement réglementé et très long, à la fois scientifiquement et administrativement" souligne Marie-Violaine Caillaud.

Le sort des 10.000 hectares du site Natura 2000 des Monts-d’Arrée préoccupe à la mesure de son intérêt. Il abrite le plus grand ensemble de landes atlantiques de France et le plus important complexe de tourbières de Bretagne.

Le Parc d'Armorique pilote un groupe de suivi scientifique constitué après l'incendie qui réunit le Département du Finistère, Bretagne Vivante, le Conservatoire botanique national de Brest, le Groupe mammalogique breton, la Fédération de chasse du Finistère et l'Université de Brest.

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