Tourisme. L'arrêté instaurant des quotas pour limiter les visiteurs est entré en vigueur sur l'île de Bréhat

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Depuis le 14 juillet 2023, on procède à un comptage des touristes et à un quota maximum pour accéder à l'île de Bréhat, afin de lutter contre le sur-tourisme. ©M. Le Charpentier - P. Queyroux - FTV

Ce 14 juillet marquait pour l'île de Bréhat dans les Côtes-d'Armor le premier jour de l'application de l'arrêté municipal qui vise à réguler le flux touristique. Il fixe un quota maximum de passagers pour les compagnies maritimes. L'une d'elle se sent lésée et a déjà déposé un recours.

Sur la Pointe de l’Arcouest face à l’île de Bréhat ce vendredi matin, les passagers qui embarquaient, savaient qu’ils étaient désormais comptés scrupuleusement. Un décompte réalisé par les compagnies maritimes via une application.

Spontanément, à la descente du bateau, certains émettaient un avis favorable à cette nouvelle mesure. "L’idée de quota, ça dérange toujours un peu mais s'il y a trop de monde, personne ne profite de rien. C'est à voir ce que cela donne"  explique cette femme au micro de nos journalistes Manon Le Charpentier et Philippe Queyroux. Un avis partagé par cette habituée de l'île "L'été, c'est trop. Tout le monde est à la queue leu leu et personne ne profite des charmes de l'île. C'est pour le bien de chacun".

Une première en France

La mesure est donc entrée en vigueur ce vendredi 14 juillet et court jusqu'au vendredi 25 août, tous les jours sauf le week-end. Ainsi, de 8h30 à 14h30, 4 700 personnes seulement sont acceptées sur l'île. 

Même si certaines îles, comme celle de Porquerolles dans le Var, ont mis en place des chartes pour limiter la fréquentation, c'est la première fois en France qu'un maire prend un arrêté pour limiter le nombre de visiteurs débarqués par les compagnies de transport maritime.

À l’origine de l’arrêté, les élus de la mairie de Bréhat invoquent la préservation de l'île : "Les roches apparentes sur les chemins sont le résultat de piétinements, par milliers, de gens qui vont au phare du Paon", explique Olivier Carré, le maire de Bréhat au micro d'une équipe de France 2. 

L'île de 3,4 km² compte un peu plus de 400 habitants à l'année. Mais en période estivale, elle peut accueillir plus de 6 300 personnes certaines journées, selon une étude réalisée pour la commune en 2021 et 2022 par la société Littomatique.

"En 2022, on a appris que les flottes de compagnies de transport maritime allaient permettre de transporter de l'ordre de plus de 1 000 personnes de plus par jour. Et là où on avait des pics à 6 000 en 2022, on s'est dit qu'on allait peut-être avoir des pics à 7 000 en 2023. Ça a été le déclic pour lancer la concertation", relate Olivier Carré.

L'élu, après une multitude de réunions, s'est appuyé sur l'article l. 360-1 du code de l’environnement modifié en février dernier par la loi Climat et Résilience permettant de réglementer "l'accès et la circulation des personnes aux espaces protégés [...] dès lors que cet accès est de nature à compromettre leur protection." 

L'arrêté souligne également que "la commune est dans l'incapacité de traiter un volume de déchets multiplié par 10 pendant la saison estivale du fait de l'hyper-fréquentation par rapport à un mois d'hiver".

Une mesure qui ne fait pas que des heureux

Sur l’île, certains Bréhantins sont dubitatifs sur l'intérêt d'une telle mesure. Ainsi, cette habitante met en avant la manne économique des visiteurs : "Quand on est sur Bréhat, on travaille beaucoup avec les touristes, avec les gens qui viennent, et les gens, ils viennent quand il fait beau et donc en été. Les empêcher de venir, c'est un petit peu dommage".

À cette crainte, la mairie, par la voix de son second adjoint, Dominique Sicher, se veut rassurante : "4 700 personnes, c'est un arrêté pris de 8h30 à 14h30. Quand les gens repartent en fin de matinée ou en début d'après-midi, d'autres peuvent arriver l'après-midi. Les compteurs installés en 2022 disent que ça fera à peu près 5 200 à 5300 personnes les grosses journées".

Parmi les réticents, le gérant de la compagnie maritime Sur Mer, l'une des trois compagnies qui desservent l'île. Il est limité par l’arrêté à 400 passagers, quelle que soit la fréquentation du jour. Il pourrait pourtant en accueillir deux fois plus.

"Pour nous, c'est une énorme conséquence économique, insoutenable. On vient d'investir dans un nouveau bateau hybride en plus, qui est dans l'air du temps, qui va dans ce sens de préservation de l'archipel et on me demande de réduire par deux mon potentiel chiffre d'affaires" se désole David André.

Ce gérant nous a indiqué qu'il allait déposer ce 14 juillet un recours administratif contre l'arrêté.

Rendez-vous est donné à la fin de l’année pour tirer le bilan de ces fameux quotas. Une première saison qui pourrait bien inspirer d'autres iles dans leur combat pour réguler le flux touristique.

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