La justice sort de prison le policier adjoint qui avait joué au voleur. "Ma vie a basculé en une soirée avec un mec que je ne connaissais pas"

La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes a remis en liberté, ce vendredi 16 février 2024 un jeune policier adjoint de Saint-Brieuc. Ce dernier avait été mis en examen pour "vol avec effraction" et placé en détention provisoire. Il faisait appel de cette détention.

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Mis en examen le 29 janvier 2024 pour "vol avec effraction" et placé en détention provisoire, un policier adjoint du commissariat de Saint-Brieuc, dans les Côtes-d'Armor, a fait appel de ce placement en prison. Sa demande a été examinée par la cour d'appel de Rennes, le 15 février 2024.

LIRE : Un policier adjoint de Saint-Brieuc mis en examen pour "vol aggravé" et placé en détention provisoire

Âgé de 24 ans, le policier adjoint a été interpellé le 28 janvier, avec une autre personne. Il est soupçonné d'avoir pénétré par effraction dans une maison, à Plérin, dans la nuit du 23 au 24 janvier. Le propriétaire de cette habitation venait de décéder récemment.

Il est également accusé d'avoir indiqué à un délinquant, une semaine avant les faits, que cette maison était inhabitée, après l'avoir lui-même visitée. Il aurait précisé aussi le lieu de stationnement d'une Citroën C3 appartenant au défunt que son complice a par la suite dérobé.

Des clés retirées de la fouille

Deux hommes ont été interpellés en train de "nettoyer le véhicule" à Plérin. Or, l'un d'eux était porteur de "la carte bancaire de la personne décédée" a-t-il été rapporté lors de l'audience. Ce suspect aurait alors expliqué aux policiers qu'un de leurs propres collègues, amateur de "photos de maisons abandonnées", lui avait proposé de réaliser ce cambriolage.

Le voleur a indiqué être "entré seul" dans la maison pour y dérober la carte bancaire et 30 euros. C'est lors du placement en garde à vue de ce dernier que le policier adjoint a "retiré de sa fouille" les clés de la voiture dérobée au défunt. Le fonctionnaire de police a "eu peur" qu'il ait "commis des infractions avec la Citroën C3" et a donc "récupéré les clés".

Des documents retrouvés chez le policier adjoint ont "laissé un temps penser que d'autres voitures avaient pu être volées" : il est en effet "collectionneur de vignettes d'assurance" et a même "donné à sa mère une tonne de références pour aller chercher ces vignettes" alors qu'il était incarcéré, a-t-il été indiqué à l'audience.

"J'ai tout gâché"

Mais cet ancien commercial devenu policier adjoint "a tout perdu, a rappelé son avocat. Être policier était son rêve, il l'est devenu et a gravement failli à sa mission" a déclaré Me Thomas Jourdain-Demars.

Ce jeune homme, qui "n'a pas plus ni moins de droits qu'un citoyen lambda", reconnaît aujourd'hui "l'intégralité des faits reprochés, a ajouté son avocat. Il avait déjà révélé les faits à ses proches parce que c'était trop lourd pour lui."

L'avocate générale a pour sa part souligné qu'une des infractions reprochées au jeune policier briochin a été commise "non seulement dans le cadre de sa fonction, mais grâce à sa fonction". La magistrate du parquet général a même jugé "inquiétant" que l'on ne puisse plus "avoir confiance en la justice et dans les forces de l'ordre". Elle a donc requis son maintien en détention.

"Ma vie a basculé en une soirée avec un mec que je ne connaissais pas et que j'ai voulu aider parce qu'il avait de grosses difficultés, a pour sa part fait valoir le policier adjoint. J'ai commis un fait inexcusable en ma qualité de policier, j'ai gâché ma profession alors que quand on rentre dans la police, c'est une véritable vocation que j'ai déshonorée en l'espace d'une soirée".

La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes a décidé la remise en liberté de ce policier adjoint qui est placé sous contrôle judiciaire.

Le jeune homme à la "personnalité complexe" est aussi plaignant dans une autre affaire qui touche là encore le commissariat de police de Saint-Brieuc : il affirme avoir subi "du harcèlement moral pendant près d'un an". On a notamment "incendié sa voiture", ce qui a été "extrêmement fragilisant" a relevé son avocat. Un de ses collègues doit d'ailleurs être jugé pour ces faits le 18 mars 2024 à Saint-Malo.

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