Plus précoces cette année sur le littoral breton, plus nombreuses aussi, les marées vertes refont régulièrement parler d'elles, mais le phénomène n'est pas nouveau, apparu il y a une cinquantaine d'années.
Les algues vertes, encore appelées ulves ou laitues de mer, ont de tout temps existé en Bretagne. C'est seulement après-guerre qu'elles ont commencé à proliférer.
Après 1945
La Bretagne devient en quelques décennies, avec la bénédiction du général de Gaulle, la première région de France pour le porc, la volaille, les oeufs, le lait ou encore les légumes. Epandus dans les champs, les engrais azotés et les déjections animales finissent par enrichir les cours d'eau en nitrates qui, une fois arrivés à la mer, alimentent les algues vertes, principalement dans les vastes baies sableuses, à l'eau claire et peu profonde.
Premières alertes
Cette prolifération est documentée dès 1971. A cette date, le conseil municipal de Saint-Michel-en-Grève, une plage des Côtes-d'Armor particulièrement propice au développement des ulves, alerte le préfet et sollicite son "secours financier". Dans un texte consulté par l'AFP, les élus décrivent alors la "végétation verte abondante, gluante" qui recouvre la plage et "se décompose rapidement en masse blanchâtre, mousseuse, nauséabonde, transformant la grève de sable fin en un tas de fumier dont l'odeur infecte se répand jusqu'à l'intérieur des terres"."Tant au point de vue salubrité qu'au point de vue touristique", poursuivent-ils, "il s'impose de remédier au plus vite à cette situation".
Episodique au début, le phénomène s'étend progressivement dans le temps, ainsi qu'à d'autres baies. Mais il faut attendre le début des années 1980 pour qu'un lien soit scientifiquement établi entre agriculture et marées vertes, puis les années 1990 pour voir apparaître les premiers programmes de "reconquête de la qualité de l'eau".
2009 : une nouvelle étape est franchie
Plus qu'une question cosmétique, les ulves deviennent un problème de santé publique. Cet été-là, à Saint-Michel-en-Grève dans les Côtes-d'Armor, un cheval meurt asphyxié dans des algues vertes en putréfaction, et son cavalier est sauvé in extremis.Les politiques prennent enfin la mesure du phénomène, et les communes se mettent à ramasser systématiquement les ulves échouées sur leurs plages. Un an plus tard est lancé le premier Plan Algues vertes (PLAV). Le 2e du nom (2017-2021) entrera en vigueur cet été.
Moins de 5% du littoral breton est concerné par ces marées vertes.