Les Bouches-du-Rhône se classent parmi les départements ayant le taux d'accueil le plus faible dans les structures d’accueil pour jeunes enfants, par le rapport de la Cour des comptes publié en décembre 2024.
Une offre d'accueil du jeune enfant insuffisante et une répartition trop inégale. Le constat est alarmant. Selon le rapport de la Cour des comptes publié le 12 décembre, avec 38 200 places, le département des Bouches-du-Rhône affiche le plus faible taux de couverture de Provence-Alpes-Côte d’Azur : avec seulement 49,3 % en 2022, 11 points en dessous de la moyenne nationale. Ce taux chute à 25 % ou moins, dans trois communes et deux arrondissements de Marseille. Une situation qui accentue les inégalités territoriales, notamment entre les zones urbaines comme Marseille et Aix-en-Provence et d’autres communes.
La Cour analyse la politique d’accueil du jeune enfant : une offre diverse mais inégale géographiquement, des financements publics peu soutenables et une nécessité de réformes pour améliorer l’accessibilité et la qualité des services.
— Cour des comptes (@Courdescomptes) December 12, 2024
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Des inégalités d’accès aux modes de garde
Si l’accueil collectif progresse grâce à l’essor des microcrèches privées (dites "Paje"), ces structures sont souvent localisées dans des zones solvables, laissant les communes rurales et les quartiers défavorisés de Marseille sous-dotés. En parallèle, on remarque que l’accueil individuel assuré par les assistantes maternelles est en déclin : leur nombre a chuté de 21,6 % entre 2015 et 2020.
Les disparités se reflètent également dans les taux d’occupation au sein des structures : alors qu’ils dépassent 90 % dans les microcrèches privées, ils sont parfois inférieurs à 70 % dans les crèches municipales. L’accueil individuel, souvent plus coûteux, reste difficile d’accès pour certaines familles, notamment les plus modestes.
Il est important de souligner que le montant varie également selon les types de crèches, mais aussi selon les territoires. Les crèches associatives, financées par la prestation de service unique (PSU) versée par la Caisse d'Allocations familiales (CAF) ont besoin d'un financement complémentaire qui n'est pas un montant unique, il varie selon les territoires.
Un frein pour l’emploi, surtout féminin
Le manque de solutions de garde affecte principalement les femmes, dont le taux d’activité reste faible dans le département. Les familles monoparentales sont aussi parmi les premières impactées. Bien que certaines initiatives locales, comme la réservation de places pour des parents en insertion, aient vu le jour, elles restent souvent au stade de l’expérimentation.
Les difficultés s’inscrivent dans un contexte socio-économique spécifique au département : 15 % de la population vit dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville, et le département affiche des taux de pauvreté et de chômage parmi les plus élevés de la région.
En parallèle, les entreprises peuvent réserver des berceaux dans les crèches, ce qui leur assure une priorité d'accès pour les enfants de leurs salariés. Ce système, qui constitue une ressource significative pour les crèches du secteur marchand, peut accentuer les inégalités d'accès.
Une pénurie de professionnels qualifiés
Cette situation s’explique par la pénurie de professionnels qualifiés qui constitue un obstacle majeur au développement de l’offre. Les éducateurs de jeunes enfants et les assistantes maternelles pointent des rémunérations faibles, des conditions de travail difficiles, ce qui engendre, d’ailleurs, un absentéisme chronique du personnel dans les structures d’accueil des enfants. La situation est aggravée par les départs massifs à la retraite des assistantes maternelles, qui ne sont pas compensés par un renouvellement suffisant.
Des procédures d'attribution qui manquent de transparence
Par conséquent, un schéma départemental ambitieux pour 2023-2026 vise la création de 10 000 nouvelles places, mais les acteurs locaux jugent cet objectif difficilement réalisable, pointe le rapport.
De plus, toujours selon la Cour des comptes, les procédures d’attribution des places manquent de transparence. Par exemple, les informations disponibles sur les plateformes qui recensent les places dans les structures d'accueil infantiles ne sont pas toujours exhaustives, ni actualisées. La plateforme monenfant.fr, conçue par la CAF, ne mentionne pas automatiquement les retraits d'agrément et ne communique pas les tarifs des assistantes maternelles. Enfin, il n'existe pas de plateforme unique recensant l'intégralité de l'offre d'accueil et des demandes des parents, ce qui complique les démarches des familles.