Grève dans les SAMU de Brest et Saint-Brieuc contre la loi visant à expérimenter un numéro unique d’appel d’urgence. Ces professionnels craignent que des appels nécessitant des soins d'urgence soient mal interprétés s'ils ne sont pas traités par des professionnels de santé.
Instaurer un numéro unique d'urgence : "une nécessité pour éviter de se perdre dans le dédale des 17, 18, 15, 112..." vous diront certains. "Une erreur qui pourrait coûter des vies humaines", craignent d'autres.
Le 27 mai dernier, les députés ont adopté à l'unanimité l'article 31 de la proposition de loi présentée par Fabien Matras (LREM) "visant à consolider notre modèle de sécurité civile et valoriser le volontariat des sapeurs-pompiers". Cet article va permettre de tester durant trois ans un numéro unique d'urgence pour les incendies, les problèmes de santé, les violences conjugales... Le territoire sur lequel sera testé ce numéro unique n'a pas encore été défini.
Les professionnels du SAMU craignent une perte de temps dans le déclenchement des secours
Ce dispositif est vu d'un très mauvais œil par les professionnels du SAMU qui craignent une perte de temps dans le déclenchement des secours et donc une diminution des chances de survie en cas d'urgence médicale.
Depuis le mardi 25 mai, des professionnels des SAMU du Finistère et des Côtes d'Armor sont donc en grève pour faire part de leurs inquiétudes. Une grève symbolique évidemment qui n'impacte pas les services d'urgence.
Les assistants de régulation médicale (ARM) redoutent de voir leur métier dévalorisé.
Yann Rouet est l'un d'entre eux. Il exerce à l'hôpital Yves Le Foll de Saint-Brieuc et est vice-président de l'AFARM (association française des assistants de régulation médicale) : "On travaille en binôme avec le médecin, on note l'adresse, l'identité et on priorise les degrés d'urgence. Dans certains cas très urgents, on peut envoyer des secours avant d'en référer au médecin."
La formation des ARM a été allongée après le drame de la mort de Naomi Musenga à Strasbourg
Yann Rouet a d'abord été ambulancier pendant 10 ans avant de se lancer dans la profession d'assistant de régulation médicale il y a 12 ans. Il reconnaît qu'à une époque pas si lointaine, les six semaines de formation des ARM pouvaient s'avérer très insuffisantes. "Beaucoup d'ARM avaient un passé de sapeurs-pompiers ou de secouristes, mais on trouvait aussi d'anciens commerciaux par exemple."
Et puis la mort de Naomi Musenga a fait l'effet d'une bombe. Le 29 décembre 2017, cette jeune femme de 22 ans décède parce que deux opératrices du SAMU de Strasbourg n'ont pas pris son appel au sérieux. Pire, elles se sont moquées d'elle. Après ce drame, la formation des ARM prend de l'ampleur et passe à 10 mois.
Les ARM demandent à être reconnus comme professionnels de santé
Aujourd'hui, les ARM craignent de voir leurs compétences se dissoudre dans le nouveau dispositif de numéro unique. "Officiellement, nous sommes des agents administratifs. Donc que va-t-on devenir demain ?" s'alarme Yann Rouet.
Le Briochin craint, comme nombre de ses collègues, que cette loi soit l'occasion de réduire les effectifs dans les centres de réception des appels. Pour pérenniser son métier et ne pas être réaffecté sur un poste administratif il souhaite que sa certification soit reconnue comme un diplôme d'état de professionnel de santé.