Depuis près de 70 ans, le pardon des Sept Saints attire fidèles catholiques et musulmans chaque fin de juillet sur la commune du Vieux-Marché, près de Lannion dans les Côtes d'Armor. Un week-end de prières communes, de dialogue et d'écoute.
Cette année, du fait des conditions sanitaires, le programme du pardon islamo-chrétien des Sept Saints avait été allégé. Ainsi, les animations habituelles de fête et de rencontres comme le concours de boules, la restauration ou encore le petit marché d'artisanat local avaient été annulées.
Pour autant, ce dimanche, plus de 200 personnes, chrétiens, athées et musulmans étaient présents. Ils ont assisté en matinée dans la chapelle des Sept Saints, à la messe solennelle. Un moment de prières, d'unité et de fraternité qui s'est poursuivi par la déambulation au pilier de la paix, afin "d'entendre le message humaniste de la rencontre" et du temps musulman à la fontaine, autour de la sourate 18 du Coran.
Une "histoire" commune
Car depuis près de 70 ans, chrétiens, musulmans, athées, se retrouvent chaque année au Vieux Marché, tous unis dans un message de paix, autour d'une histoire commune, celle des "Sept dormants d'Ephèse".
La légende des "Sept dormants d’Ephèse" se déroule au milieu du IIIe siècle en Asie mineure. Sous le règne de l’empereur romain Dèce, les chrétiens sont vus comme une menace. Selon la légende, sept officiers originaires d’Ephèse refusent d’abjurer leur foi pour satisfaire au culte impérial. Dans leur fuite, ils se réfugient dans une caverne du mont Célion. Pendant leur sommeil, l’empereur les fait emmurer vivants. 177 ans plus tard, sous le règne de Théodose II, la grotte est réouverte et on y trouve les sept hommes réveillés et en pleine forme. (Source : En Envor)
Or cette légende chrétienne est racontée de façon très semblable dans la sourate 18 du Coran, dite de la Caverne. Le livre sacré de l’islam date quant à lui du VIIe siècle.
En 1954, Louis Massignon, un célèbre Islamologue français remarque les similitudes entre ces deux récits. Alors que la guerre d'Algérie commence, le savant français qui a des amis musulmans en Algérie se dit que réunir ces religions dans cette chapelle autour d'une histoire commune est une manière de "témoigner que par la diversité des croyances, on peut vivre ensemble et être surtout des artisans de paix."
Pour Mehand Lheddadene, imam de Lannion, "on était dans le 'vivre ensemble' et là, on veut aller vers le 'agir ensemble'. Ce type d'initiative permet d'aller au-delà du simple fait d'accepter l'autre et de voir comment on peut agir pour aller vers un monde meilleur."