Le Restaurant de la Gare, à Saint-Hervé dans les Côtes d'Armor, est voisin d'un site d'Antargaz, classé Seveso. Depuis 2005, son propriétaire ne peut plus développer son affaire, et attend une expropriation qu'il négocie avec la Préfecture. Mais le dossier traîne depuis 15 ans.
Vincent du Moulin de la Bretèche, le patron du Restaurant de la Gare, ne veut plus pronostiquer une date pour la résolution de son dossier. Même s'il a bon espoir qu'avec l'accident à l'usine de Lubrizol à Rouen, les choses puissent s'accélérer.
Car depuis 15 ans, "on attend, on patiente, on s'énerve, on se demande quand cela va-t-il finir" témoigne-t-il, "ce qui est dramatique c'est qu'il faut éventuellement qu'il y ait des problèmes comme à Rouen pour que cela puisse bouger un peu plus rapidement".
En face de son restaurant, 283 tonnes de gaz sont stockées. Depuis l'accident de l'usine d'AZF de Toulouse, et une directive européenne de 2003, chaque préfecture établit un plan de prévention des risques.
Le Restaurant de la gare se retrouve ainsi dans un périmètre qui interdit notamment l'accueil du public.
En 2005, le projet de Vincent du Moulin de la Bretèche de refaire six chambres, dont une aux normes handicapés, est stoppé net. Les permis de construire sont annulés, et les services de la préfecture le préviennent qu'il va être exproprié.
on ne doit pas faire traîner 15 ans un état de fait
L'expropriation ne pose pas de problèmes au patron du restaurant de la Gare. Il l'attend avec impatience pour pouvoir remonter une affaire. Mais le temps passe, et à 59 ans, cela va devenir problématique.
"À partir du moment où il a été défini et acté qu'il y avait une potentielle atteinte à la vie humaine, on ne doit pas faire traîner 15 ans un état de fait" plaide Vincent du Moulin de la Bretèche.
Est-ce que cela traîne à cause des complexités administratives, d'un désaccord financier ? "C'est tout simplement parce qu'on ne représente que deux voix, politiquement" estime Vincent du Moulin de la Bretèche, qui a présenté nombre d'expertises immobilières et financières. Et même porté plainte auprès du procureur en octobre 2017.
La préfecture, qui a ordonné l'ordonnance d'expulsion fin mars, a indiqué de son côté que faute d'accord amiable, c'est le juge de l'expropriation qui se prononcera sur le montant de l'indemnisation.