COP15. "Un gros effet d’annonce, mais rien de contraignant." Le biologiste, Pierre-Henri Gouyon, doute des impacts réels

Faute de mesure contraignante, les promesses de la COP 15 risquent de rester lettre morte. Le biologiste, Pierre-Henri Gouyon, biologiste, dresse un constat amer du grand rendez-vous mondial pour la sauvegarde de la biodiversité, qui s’est achevé ce lundi 19 décembre.

Un pacte de paix avec la nature. C'est ainsi qu'a été présenté l'accord conclu à la Cop 15 de Montréal au Canada, ce lundi 19 décembre. Plus de 190 Etats se sont mis d'accord pour protéger 30 % de la planète, restaurer 30 % des écosystèmes ou encore réduire de moitié les risques liés aux pesticides avant 2030.

De belles idées, mais quid de leur mise en pratique s’inquiète Pierre-Henri Gouyon. Professeur émérite au Museum National d’Histoire Naturelle. Ce biologiste spécialiste de génétique, de botanique et d'écologie souligne l’absence de contraintes. Installé à Plouaret dans les Côtes-d’Armor, il a répondu aux questions de France 3 Bretagne. 

  • Se réjouit-on trop vite de ces accords pour sauver la biodiversité ?

Comme pour la Cop 21 à Paris pour le climat, il y a un gros effet d’annonce. Malheureusement il n’y a rien de contraignant dans ce qui est prévu. On dit que tout va aller beaucoup mieux, qu’on va faire la paix. C’est bien qu’on le dise, c’est déjà ça parce que si on n’en parlait pas, ce serait encore bien pire.

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  • Pourtant les engagements vont dans le bon sens ?

Tout ce qui est dit va dans le bon sens, mais au niveau de l’application, ce n’est pas là. On dit qu’on va protéger plus d’aires mais on ne sait pas ce que veut dire « protéger ». Et il n’y a rien qui contraigne.

  • L’accord prévoit de réduire de moitié les risques liés aux pesticides. Une mesure à saluer, tout de même ?

Les pesticides sont la plus grosse menace sur la biodiversité à l’heure actuelle. On a perdu 75% de la biomasse d’insectes dans les zones protégées européennes en 30 ans à cause des pesticides. Ils sont le facteur majeur de l’effondrement de la biodiversité. 

  • Pourquoi doutez-vous de la mise en œuvre de ces accords ?

En France, on a dit, dans le plan Ecophyto (de 2009) qu’on allait réduire de 50 % les pesticides. Dix ans plus tard, on s’est rendu compte qu’on avait augmenté la quantité de pesticides utilisés. Tant qu’il n’y a pas d’obligation, on peut craindre que ce soit un effet d’annonce. Et il y a de quoi s’inquiéter car dès ce mardi 20 décembre, l’Europe a dit qu’elle demandait une nouvelle étude sur l’impact des mesures de restrictions des pesticides. On peut craindre que l’Europe sorte une étude qui dise que les pesticides, ce n’est pas si grave que ça, qu’il y en a absolument besoin pour l’agriculture et que ce n’est pas possible de réduire leur usage.

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