Obsèques. Quelles sont les solutions pour des funérailles plus écologiques

Peu le savent, mais les enterrements polluent considérablement. En relâchant près de 833 kg de CO2 dans l'atmosphère, une inhumation émet l'équivalent d'un aller-retour Paris-New York en avion. Avec l'évolution des mentalités, certains envisagent leurs obsèques plus respectueuses de l'environnement. Quelles alternatives existent et que permet la loi en matière de funérailles vertes ?

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Des funérailles écologiques, est-ce possible ? Pour Sandra Rolland, fondatrice de l'agence Du Baume au cœur à Plérin (Côtes-d'Armor), penser les obsèques écoresponsables, c'est d'abord une histoire de famille. "Mon père est décédé en 2018. De son vivant, il me racontait qu'il voulait un enterrement respectueux de la nature, comme en avait bénéficié son propre père lors de son décès en 2012", raconte-t-elle.

Et pour cause, selon une étude française réalisée par l’association Durapole / Verteego, une inhumation émet près de 833 kg de CO2, soit presque l'équivalent d'un aller-retour Paris-New York en avion. "Avec l'évolution des mentalités, de plus en plus de personnes désirent avoir des obsèques simples, respectueuses de l'environnement, et qui ressemblent à la personne défunte", témoigne Michel Kawnik, président de l'Association française d'information funéraire.

Des prestations avec des produits toxiques "peuvent être évitées"

Comment expliquer que les funérailles polluent à ce point ? Selon Michel Kawnik, les sociétés funéraires proposent des services de conservations polluants qui ne sont pas nécessaires : "Beaucoup de cercueils sont recouverts de couches de vernis avec du polyuréthane. C'est un produit toxique, cancérigène, et bien-sûr nocif pour la terre. À la place, les cercueils peuvent très bien utiliser de la cire plus naturelle pour leurs finitions".  

"Quand les personnes demandent des explications et apprennent ce qu'on a injecté dans le corps de leur proche décédé, ça entraîne souvent des drames dans les familles."

Michel Kawnik, président de l'Association Française d'Information Funéraire

Selon l'Association française d'information funéraire, "il y a souvent des prestations de soins de conservation et de présentation du corps qui, pour la plupart du temps, ne sont pas expliquées aux familles." Le président détaille : "Les services de ces sociétés injectent dans le corps du défunt un produit à base de formol. Encore une fois, c'est toxique et cancérigène. C'est interdit dans tous les pays d'Europe, excepté la France et l'Angleterre. Généralement, ces entreprises se cachent de préciser aux familles que ce n'est pas obligatoire. Elles présentent cela comme des soins de toilette ou de coiffure, et les gens se retrouvent à la fin avec des factures très onéreuses. Quand les personnes demandent des explications et apprennent ce qu'on a injecté dans le corps de leur proche décédé, ça entraîne souvent des drames dans les familles". Au fur et à mesure des années que les corps des défunts s'altèrent, "le formol s'introduit dans la terre et polluent les nappes phréatiques", développe-t-il.

Quelles alternatives ?

Comme elle l'a fait pour son père, Sandra Rolland a voulu continuer à accompagner les personnes désirant mourir en laissant un dernier geste pour la terre. Pendant cinq ans, Sandra se consacre à son projet. Elle se forme, apprend le métier, et développe un carnet d'adresses de prestataires funéraires. "Lors du décès de mon père, j'étais très triste, mais de pouvoir l'accompagner de cette façon, c'était chouette et inspirant". 

Pour tenter de se rapprocher le plus d'une démarche écoresponsable, Sandra Rolland utilise des matériaux pensés en fonction : "Je ne choisis pas de fleurs coupées ni artificielles. Je propose des supports sur lesquels on fixe des pots de plante. À l'issue de la cérémonie, chaque membre de la famille peut repartir avec un pot. Je réalise aussi des décorations faites avec du papier recyclé."

Tenter de réduire l'empreinte carbone de ses obsèques peut se faire également jusqu'au choix du cercueil : "On peut choisir un bois moins polluant, comme le chêne ou le sapin, et éviter les cercueils en bois massif", argumente Michel Kawnik.

Humusation et terramation

"Avant de mourir, mon père me parlait tout le temps d'un "cercueil panier". Il parlait en fait d'un cercueil en osier, qu'on a réussi à lui trouver pour ses funérailles. Chose qu'on a pu réaliser en 2018, car son enterrement s'est fait en Angleterre. À ce moment-là, ce n'était pas possible de le faire en France", explique Sandra Rolland.

Aujourd'hui, la loi permet d'être enterré en pleine terre, et de choisir, si la personne le souhaite, une sépulture végétalisée ou un cercueil en carton. "La plupart du temps, les gens pensent qu'il faut avoir un caveau en béton pour pouvoir être enterré. Mais on n'est pas obligé. On peut faire une inhumation sous terre sans béton", détaille-t-elle. 

En revanche, la loi interdit de pouvoir être enterré n'importe où dans la nature sans cercueil. Sandra Rolland espère que cela change et "milite pour la reconnaissance de l'humusation et de la terramation". Pas encore autorisé en France, ce mode de sépulture consiste à enterrer le défunt nu dans un linceul biodégradable, déposé sur du bois, et recouvert de matières végétales. Au bout d'un an, le corps se transforme en compost, et "revient à la terre". Pour Sandra Rolland, "c'est le cycle de la vie". Selon l'Association, l'humusation se pratique déjà à l'étranger, dans "certains pays nordiques, aux Etats-Unis et en Belgique".

Un modèle économique "à remettre en question"

Qui dit cérémonie plus naturelle et sobre, dit coûts moins onéreux. "Aujourd'hui, si l'humusation n'est pas autorisée en France, c'est à cause de la pression des lobbies du funéraire", déclare le président de l'association. Selon lui, "les sociétés des pompes funèbres bloquent cette possibilité. L'humusation nécessite qu'il n'y ait plus de cercueils, ce qui représente un revenu financier important pour ces sociétés". Pour Michel Kawnik, le plus important reste "la transparence sur leurs pratiques".

Leur budget s'élevant chaque année à trois milliards d'euros en France, selon l'Association, les cérémonies funéraires représentent la troisième dépense la plus chère pour une famille, après l'achat d'une maison et d'une voiture.

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