Du mobilier, des objets en tous genre, des vêtements. Samedi, les contenus de quatre maisons étaient adjugés sur place dans les Côtes d'Armor. Ce genre de vente reste atypique autant pour le commissaire-priseur que pour les futurs acheteurs.
Karl Benz est commissaire-priseur. Samedi, il a enchaîné des ventes dans le département des Côtes d'Armor, à Yffiniac, Langueux ou encore à Pléneuf-Val-André. Ces enchères concernaient le contenu de maisons dont les propriétaires sont morts. Ici, tout devait disparaître, de la cave au grenier, pas de lots comme habituellement dans les salles de vente.
Caves à vin, vêtements, meubles, il y a parfois quelques trésors, comme des services en verre de cristal, des objets anciens dans des matières nobles. Parmi les acheteurs potentiels, Cindy, brocanteuse, habituée de ce genre de vente. "On sait ce qui est intéressant ou non. Ces ventes globales sont plus attractives, au niveau prix."
Chineuse, Catherine, expérimentait elle ce concept pour la première fois. Curieuse et gênée à la fois. L'esprit des propriétaires plane, une impression renforcée par le lit encore fait, les costumes toujours suspendus dans les armoires. "C'est très spécial de rentrer chez quelqu'un, on a une maison où il manque juste la personne. On voit les objets de la vie courante."
Karl Benz, en charge de ces ventes confirme l'émotion ressentie par Catherine. "La porte a été fermée, plus personne n'a pénétré dans cette maison depuis le décès de son occupant. On rentre dans une intimité la plus totale. C'est assez difficile de se retrouver seul dans cette maison, dans des affaires qui ne sont pas les vôtres, avec le souvenir de l'habitant qui est bien présent. On met un coup de marteau sur toute une vie. Emotionnellement, c'est fort. Il faut aussi gérer l'émotion des proches."
Une vente en un seul coup de marteau
Une fois la visite de 30 minutes terminée pour chaque lieu, le commissaire-priseur a rappelé les conditions. "Cette vente se fait en un seul et unique coup de marteau. Charge à vous de vider la maison entièrement, de la cave au grenier, avec un délai raisonnable pour le faire. Et de passer un coup de balai."
Les mises à prix sont basses, entre 150 et 500 euros selon les maisons. En cinq minutes, la vente est actée. Pour l'acheteur, c'est un peu un pari car impossible pour lui d'appréhender le contenu précis de chaque pièce. Dominique, débarasseur sait qu'il aura du pain sur la planche. "Il y a plein de boîtes, on verra bien ce qu'il y a dedans. J'ai un mois de boulot je pense, pour tout vider. On a acheté du travail" dit-il.
"C'est ce qui fait tout l'intérêt de l'acheteur, que des choses n'ont pas été vues ou pas fouillées. Chaque parti est bien conscient de tout ça" résume Karl Benz.