Deux ans, presque jour pour jour après une première intimidation, la journaliste bretonne Morgan Large, auteure d'un documentaire sur les dérives du monde agroalimentaire breton, vient d'être victime d'un nouveau sabotage de sa voiture. La roue de son véhicule a été complètement dévissée dans la nuit du 23 au 24 mars dernier. Elle a porté plainte.
Le 24 mars dernier, alors qu'elle vient de prendre le volant de son véhicule, Morgan Large s'aperçoit que sa voiture fait un bruit inquiétant. De fait, ce sont les écrous de la roue arrière gauche qui sont presque complètement dévissés. "Mon garagiste m'a dit que je perdais ma roue" indique-t-elle.
La journaliste d'investigation, auteure d'un documentaire sur les dérives de l'agroalimentaire revit le même scénario que deux ans plus tôt, lorsqu'après la diffusion de son enquête, des inconnus avaient déjà dévissé une roue de sa voiture.
Il y avait eu aussi au même moment la double tentative d'effraction dans les locaux de Radio Kreizh Breizh pour laquelle Morgan Large collabore. À cette époque, plusieurs plaintes avaient déjà été déposées. Elles ont fait l'objet d'un non-lieu en décembre dernier.
Ce sont des méthodes quasi-mafieuses
Morgan Largejournaliste d'investigation
"Je pensais que c'était derrière moi, que la médiatisation m'avait protégée" avoue-t-elle. Dans la foulée, elle conclut :"ce sont des méthodes quasi mafieuses."
La journaliste a porté plainte le jour même auprès de la brigade de gendarmerie de Rostrenen. Un document que nous avons pu consulter. Il fait référence à deux témoignages importants.
La confirmation des faits par le garagiste et le témoignage d'une personne qui avait été transportée la veille entre Rennes et le secteur de Carhaix dans le véhicule de la journaliste sans connaître la moindre difficulté.
Une intimidation inquiétante
Alan Kloaregprésident du Conseil d'administration de RKB
Un nouveau scénario qui, pour Alan Kloareg, Président du Conseil d'administration de Radio Kreizh Breizh est "inadmissible" et "lié à son travail". Pour lui, "cette intimidation est inquiétante". Et il ajoute qu'il participe "du climat permissif dans le coin". Le Conseil d'administration de RKB qui souhaite que "la justice fasse son travail et que le ou les auteurs soient interpellés."
De son côté, la journaliste cherche à comprendre ce rebond d'intimidation. "C'est flippant. Et j'ai repensé à ce qui s'est passé pour d'autres. Les menaces de morts contre le journal Le Poher, les menaces aussi contre le maire de Callac et celui de Saint-Brévin-les-Pins."
Une journaliste qui, à l'époque des premiers faits, avait demandé à pouvoir bénéficier d'une protection policière, grâce à la mise à disposition d'un téléphone d'urgence. Une demande qui lui avait été refusée.
Un dossier pour lequel nous avons joint les services de gendarmerie et le procureur sans obtenir de réponse pour l'instant.