Des oeuvres de plasticiens, incendiées il y a deux semaines quelques heures, seulement après leur installation près d'une chapelle du XVè siècle, à Lanrivain (22), ont été recréées à partir des éléments détruits et réinstallées samedi, selon les organisateurs du festival "Lieux Mouvants".
Ce vernissage s'est déroulé juste avant le pardon de Saint-Antoine, auquel la chapelle est dédiée, en présence d'élus, dont le maire Mathieu Geffroy de la commune, Lanrivain (Côtes d'Armor), des plasticiens, de la directrice du FRAC de Bretagne, Catherine Elkar et de quelques dizaines de personnes.
Pour Jean-Michel Le Boulanger, vice-président du conseil régional de Bretagne en charge de la Culture, et présent samedi, ces destructions suscitent "de la colère. Ce sont des oeuvres très douces, extrêmement inscrites dans l'histoire des lieux et le paysage de cette chapelle, aucunement provocantes (...) c'est une rencontre entre des traditions vivantes et la culture contemporaine". "Nous devons être tous vigilants, c'est la responsabilité du politique", a-t-il déclaré.
Enquête en cours
Une plainte a été déposée par l'association organisatrice "Dialogues avec la nature" et une enquête est en cours, mais sans résultat jusqu'à présent. Le festival "Lieux Mouvants" a pour objectif de faire découvrir chaque été "les paysages secrets deBretagne intérieure en y amenant grands artistes, spectacles innovants, naturalistes et jardins éphémères".Trois oeuvres monumentales
Deux hautes bannières (3,50m) dédiées à Saint-Antoine, suspendues de part et d'autre de la rosace centrale au chevet de la chapelle, ont été raccrochées samedi. Pour marquer l'évolution par rapport à l'accrochage initial, leur auteur, l'artiste Pierre Buraglio, y a taggé le premier vers du poème de Paul Eluard, "Liberté". L'autre plasticien, François Seigneur, a récupéré des débris de son oeuvre originale-un ensemble d'ex-votos plantés en terre au sommet de près de 2.000 bâtons colorés- et les a rassemblés sur un genre d'autel.
Monumentale, la troisième oeuvre, oeuvre du plasticien Marc Didou, est composée d'arbres en fonte réalisés à partir d'arbres de transmission industriels, découpés en écailles d'une vingtaine de centimètres. Elle a été épargnée. Ces installations étaient prévues pour rester trois mois en place.