L'un est informaticien dans un prestigieux laboratoire. L'autre spécialiste de la mer. Maxime le Rennais et Jean-Pierre Yaovi le Brestois seront ce mardi à Lyon pour la finale nationale de "Ma thèse en 180 seconde". Ce concours né en Australie, qui est loin d'être potache. On vous explique pourquoi, en à peine moins de temps (de lecture).
Maxime Robic était un peu pressé ce lundi matin quand nous lui avons téléphoné. Il allait prendre son train pour Lyon où aura lieu la finale de "Ma thèse de 180 secondes". C'est dans cette ville, plus exactement, Salle de la bourse à 18 h 30 qu'aura lieu cette épreuve. Et à moins de 24 heures de l'instant, Maxime semble plutôt serein et content de participer à ce Graal scientifique.
Ce qui me plait c'est de représenter mon laboratoire de Rennes 1, c'est un peu comme un challenge sportif et en plus si on peut faire rire les gens avec un sujet de travail sérieux c'est une véritable plus-value
Maxime Robic doctorant université de Rennes 1
600 candidats au départ, 16 en finale
Né il y a une vingtaine d'années en Australie, lors d'une grande sécheresse où les gens se chronométraient pour prendre leur douche pour éviter le gaspillage d'eau, ce concours s’inspire de Three minute thesis, conçu à l’Université du Queensland.
Le concept a ensuite été repris au Canada puis dans les pays francophone. En France cette année ils étaient 600 doctorants(es), puis 58 en demi-finale. Ce mardi, ils seront 16 à Lyon pour cette 9éme édition, dont Jean-Pierre Yaovi Adjikpo, de l'université de Brest, et Maxime Robic de Rennes 1. Le gagnant de cette finale sera qualifié pour la finale francophone qui se déroulera au Québec.
Mettre en avant le doctorat
Le doctorat est le plus haut diplôme délivré à l’université et internationalement reconnu. Ce travail est couronné par la soutenance d’une thèse devant un jury. Et bien souvent le doctorat à une image de tour d'ivoire, comme nous l'explique Julien Le Bonheur, responsable de la communication scientifique de l'université de Rennes1 :
" Le doctorant donne l'impression d'être un peu coupé des réalités dans son laboratoire par rapport à l'ingénieur. Or ce n'est pas le cas, il travaille en équipe pour réaliser sa thèse. Il gère une équipe de recherche, réalise des expériences, fait des manipulations, du codage informatique... Il est capable d'apporter quelque chose de nouveau. Ce concours organisé par le CNRS et France Université a donc pour but de mettre en avant le doctorat et montrer aussi ce que l'on fait de l'argent public consacré à la recherche."
Ce concours permet donc de démontrer combien un doctorant peut être agile, capable de s'adapter à ce qui est nouveau et de mettre les mains dans le cambouis, au même titre qu'un ingénieur. Il s'agit donc de mettre un coup de projecteur sur ce diplôme et inciter le secteur privé a s'y intéresser. Car aujourd'hui trouver un emploi dans la recherche public ce n'est pas si évident, nous confie Julien Le Bonheur.
Ce n'est pas facile de trouver un travail dans la recherche public. Le manque de poste est flagrant, les doctorants doivent donc de plus en plus diversifier leur carrière. D'autre part c'est un concours intéressant pour les doctorants car vulgariser sa recherche c'est mieux la comprendre
Julien Le Bonheur responsable de la communication scientifique université de Rennes 1
Le doctorant est donc un couteau suisse qui peut demain travailler comme chercheur, ingénieur, journaliste scientifique ou dans la communication scientifique plus largement.
Maxime Robic en Finale
Maxime, lui, en tout cas, a pris beaucoup de plaisir pendant ce concours. Il reconnait qu'il ne pensait pas arriver à ce niveau du concours. Dans le cadre de ses loisirs il fait partie d'une troupe de théâtre amateur. Et il avoue prendre son pied lors de ces épreuves car il aime monter sur scène. Il fabrique même quelques fictions.
Faire un show sur sa thèse, aucun autre concours ne le permet
Maxime Robic doctorant université de Rennes 1
"
Pour Maxime il s'agit avant tout de travailler le discours et y ajouter un jeu théâtral qui sert encore plus le discours. Le but c'est bien de rendre encore plus simple sa recherche et de la faire comprendre à ses proches.
Il a bénéficié d'une formation auprès de l'université de Rennes 1, comme tous les postulants à ce concours, qui permet de faire disparaitre le côté technique de sa recherche.
Il travaille sur des choses pointues : concevoir un programme informatique qui permettrait aux satellites qui tournent au-dessus de nos têtes de suivre un animal sur terre, comme une biche par exemple.
Et vraisemblablement, il y a du travail avant d'y parvenir… Il va donc devoir essayer de convaincre quelques industriels de l'aérospatiale pour pouvoir mener à bien son projet, et ce concours peu être un plus.
Il a 3 minutes pour gommer son côté technique avec à la clef quelques pirouettes analogiques. Mais ce qu'il apprécie particulièrement c'est de mettre en avant son laboratoire, l'I.N.R.I.A.
Ses directeurs de thèse sont des sommités mondiales dans leur domaine. Or, ces derniers sont peu connus du public. "Je suis content de participer au sein de mon laboratoire à ce concours. Je donne tout et on m'encourage en ce sens au labo. C'est un peu comme une ferveur sportive. Je n'ai pas l'impression d'être tout seul sur scène, si en plus c'est pour parler des domaines scientifiques dans lesquelles la France excelle, c'est encore mieux."
Alors si la science vous passionne mais que parfois elle vous paraît un peu compliquée, rendez-vous demain à partir de 18H30 à Lyon. La finale de ce concours peut être suivie sur la page Facebook, la chaîne YouTube et sur le site internet du concours.