Pas de jours fériés ni de dimanches pour les équipes chargées du "tracing", l'identification des patients zéro et des cas contacts. Dans les Côtes d'Armor, elles ont pu absorber le pic lié aux foyers épidémiques du Trégor et ensuite du Mené, après les 69 cas détectés à l'abattoir de Kermené.
Voilà maintenant une semaine qu'ils sont sur le pont, 7 jours sur 7, de 8 heures à 19 heures.
Eux, ce sont les agents de l'équipe tracing de la Caisse Primaire d'Assurance Maladie des Côtes d'Armor, une trentaine de personnes spécialement formées pour passer les appels du téléservice "Contact Covid". Le but de leur mission est simple : identifier le plus rapidement possible les patients zéro et les cas contacts qui les ont approchés.
En temps ordinaire, Jérôme Cagin est médecin biologiste rattaché au Centre d'examen de santé. Depuis le mercredi 13 mai, il est venu renforcer l'équipe constituée de professionnels habitués à être en contact avec des patients.
Aujourd'hui, il assure la permanence de l'après-midi, entre 13H30 et 19H00. Nous profitons d'une courte pause pour le joindre. "En général, les gens que j'appelle ne sont pas surpris de recevoir mon coup de fil", explique-t-il. "Soit parce que le patient zéro avec lequel ils ont été en contact les a appelés, soit parce qu'ils ont été prévenus de la démarche par leur médecin traitant".
Le médecin traitant en premier maillon
C'est en effet le médecin généraliste qui est le premier maillon de cette chaîne. Il repère les patients atteints de Covid-19, complète leur dossier dans une base spécifique sécurisée, avant de passer le relais à l'Assurance Maladie.
La priorité est alors d'effectuer un recensement exhaustif de toutes les personnes ayant été en contact avec le patient, et pas seulement celles de son foyer. Il faut alors les appeler dans les 24 heures qui suivent la saisie initiale du médecin.
Casser la chaîne de transmission du virus
Pour ces personnes contact, des tests peuvent alors être prescrits, tout comme un arrêt de travail, sans aller chez le médecin. Il leur est également demandé de s'isoler afin de casser la chaîne de contamination.
"Pour casser la chaîne de transmission du virus, nous avons mis en place une chaîne de solidarité", résume Elodie Poullin, la directrice de la CPAM des Côtes d'Armor. "C'est pour cela que le service doit fonctionner tous les jours. Pour le moment, il n'y a pas de coupure possible, si nous voulons rappeler tout le monde dans les 24 heures. En une semaine, 300 personnes ont été appelées dans les Côtes d'Armor".
Une montée en charge anticipée
Des chiffres que sont venus gonfler les foyers épidémiques de Lannion dans le Trégor et de l'abattoir de Kermené dans le Mené.
"Nous avons eu une montée en charge, mais toutes les fiches sont traitées au fil de l'eau", assure Jérome Cagin. "En fin de journée, tout ce qui devait être traité l'a été".
Quand des clusters sont identifiés, c'est l'Agence Régionale de Santé qui prend en charge le déclenchement des tests et la campagne de dépistage. L'Assurance Maladie s'occupe ensuite du traçage. "Par exemple, depuis ce week-end, on a anticipé le cluster de Saint-Jacut-du-Mené en adaptant nos effectifs disponibles", explique Elodie Poullin. "Pour Lannion comme pour Kermené, on a pu absorber sans problème. Et si le besoin s'en faisait sentir, on peut faire appel à nos collègues des autres départements, l'entraide peut se déclencher à tout moment".
Laissons Jérôme Cagin reprendre ses entretiens téléphoniques.
Lui et ses collègues seront sur le pont pour l'Ascension.