A Trégastel, le projet d'extension du bâtiment d'un club de vacances, à quelques mètres de la plage, rencontre une vive opposition. Meilleur accueil des touristes, dit le maire. Bétonisation et dégradation du site, clament les opposants. Le tribunal administratif doit trancher.
Un balcon avec vue sur la plage du Coz-Pors, à Trégastel, l’un de ces sites remarquables que l’on retrouve constamment en photo dans les magazines ou livres qui vantent le patrimoine naturel breton. L’idée est séduisante.
En tous cas, pour celui qui sera sur le balcon, et pour celui qui lui vendra l’emplacement (en l’occurrence le groupe Belambra, un des leaders des clubs de vacances en France). Pour les autres, la pilule a du mal à passer.
45 nouveaux logements pour les touristes de passage
Le projet d’extension du bâtiment Belambra prévoit une construction de dix mètres de hauteur, abritant 45 nouveaux logements, à quelques dizaines de mètres de la plage... et d’une zone Natura2000.
Au nom d’un meilleur accueil des touristes, qui font en partie vivre la ville, le maire de Trégastel, Xavier Martin, a validé le permis de construire, grâce à une interprétation assez souple de la loi Littoral.
Un projet contesté en justice
Chez les opposants au projet, la contestation s’est organisée. La FAPEL (Fédération des associations de protection de l’environnement des Côtes d’Armor) a déposé un recours gracieux. Une stratégie en partie gagnante pour le plaignant, puisqu'en février 2021 le tribunal administratif de Rennes a demandé à Belambra de revoir partiellement sa copie. La FAPEL a toutefois décidé de faire appel de ce jugement, ayant identifié de nouveaux manquements dans le permis de construire et espérant l’annuler purement et simplement.
La contestation a pris aussi une forme populaire
Un collectif regroupant des amoureux de la côte de granit rose a lancé en septembre 2021 une pétition en ligne intitulée "Halte au bétonnage".
"Cette construction est un projet d’un autre temps, où toutes les erreurs s’accumulent, estime Guillaume Auger, qui a lancé cette pétition. La bétonisation du littoral au profit des promoteurs, le tourisme de masse, la dégradation de l’environnement. En plus, d’un point de vue économique, ce projet n’est pas rentable pour la mairie".
Pour reprendre l’expression de Jean-Yves Le Drian il y a une dizaine d’années, la Bretagne ne veut pas d’une Breizh Riviera.
Guillaume Auger, initiateur de la pétition "Halte au bétonnage"
Deux mois plus tard, cette pétition regroupait 66000 signataires ! C’est au bas mot 25 fois la population de la commune. "Tous des touristes potentiels", se plaît à dire Guillaume Auger, à l’initiative de la pétition. Des signataires qui viennent de toute la France mais on estime qu’entre 15 et 20% sont des électeurs trégastellois.
Certains messages sont virulents, comme celui de "J-François Regnard" : « Je ne suis malheureusement pas étonné du comportement de la mairie. Des bâtiments supplémentaires entraînent des recettes fiscales supplémentaires, Ce surcroit de recettes permettra quelques gaspillages supplémentaires. Tant pis pour la beauté de nos paysages qui sera un peu plus attaquée. Tant pis pour la pollution générée par le surcroît de touristes. Le maire pourra rouler les mécaniques devant ses collègues. Les conseillers pourront bénéficier d'indemnités plus importantes... Minable, tout ceci est minable".
D’autres s’interrogent plus simplement sur comment cela est possible, comme "Marie-Françoise Goedgebuer" : "Une fois de plus on massacre un site naturel au profit du bétonnage. Cherchez à qui profite le crime. Ils ne sont pas loin. Mais que fait la loi littoral ?"
Statu quo avant la décision de justice
Fin octobre, ces signatures et commentaires avaient été remis au Maire. Depuis, rien n’a bougé. Les opposants continuent de mobiliser les foules, alors que le maire attend la décision du tribunal administratif de Nantes, en appel. Probablement au printemps 2022.