La ministre de l'Environnement Ségolène Royal, opposée à l'autorisation d'extraction de sable coquillier en baie de Lannion, a décidé lundi de lancer une inspection sur les conditions de réalisation du chantier qui pourrait décider de l'avenir du site.
La ministre a reçu lundi les élus de la baie et le président de l'association du Peuple des Dunes, hostiles au projet d'extraction, défendu depuis 2010 par la Compagnie armoricaine de navigation (CAN). Une inspection du Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) va examiner dans les prochains jours les conditions de réalisation des deux premières campagnes d'extraction réalisées par la CAN, explique-t-on au ministère de l'Environnement.S'il s'avère que les conditions qui constituaient soit un préalable, soit une condition de l'extraction, n'ont pas été remplies, l'arrêté autorisant l'extraction sera suspendu, affirme le ministère.
L'inspection, qui doit commencer "dans les prochains jours", devrait prendre une à deux semaines.
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Entre 3.800 et 5.000 personnes se sont rassemblées dimanche à Lannion pour protester contre l'extraction. Celle-ci a commencé dans la nuit de mardi à mercredi, au lendemain d'une décision de justice rejetant un recours engagé par des opposants au projet. L'Ifremer sera en outre chargé d'examiner "l'état de référence des milieux" naturels fourni par l'exploitant avant le début des travaux. Enfin, les raisons pour lesquelles l'extraction ont eu lieu la nuit "devront être éclaircies".
L'extraction avait été autorisée en avril 2015 par le ministre de l'Économie de l'époque, Emmanuel Macron. Mais, en fonction des conclusions de l'inspection, le ministère de l'Environnement aurait, de par son mandat, le pouvoir d'intervenir auprès du préfet sur l'opportunité de poursuivre le chantier. La zone concernée, une dune sous-marine, représente une superficie de 4 km2 environ. La concession est accordée pour une durée de 15 ans, le volume d'extraction est limité à 250.000 m3 par an. Ce sable calcaire est destiné à amender les terres agricoles, afin de diminuer leur acidité. La colère des opposants au projet a redoublé depuis que la CAN a commencé l'extraction, en pleine nuit, entre mardi et mercredi, au lendemain du rejet par le tribunal administratif de Rennes du recours déposé par plusieurs communes. Ils ont décidé de faire appel.
La zone concernée est une dune sous-marine indispensable, selon les professionels de la pêche. Elle est de surcroît située entre deux sites protégés (Natura 2000), et "susceptible de les affecter de manière significative", estime le ministère. "Cette extraction est également susceptible de porter atteinte au lançon, poisson qui a fait de cette zone un lieu de reproduction et qui entre dans la chaîne alimentaire de nombreuses espèces. Enfin des pêcheurs ont observé que des fosses avaient été constituées au cours des extractions, ce qui est strictement interdit", ajoute-t-on au ministère.