"Essayons de faire en sorte de ne pas rajouter de la souffrance". Accessoires, perruques : une boutique pour les malades de cancer

La boutique vient d'ouvrir ses portes à la fin novembre à Saint-Brieuc, dans les Côtes d’Armor. "reBelles", une boutique comme les autres, pleine de couleurs et de gaîté, ou presque. Elle est dédiée aux malades de cancers. Ils peuvent y trouver des vêtements adaptés pour les chimiothérapies, des prothèses mammaires ou capillaires, des cosmétiques adaptés et surtout beaucoup de chaleur et de compréhension.

L’idée de la boutique est sans doute née d’une très vilaine expérience. Quand Kristel Bonin, une des fondatrices de ReBelles a appris qu’elle était malade, une de ses amies l’était aussi. Un jour, elles sont parties toutes les deux chercher une perruque. "Nous sommes rentrées dans la boutique, avec toutes nos blessures, le fait d’être malades, d’être en traitement, d’avoir perdu nos cheveux, se souvient Kristel Bonin. Nous espérions un peu de douceur et de compassion. Au lieu de ça, on a eu affaire à un dragon qui nous a dit J’espère que vous avez repéré les perruques sur Internet parce que je ne vais pas passer mon après-midi là-dessus." Les deux femmes sont ressorties, atterrées.

"On sait qu’aujourd’hui, une femme sur trois, un homme sur deux auront un cancer. Essayons de faire en sorte de ne pas rajouter de la souffrance et des difficultés à la maladie", suggère Kriste Bonin.

Après l’épisode de la perruque, elle a beaucoup réfléchi. "J’étais dans une période de réflexion, qu’est-ce que je vais faire de ma vie d’après ?", confie-t-elle. J’avais envie de donner un autre sens à ma vie professionnelle et d’essayer de mêler mon expérience professionnelle dans le commerce, d’accueil, d’écoute, avec mon parcours dans la maladie."

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La boutique qu'elle aurait aimé trouver quand elle était malade

L’idée d’une boutique spécialisée est née ainsi. Avec une amie, une autre Christelle, qui elle, a accompagné ses parents dans la maladie, elles ont commencé à suivre des formations sur les prothèses mammaires, les prothèses capillaires pour accompagner au mieux patients et patientes.

Dans la petite boutique qui vient d’ouvrir à Saint-Brieuc, elles proposent perruques, foulards, turbans, cosmétiques (la chimiothérapie dessèche parfois la peau) et sous-vêtements pour les femmes qui traversent ou ont traversé un cancer du sein. Dans le soutien-gorge, une petite poche permet de glisser la prothèse mammaire. Il y a toute une gamme pour les différents moments de la maladie et même des maillots de bain. 

La boutique vend aussi des vêtements confortables pour la chimiothérapie. "Des choses avec des matières très douces et avec des boutons-pressions sur l’épaule. Comme cela, les infirmières peuvent accéder facilement au cathéter sans que les patients aient besoin de se déshabiller", décrit Kristel Bonin. 

"Pour ma première chimio, se souvient-elle, j’avais mis mon plus beau chemisier et mon plus beau rouge à lèvres. J’avais été opérée trois semaines plus tôt, et je me suis retrouvée dans une salle de chimio où on était trois, j’ai dû enlever mon chemisier qui ne s’ouvrait pas. Je venais d’être opérée, c’est un moment que je n’avais pas envie de renouveler."

Chaque bon ou mauvais moment de son parcours de soins l’aide aujourd’hui à conseiller et aider les malades. "En fait, résume Kristel, j’ai envie d’offrir aux gens ce que j’aurais voulu trouver à ce moment-là."

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Belles et ReBelles

"Quand on a un cancer, on n’est parfois plus que sa maladie ou qu’un numéro de chambre à l’hôpital. Nous avions envie de redonner confiance et estime de soi. Le principe c’est de continuer à vivre pendant le traitement. Notre ambition, c’est de faire en sorte que la personne reste une personne. Notre boutique est une boutique, pas du tout un lieu médicalisé."   

"C’est un endroit tout doux confirme Anna Kerguelen venue renouveler sa prothèse mammaire. Un lieu comme cela, ça dédramatise ma situation, la situation que peuvent vivre toutes les femmes atteintes par la maladie. Dans le salon d’essayage a-t-elle remarqué, les miroirs sont tout petits. Ça nous permet de ne pas être confrontés à l’image de notre corps si différent de celui que l’on avait auparavant. C’est une attention très délicate."

La boutique a reçu l’agrément de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie. " On partage des moments uniques avec les gens" se réjouit Kristel Bonin. " L’autre jour, une jeune femme est entrée pour trouver une prothèse capillaire. Elle était venue avec une amie mais elle ne voulait pas que cette amie l’accompagne jusque dans le petit salon d’essayage, et puis, elle a essayé une première perruque et on a vu le visage de cette dame s’illuminer, ses yeux ont commencé à briller, quelques minutes plus tard, elle demandait à son amie de venir voir  Elle était redevenue Elle."

"Nous ne sommes pas dans la maladie. Nous sommes dans la vie, dans l’instant, dans ce qu’on peut apporter aux gens. Quand un client ou une cliente sort de la boutique en disant je suis content d’être venu, on  se dit qu’on l’a aidé à aller mieux… et ça, c’est important pour se battre contre le cancer !"

(Avec Jean-Marc Seigner)