Des rumeurs courent sur l'aggravation de l'épidémie en Bretagne nourries par l'arrivée des touristes ou par la proximité de la Mayenne. Mais l'Agence régionale de santé (ARS Bretagne) se veut plus sereine et s'apprête à livrer le fruit des investigations qu'elle mène actuellement.
L'annonce ce mercredi soir de 110 nouveaux cas de Covid-19 en 5 jours en Bretagne peut soulever des questions. Au lendemain du 14 juillet, l'ARS annoncait aussi pour la première fois depuis des semaines dans notre région, qu'une nouvelle personne avait été admise en réanimation.
La Bretagne: terre de foyers épidémiques?
Sur notre page Facebook les commentaires soufflent le chaud et le froid:
"Et bien oui ils veulent les touristes, à tout prix des vacanciers et bien voilà maintenant la flambée du covid..."
"Les hôpitaux sont vide, arrêtez de faire peur aux gens!
"Surtout avec malheureusement un grand relâchement des gestes barrières et du port du masque..."
Alors que nous entrons dans la période de transhumance estivale la plus forte, il est légitime de se poser la question de savoir si l'épidémie ne serait pas en train de se relancer en Bretagne, région touristique par excellence. Mais en réalité la circulation du virus a repris de façon logique avec la levée du confinement, dans la France entière, et le taux de reproduction du virus (R) est remonté juste au-dessus de 1 comme l'indiquait Santé Publique France le 9 juillet.
En Bretagne, on a constaté dans les cinq derniers jours une hausse du nombre de personnes testées positives, et nos courbes de l'évolution du nombre de cas de Covid-19 présentent effectivement une remontée sur la deuxième semaine de juillet avec des niveaux plus forts tout particulièrement dans deux départements bretons:
- 703 (+48 en 5 jours) personnes résidant dans le Finistère.
- 785 (+30 en 5 jours) personnes résidant en Ille-et-Vilaine.
Le nombre de cas positifs augmente en proportion du nombre de tests
Contactée ce jeudi matin, l'Agence régionale de santé bretonne ne veut pas s'alarmer de ces résultats mais plutôt éclairer les populations sur ce que veulent dire ces chiffres.
La fin du confinement s’est accompagnée d’une augmentation massive des tests de dépistage et il est donc normal que dans l'absolu, on décompte plus de personnes atteintes quand on se donne la peine de tester la population plus massivement. Et ce d'autant plus que les dépistages ciblent plus fréquement des zones où les autorités ont détecté un risque potentiel.
Le test est aussi indiqué à toute personne qui présente des symptômes et à toutes celles qui auraient été en contact avec des personnes malades.
Depuis que les tests sont disponibles, les médecins proposent le dépistage à tout patient qui présente un symptôme suspect. De fait la proportion des cas positifs augmentent à la fois parce qu'on fait plus de dépistages mais aussi auprès d'une population qui a plus de probabilité d'être testée positive. À l'inverse, comme une photographie de la population générale, un dépistage populationnel est organisé dans les Côtes d'Armor.
La Bretagne est pour l'instant plutôt épargnée
Plus de 8 900 tests RT-PCR ont été réalisés en Bretagne lors de la semaine 27 (29 juin - 5 juillet), cependant le taux de positivité y reste faible (Nombre de personnes testées positives divisé par le nombre de personnes testées, sur les 7 derniers jours consolidés).
Le taux d'incidence est plus parlant. Il représente le nombre de nouveaux cas de coronavirus, diagnostiqués par test PCR sur les sept derniers jours, rapporté au nombre d’habitants (et non pas seulement le nombre de personnes testées).
Le seuil d'alerte est considéré atteint quand il dépasse 50 pour 100 000 habitants. C'est le cas en Mayenne où il est actuellement de 52,7 contre 5,4 dans le Finistère et 2,6 en Ille-et-Vilaine, 1,8 dans les Côtes-d'Armor et 0,8 dans le Morbihan.
Est-ce qu'on nous cache des clusters en Bretagne?
L'ARS rappelle qu'un cluster, ou foyer épidémique, est considéré comme tel à partir du moment où trois personnes d'une même zone sont testées positives. On n'a pas de cluster au sens des situations vécues en début d'épidémie dans le Morbihan (Auray) ou en Ille-et-Vilaine (Bruz).Aujourd'hui l'ARS préfère parler de cas groupés dont elle assure le suivi dans des collectivités telles que des entreprises, des Ehpad, des écoles et maintenant des centres de vacances comme le centre aéré de Plérin.
Une communication plus précise dans les prochains jours
L'ARS Bretagne s'apprête à communiquer très prochainement avec la Préfecture de Bretagne et à produire une analyse plus fine des résultats des dépistages actuels en particulier sur les situations de cas groupés. L'ARS rendra compte de ses observations suite aux campagnes menées dans les entreprises et surtout les abattoirs.
Le service de communication de l'ARS précise que des campagnes spécifiques sont également menées auprès de publics identifiés "personnes vulnérables", notamment les résidents des structures d’hébergement collectif et les personnels exerçant dans ces établissements (aide-soignants) ou auprès des personnes (aide à domicile). Un point sera fait sur l'opération de test massif dans les Côtes d'Armor (dépistage populationnel) suite aux bons délivrés par l'Assurance Maladie.
En attendant le plus sûr pour vaincre ses inquiétudes est de porter le masque dans tous les lieux clos. Ce sera le cas d'ici quelques jours, dès la semaine prochaine, Jean Castex, le Premier ministre l'ayant annoncé ce 16 juillet.