Une nouvelle association voit le jour en Bretagne. Elle s'appelle Splann ! et veut faciliter les enquêtes journalistiques, en breton et en français, explorer les sujets qui agitent la région, "sans tabou".
Favoriser les enquêtes journalistiques, c'est l'ambition de l'association Splann ! ("clair" en breton) qui s'est lancée en début de semaine et dont le siège se trouve à Guingamp. Faustine Sternberg, journaliste dans un hebdomadaire en Centre Bretagne et membre du comité éditorial nous en explique le fonctionnement.
Quel est l'objectif de Splann ! ?
"Notre envie, c'est de développer les investigations et les enquêtes en Bretagne. Aujourd'hui, on voit bien que c'est compliqué d'enquêter. Peu de médias se dédient à ce long format. Cela faisait un moment qu'on avait ce projet en tête. Le travail d'Inès Léraud (journaliste qui a enquêté sur les algues vertes et l'agro-alimentaire) nous a aussi donné envie de le mener à bien.
Le choix de la région est important. On y habite, on y travaille, on a nos sources déjà établies. C'est primordial d'avoir une assise dans notre territoire. C'est ce que pense d'ailleurs Disclose (site web d'investigation fondé il y a deux ans), notre parrain, qui voulait encourager les enquêtes au niveau local.
La Bretagne est aussi une région symbolique, à plusieurs titres, comme le secteur agro-alimentaire, qui draine d'autres problématiques : l'environnement, l'alimentaire. Cela en fait presque un modèle, elle est regardée de près sur ces sujets. On sait que les citoyens sont demandeurs. Après, on n'exclut rien comme thème. L'idée, c'est de ne pas avoir d'ornière, pas de tabou.
Dans le monde agricole, les rapports sont de plus en plus tendus, entre les agriculteurs, les riverains, les élus politiques de tous bords. Pour trouver des solutions, nous devons mener un travail journalistique approfondi, pour informer les gens sur ces sujets, avec sérieux et précision. Et révéler ce qu'il y a à révéler, même si ça ne plaît pas à tout le monde"
Pour le contenu, nous sommes ouverts à toutes sugggestions. Des lanceurs d'alerte peuvent prendre contact, des gens qui se rendent compte de choses ou s'interrogent sur leur territoire. Le comité éditorial étudiera ensuite les propositions."
Comment allez-vous financer ces enquêtes ?
"C'est un appel aux citoyens, via un financement participatif. Pour nous, c'est l'ADN de tout média indépendant, les citoyens seront les garants de notre liberté. Plus tard, nous développerons des partenariats avec des associations ou des fondations. On restera transparents sur cette question, en publiant nos comptes. Nous aimerions financer 1 à 2 journalistes, entre 6 mois et 1 an, sur des thématiques précises. A titre d'information, pour 6 mois sur une enquête à mi-temps, on évalue la rémunération à 10 000 euros minimum.
Le but ensuite, c'est que l'information soit accessible à tous, car nous considérons que c'est un bien commun. Les enquêtes seront en ligne sur notre site, gratuitement, ou relayées par d'autres médias."
Vous allez aussi écrire en breton, pouvez-nous nous expliquer la place de la langue ?
"Une bonne partie de nos membres sont bretonnants. Pour nous, il n'y avait pas de raisons qu'ils ne puissent pas travailler en breton. Tout sera traduit, il s'agit d'offrir du contenu de qualité, dans cette langue."
La première enquête de Splann ! est attendue courant mars, mais impossible d'en savoir plus à l'heure où nous finissons cet article. L'association en prévoit au moins trois pour 2021.