Patrimoine. Un moulin de l’île d’Ouessant va renaître grâce à des apprentis costarmoricians

Le saviez-vous ? L'île d'Ouessant comptait une centaine de petits moulins pour moudre du blé et de l'orge. Un seul subsiste aujourd'hui et un second va être installé par des apprentis charpentiers en formation à Quintin dans les Côtes d'Armor. Plusieurs classes de CAP charpentiers et de tailleurs de pierre participent à sa fabrication. Les premiers tests en atelier commencent, avant de le monter, dans un mois, sur l'île du Finistère.

Ce n'est pas forcément connu mais il y avait encore une centaine de petits moulins à vent sur l'île finistérienne d'Ouessant au début du XXème siècle. Chaque hameau, depuis le XIXème siècle, avait le sien pour moudre grossièrement les grains d'orge. Ils ont tous peu à peu disparu et il n'en subsiste qu'un. C'est cette tradition perdue que tentent de restaurer les stagiaires du GRETA-CFA des Côtes d’Armor et les élèves du lycée Jean Monnet de Quintin (22) en redonnant vie à un moulin ouessantin.

Symbole d'un patrimoine disparu

Depuis trois ans, les apprenants tailleurs de pierre, maçons et charpentiers s’attèlent donc à la construction d'un moulin à vent d’environ 2,50 mètres, destiné à l’île d’Ouessant. Il a été commandé par la Mairie afin de redonner vie à un patrimoine disparu.

La Région Bretagne et l’Association des îles du Ponant prennent part au financement de ce projet qui a démarré en 2020. Il a été entièrement construit par trois promotions de stagiaires, ce qui en fait une oeuvre collective mais surtout tout un symbole. Après un montage à blanc au lycée de Quintin du 9 au 12 mai 2023, le moulin à vent sera démonté puis remonté sur l’île d’Ouessant du 6 au 8 juin 2023, puis totalement achevé en 2024 avec l'ajout des derniers éléments nécessaires à son fonctionnement. 

Aucun plan n'existait

Supervisés par les équipes pédagogiques - et plus particulièrement Jean-Yves Savidan, professeur en taille de pierre et maçonnerie et Denis Samica, formateur en charpente - les apprenants ont participé à toutes les étapes du projet : repérage sur site, conception des plans, commandes des matériaux, construction. Le défi était de taille pour reconstruire un moulin fidèle à ceux qui existaient, puisque tous les moulins sauf un avaient été détruits et qu’aucun plan n’existait. 

Au-delà de construire le moulin, l’objectif est qu’il fonctionne et qu’il puisse moudre du grain. "Un moulin comme celui-ci pouvait moudre 80 kilos de farine à l'heure", explique l'un des formateurs. 

Un moulin de 2,50 mètres comme projet pédagogique

Ce projet pédagogique original a aussi plusieurs avantages : "Travailler à taille réelle sur de belles charpentes comme celle-ci permet aux apprenants d'utiliser un bois différent, en l'occurence du chêne, qui ne se travaille pas de la même façon que le douglas utilisé pour les maquettes. Donc pour apprendre ce qu'est un chantier, c'est idéal". 

Les stagiaires de CAP charpente, tous en reconversion professionnelle après des carrières d'ouvrier, de cadre dans l'industrie, d'ingénieur aéronautique ou de biologiste, vont monter le moulin. Très motivé, Christophe mesure bien le vrai défi de ce projet : "Le bois est vivant. Donc quand il faut démonter et remonter, on peut avoir quelques surprises. C'est pour ça, on va essayer de retailler quelques bois pour ne pas être embêté sur place".

40 apprenants 

C’est donc un chantier-école unique en son genre auquel ont déjà pris part près de 40 apprenants. Ossature, charpente, ailes, meules ; tous ces éléments sont désormais construits et les essais d'assemblage faits en atelier. À noter que des pièces métalliques nécessaires à la fixation des ailes ont été conçues par des élèves en usinage du lycée Chaptal de Saint-Brieuc puis assemblées par les élèves en chaudronnerie du lycée Jules Verne de Guingamp.

L'acheminement par bateau ajoute des contraintes techniques

Le 5 juin, les matériaux, huit apprenants et les deux formateurs prendront la mer, direction l’île d’Ouessant. Cette étape a d’ores et déjà été organisée au millimètre près. Il est vrai que l’acheminement par bateau ajoute des contraintes techniques. L’assemblage et l’installation du moulin durera 3 jours.

Encore une année de travail 

Pour que le moulin soit complet et puisse fonctionner, une année de travail sera encore nécessaire. Le bardage bois, les voiles et le mécanisme restent à concevoir. Les finitions des meules seront, quant à elles, effectuées sur l’île. Les apprenants des promotions 2023-2024 du lycée Jean Monnet et du GRETA-CFA des Côtes d’Armor seront donc à nouveau mobilisés.

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