Le fonds de dotation Merci, initiateur du projet Horizon qui visait à accueillir des migrants à Callac, vient de porter plainte contre X pour "harcèlement" et "provocation à la haine". Les mécènes et leurs avocats souhaitent établir la "complicité" de l'extrême-droite dans ces agissements.
Le fonds de dotation Merci, à l'origine du projet visant à accueillir des migrants à Callac, dans les Côtes-d'Armor, a déposé plainte pour "harcèlement" et "provocation à la haine", ce 13 avril 2023.
La famille fondatrice de l'association a été la cible de "messages injurieux, menaçants et antisémites, explique son avocat, Me Vincent Brengarth. Pour ces raisons, nous avons décidé de déposer plainte contre X devant le procureur de la République de Paris pour harcèlement en ligne, provocation à la haine ou encore injure à raison de l'appartenance vraie ou supposée à une religion" ajoute-t-il.
La plainte vise également "une probable complicité de médias qui ont laissé planer un climat nauséabond" souligne Me Brengarth, pointant le site Riposte Laïque. "Nous attendons une réaction extrêmement forte de la justice et des pouvoirs publics, dit-il, car il est impensable que des municipalités renoncent à des projets aussi importants en raison du climat d'intimidation que cherche à faire peser une minorité".
"Des méthodes mafieuses"
Faciliter l'intégration de réfugiés par le travail tout en revitalisant un territoire rural, c'était en substance le pari du projet Horizon à Callac, lequel avait donné lieu à la signature d'une convention entre la municipalité et le fonds de dotation Merci. "Il est question d'insertion par le travail" déclarait à l'époque le maire de ce bourg de 2.400 habitants qui listait "70 à 75 emplois non pourvus" dans la commune.
Ce projet a fracturé le village en deux camps : les pour et les contre. Sous la pression des opposants à Horizon, emmenés par plusieurs partis et mouvements d’extrême droite et identitaires dont Reconquête, et face aux menaces de mort reçues par les élus, le maire de Callac a fini par jeter l'éponge. Le projet a été abandonné en janvier dernier. "C'est dommage qu'on en arrive là, avait indiqué l'édile. C'était un projet humain d'une très grande valeur, sans doute très important pour Callac dans l'avenir".
Benoît Cohen, administrateur du fonds Merci, déplore "des méthodes mafieuses, avec des menaces de mort, de viol, une violence quotidienne qui ont fini par payer puisque les gens avaient peur".
Des journalistes eux aussi menacés
L'action judiciaire lancée par le fonds de dotation doit également permettre de faire la lumière sur "la complicité de certains partis politiques" souligne Me Brengarth, avec au premier chef le parti Reconquête d'Eric Zemmour. "Il y a un stratagème politique de partis qui cherchent à instrumentaliser des initiatives comme l'installation de réfugiés à Callac avec des visés électorales" estime l'avocat.
Plusieurs plaintes ont également été déposées par des journalistes, eux aussi visés par des menaces de mort après avoir couvert les événements de Callac. C'est le cas du Poher, l'hebdomadaire du Centre-Bretagne, qui, outre les menaces de mort, a été la cible d'une alerte à la bombe le 20 février. France Télévisions a, elle aussi, porté plainte contre le site Riposte Laïque après qu'une journaliste de France 3 Bretagne a été victime d'injures et de menaces en ligne.
Du côté du maire et des élus de Callac, "16 plaintes" sont en cours, selon Chloé Freoa, la directrice du Fonds de dotation Merci qui précise que le projet Horizon pourrait voir le jour dans une autre commune.
(Avec AFP)