Hôpital. Avec l'association Visiteurs de malades, une autre façon de soulager la souffrance

Quand on est allongé sur un lit d’hôpital ou coincé dans sa chambre dans un Ehpad, les journées peuvent sembler très très longues. Depuis 1971, les bénévoles de l’association des Visiteurs de malades en établissements hospitaliers des Côtes-d’Armor se rendent aux chevets des personnes. Le temps d’une conversation, ils permettent aux malades d’oublier un peu leurs souffrances. L’association est à la recherche de bénévoles.

"Coucou, c’est Françoise". Trois petits coups sur la porte et elle entre, tout sourire. Dans sa chambre, Patricia interrompt son Sudoku. "Je suis contente de vous voir." Tous les mardis, Françoise Le Roux a rendez-vous avec les résidents du centre de gériatrie des Capucins. Elle vient leur rendre visite, pour papoter. Quelques minutes ou un peu plus, selon la forme de chacun.

Une bouffée d’air frais

"Quand ils arrivent à l’Ehpad, ils ne voient plus que leurs proches et des soignants. Nous, les visiteurs, nous sommes l’extérieur, la société civile, explique la bénévole. "Le boulanger avec qui ils discutaient en allant chercher le pain, la voisine de palier avec qui ils papotaient, nous sommes tous ces gens-là. On est une petite bouffée d’air frais."

 

Les visites se font souvent à la demande des soignants, "Vous devriez passer voir madame Machin, elle n’a pas trop le moral ces jours-ci." "Monsieur Bidule, il vient d’arriver, cela lui ferait du bien de papoter un peu." La moitié des résidents de l’étage ne reçoivent jamais de visites de leurs proches.

À peine installées sur le bord du lit, les mots s’envolent. Il est question du gala de danse de la petite, des goélands qui ont fait leur nid dans un coin du bâtiment, du soleil, des repas… qu’importe. Les deux femmes partagent l’instant.

"Ça nous fait du bien de parler", témoigne Patricia. À Françoise, on peut tout dire, cela soulage."

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Visiteur de malades en établissements hospitaliers ©FTV

Liberté de parole

Car Françoise est prête à tout entendre. "Le personnel soignant est là pour soigner, il n’a pas toujours le temps parce que c’est toujours un peu la course contre la montre; la famille, elle est dans l’affectif et les personnes âgées veulent les protéger, alors elles ne disent pas, "ce n’est pas la forme aujourd’hui" parce qu’elles ne veulent pas les inquiéter, moi, je peux tout entendre, et j’entends tout."

Annick fait partie des résidentes qui attendent le mardi avec impatience. Elle s'interroge sur la santé de  son mari. "Je l’ai connu, il avait 18 ans. Nous sommes mariés depuis 62 ans", confie-t-elle. À Françoise, elle peut parler de la maladie d’Alzheimer qui le consume doucement. "Quand je mets ma main sur la sienne, il ne réagit plus". Françoise écoute.

"C’est une femme humaine, elle comprend la peine", la remercie Annick en lui prenant la main.

"Moi, j’ai des résidents qui me disent, je veux mourir, livre Françoise, et je leur réponds : "Ben oui, vous allez le droit de vouloir mourir, vous êtes malade, vous êtes dans un Ehpad, vous avez le droit". S’ils disent cela à leurs enfants, ils vont leur dire : "Mais, tu ne penses pas à notre tristesse à nous". S’ils l’évoquent avec les soignants, ils vont répondre, "Mais non, nous on est là pour vous soigner, il faut que vous restiez avec nous." Nous, on accepte qu’ils nous le disent. Mais je leur dis, vous savez bien qu’on ne peut pas savoir quand le moment viendra. Il viendra, mais en attendant, on va continuer à se voir et à passer de bons moments ensemble."

Un moment de partage

Quand le moral des résidents vire au gris nuage, Françoise essaye d’y remettre un peu de couleur. "Et vous, vous faisiez quoi comme bêtise quand vous étiez petit ? Et vous l’avez rencontré comment votre mari ? "Des petits instants de joie qui égayent la chambre de l’Ehpad.

Pour les résidents, Françoise est un petit rayon de soleil, pour elle, ils sont chaque fois, une nouvelle leçon de vie.

"Avec eux, j’apprends à accepter la douleur, parce qu’ils acceptent leur douleur ; j’apprends à accepter l’idée de vieillir, et j’accepte l’idée que la mort est au bout du chemin. Elle nous fait tous peur, mais grâce à eux, je peux voir le chemin qui me reste plus serein."

Lorsqu’elle quitte l’Ehpad le mardi soir, les résidents ont le sourire, Françoise aussi.

Avant l’épidémie de Covid, l’association VMEH 22 comptait une centaine de visiteurs. Ils ne sont plus que 88. L’association cherche donc de nouveaux bénévoles pour se rendre auprès des malades des hôpitaux ou des Ehpad du département.

Contact : flr.vmeh@gmail.com

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