Après leur convoi mortuaire à travers la Bretagne début mai, les apiculteurs continuent à tirer la sonnette d'alarme sur la disparition des abeilles. Plus de 20 000 colonies décimées cet hiver. Un phénomène d'une ampleur inédite face à laquelle les professionnels sont totalement démunis.
Les constats se multiplient et malheureusement se ressemblent. Au quotidien, les apiculteurs bretons ne cessent de dresser un bilan désastreux en ce printemps 2018.
Pour François Le Dudal, apiculteur à Cohiniac dans les Côtes d'Armor, l'hécatombe se chiffre à 200 colonies de perdues à l'issue de cet hiver, soit plusieurs dizaines de milliers d'abeilles touchées. De 30 à 40% de pertes pour les ruchers les moins impactés, l'inventaire peut être beaucoup plus dramatique.
Les ruches mortes s'entassent devant son atelier. Sur les 360 qu'ils possède, il ne lui en reste aujourd'hui que 80 encore viables.J'ai des ruchers qui ont été entièrement décimés, où j'ai perdu l'intégralité de mes colonies, avec des jeunes reines en plein dynamisme à l'automne.
Un convoi mortuaire à travers la Bretagne
Le vendredi 4 mai, pour attirer l’attention des agriculteurs et de l’opinion publique, 300 personnes, avaient manifesté devant la Chambre Régionale d’Agriculture. Elles venaient soutenir la trentaine d'apiculteurs partis du Faouët (Morbihan) quelques jours plus tôt et qui avaient sillonné la région pour alerter sur la mortalité exceptionnelles de leurs abeilles, plus de 20 000 colonies cette année.La présence du ministre de la Transition écologique
Face à ce désastre d'une ampleur encore jamais vu, les apiculteurs réclament la venue du ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, dans une des exploitations sinistrées. Selon eux, l'État ne réagirait pas suffisamment à leur cri d'alarme.Les apiculteurst demandent une nouvelle fois que l’Observatoire expérimental mis en place par l’État en Bretagne et Pays de Loire "arrête d’infantiliser les apiculteurs et procède à des recherches en molécules précises de pesticides".
L'Observatoire des mortalités et des affaiblissements de l'abeille mellifère (OMAA), a été créé à titre expérimental, jusqu'au 31 juillet 2019. Il a pour objet, selon le site de l'ESA (Epidémiosurveillance santé animale), de "mieux recenser les événements de santé observés dans les ruchers de la région". Un premier bilan doit être effectué fin juin 2018.
Les pesticides mis en cause
Après de nombreuses années perdues en débats et batailles d'experts, l'interdiction de trois néonicotinoïdes reconnus dangereux pour la survie des abeilles a été prononcée par Bruxelles, mais n'entrera en vigueur qu'en 2019. Les apiculteurs estiment que les pesticides impactent sévèrement leur production.La DRAAF (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt) rappelle qu'il faut objectiver ces lourdes pertes. Même si les pesticides peuvent être mis en cause, il faut déterminer leur impact réel et accompagner les agriculteurs le cas échéant.