Le bilan 2020 est tombé. L'activité touristique en Bretagne a bien résisté malgré le contexte sanitaire. La période de juillet et août a sauvé en partie la saison 2020 mais un pan du secteur est aujourd'hui en grande difficulté. Analyse et décryptage.
Malgré la crise de la Covid et la situation sanitaire, "le tourisme en Bretagne a plutôt bien résisté" résume Anne Gallo, présidente du Comité du Tourisme de Bretagne. Bien sûr, le résultat annuel affiche une baisse de 20% comparé à l'année 2019, année record.
Mais la Bretagne a été favorisée par :
- sa clientèle, fidèle, les locaux voulant redécouvrir leur région
- les choix pris depuis plusieurs années en direction d'un tourisme durable
Mieux que l'Île-de-France ou que la région PACA
La Bretagne a perdu 20 millions de nuitées sur l'année. Un trou d'air jamais connu, qui peut être estimé "entre 1,5 à 1,8 milliard d'euros de retombées économiques en moins" selon Anne Gallo.
Cette dégringolade s'explique par les précautions sanitaires incitant les touristes à limiter leurs déplacements. La Bretagne a bien su tirer son épingle du lot. Nombreux sont les Bretons qui ont fait le choix de rester dans la région pour profiter des grands espaces, du littoral, et des activités nature.
D'autres régions ont été plus impactées que nous. Sur la saison estivale, en juillet et août, la Bretagne a fait le plein.
Le tourisme durable, une réussite
Le vélo tourisme, avec la Vélodyssée et la Vélomaritime, a connu une progression comparée a une saison 2019 déjà en forte hausse.
La randonnée a également eu beaucoup de succès, notamment les itinéraires GR et le sentier des douaniers, le GR 34. Comme un besoin de marcher et de sortir de la fameuse limite du 1 kilomètre du premier confinement.
Les activités nautiques et les clubs de voile ont, eux aussi, été pris d'assaut sur tout le littoral breton.
Pour la présidente du comité du tourisme de la région, "la Bretagne a du développer depuis des années des activités et des solutions d'accueil qui corrsepeondent, encore plus aujourd'hui, à la demande des Français."
Voilà pour les bonnes nouvelles. Il en faut, car une importante partie du secteur est en grande difficulté.
Un an que la crise dure
L'été 2020 ne peut à lui seul compenser l'arrêt d'une partie de l'économie touristique, à l'arrêt complet, pour certains, depuis mars 2020.
"La Bretagne a un maillage de petites structures touristiques. Petites, donc fragiles" nous précise Anne Gallo.
Beaucoup d'entreprises sont sur le fil du rasoir.
Pour la présidente du Comité du Tourisme de Bretagne, "les aides de l'Etat maintiennent à flot les entreprises du secteur. Elles tiennent à peu près le coup, mais nous attendons la réouverture des frontières, le retour à la liberté de mouvement. On espère que le tourisme va pouvoir reprendre pour la saison d'avril à octobre."
"Les 'prêts garantis par l'Etat' et autres fonds de soutien, sont des sommes à rembourser, et le niveau d'endettement ne peut être sans limite", continue Anne Gallo. "Aides de l'Etat, de la Région, du département, des territoires, tout a été fait pour aider, mais cela fait un an que la crise dure. Des entreprises sont sur le fil du rasoir. Il est temps que l'économie reprenne."
Les vacances solidaires et sociales en grande difficulté
Parmi les pans de l'activité touristique en grande difficulté, il y a bien sûr "l'hôtellerie-café-restauration". Activité au coeur de l'accueil du tourisme en Bretagne.
Mais un autre pan de l'activté se trouve à bout de souffle. "Les vacances solidaires et sociales, sont dans l'ADN de la Bretagne". Anne Gallo fait référence aux groupes accueillis par des centres pour des colonies ou des classes de mers. Ces lieux ont été fermés dès mars 2020, et n'ont pas connu d'activité lors de la période estivale.
Une partie de notre éducation populaire risque de disparaitre.
"Pour les accueils de groupe, la situation est catastrophique. Certains lieux d'accueils comme des auberges de jeunes ou des centre d'accueil de groupe, ferment et sont vendus. C'est une partie de notre patrimoine, de notre éducation populaire qui risque de partir. Nous sommes mobilisés par rapport à cela."
"L'éducation au milieu maritime, aux valeurs du milieu marin, la solidarité, l'entraide, ces valeurs se développent lors de stage en groupe, dont l'éducation nationale est prescriptrice. Mais, jusqu'à l'été, aucun déplacement de groupe scolaire n'est prévu. Tous ces lieux d'accueil n'ont pas d'espoir de visibilité avant la fin de l'été ".
Le tourisme d'affaires au point mort
Autres activités à l'arrêt dans l'univers touristique, le tourisme d'affaires. Les congrès et séminaires n'ont pas redemarré depuis mars 2020.
"Les budgets de communication sont les premiers entamés en cas de crise. Les modalités de travail ont changé et les Centres de Congrès vont devoir s'adapter : faire des plateaux TV par exemple pour avoir une partie du public en présentiel et une en distanciel".
Des solutions et de l'espoir
Pour la présidente du comité du courisme, l'espoir est présent. Les professionnels sont prêts à redémarrer et le secteur sait s'adapter aux réservations de dernières minutes.
Anne Gallo le dit sans détour, "la saison doit reprendre. Les professionnels, les épidémilogistes espèrent un répit, comme celui que l'on a connu l'été dernier. C'est à dire que la saison devrait pouvoir repartir sur juillet et août".
Tout dépend bien sûr du calendrier sanitaire, mais le Comité du Tourisme de Bretagne, dont la vocation est de soutenir le milieu touristique, continue de tisser ses liens avec la zone Europe, à coup sûr la première à pouvoir venir profiter de notre région. Un soutien qui passe également par une présence sur le numérique pour mettre en avant la Bretagne.