VIDEO. Saint-Brieuc, le débat d'entre-deux tours des municipales : ce que l'on retient

Deux candidats jamais élus sont en lice pour le second tour des élections municipales de Saint-Brieuc. Hervé Guihard (DVG) était arrivé en tête au premier tour avec 31.8% des voix, devant Richard Rouxel (Modem) et ses 21.27%. Ils ont débattu sur France 3 Bretagne avant le scrutin du 28 juin.

Ils auraient pu être trois à se disputer le fauteuil de maire de Saint-Brieuc. Mais ils ne sont finalement plus que deux : Hervé Guihard (liste "Réinventons l'espoir Saint-Brieuc 2020", DVG) et Richard Rouxel (liste "Saint-Brieuc ensemble", DVC).

Crédité de 19.75% des voix au premier tour Corentin Poilbout (Divers centre) a décidé de se rallier à Richard Rouxel.

Fini les conflits entre les candidats de la majorité. Place à la fusion et une nouvelle liste pour le second tour avec, il faut le noter, les absences de la maire sortante Marie-Claire Diouron et du député Bruno Joncour.

Une alliance dont s'est amusé Hervé Guihard dès les premières minutes du débat : "j'avais l'impresion que ces listes traduisaient deux mandats, soit celui de Bruno Joncour, soit celui de Marie-Claire Diouron. Maintenant, que les listes fusionnent et qu'il y ait un message clair donné au centre et à la droite, ça me va très bien. Au moins les Briochins pourront choisir". 

En réponse, le candidat Divers centre assure : "ce n'est pas un remariage. Il aurait fallu divorcer pour cela. Je me suis attelé dès le soir du premier tour à un rapprochement qui a conduit de manière assez évidente à un rassemblement qui est plus large, de la droite Républicaine, avec surtout un gros focus sur le Centre, jusqu'à des gens engagés au Centre gauche, voire même un peu à gauche avec des écologistes authentiques". 

Cette première pique sera suivie de nombreux échanges taquins entre les deux candidats. Comme lorsque Richard Rouxel affirme avec assurance "le talent, il est chez moi. C'est indéniable dans sa diversité, dans sa composition sociologique, dans son expérience". "S'attribuer le talent,  je trouve que c'était plutôt bête comme remarque, mais je laisse à M. Rouxel ce commentaire" répond Hervé Guihard, amusé.
 

Ce jeu de la provoc et de la petite phrase piquante sera présent tout au long du débat. Ce qui n'est pour déplaire aux principaux concernés. "Dans une campagne politique, il y a des accroches parfois. Ça part, ça va" commente d'un sourire Hervé Guihard. "Il n'y a rien de personnel" renchérit son opposant dans la course à la mairie de Saint-Brieuc. 

Face à la crise sanitaire, une politique sociale

Parmi les sujet mis sur la table, est venu celui des actions rapides à mener pour gérer la crise sanitaire. Les deux candidats s'accordent sur une politique sociale, mais avec des priorités différentes. Pour Hervé Guihard, le bien-être des personnes âgées est primordial : "nos ainés qui vivent dans l'isolement à Saint-Brieuc auront vécu presque trois mois dans l'isolement malgré le travail exceptionnel du CCAS et du personnel des Ehpad. L'été arrive. Et on sait que pour les personnes âgées c'est encore deux mois d'isolement. Une des premieères choses que nous ferons sera d'ouvrir les services de la mairie et de tout de suite mettre à disposition des bus, des animateurs tout ce qu'il faut pour que ces ainés puissent passer un bel été. Et il faudra aussi vite s'occuper de la rentrée, qui est une préoccupation municipale". 

Ancien directeur de l'hôpital de Guingamp, Richard Rouxel envisage avant tout "l'ouverture d'un centre de santé qui s'adresse à l'ensemble de la population. Il y a une pénurie de médecins à Saint-Brieuc et il y a une pénurie à anticiper. Parce que si on regarde à deux ou trois ans, la courbe devient préoccupante pour le coup. Il s'agit pour nous de pallier une carence dans l'offre libérale en attirant des étudiants en médecine et qu'ils s'implantent ensuite dans les cabinets libéraux qui se seront libérés. On discutera avec eux pour accompagner leur installation". 

Lutter contre la vacance commerciale en centre-ville

La ville de Saint-Brieuc est tristement connue pour son taux de vacance commerciale, aujourd'hui chiffré à 40%. L'un des plus hauts en Bretagne. En mars 2020, on y recensait 244 magasins fermés. Une problématique que les deux candidats se doivent de prendre en main. 

"Nous avons un projet de transition écologique pour refaire cette fameuse régie immobilière. On veut rénover complétement l'habitat et les commerces par une structure foncière. La SEM Breizh, opérateur régional d'économie mixte, existe. Ils l'ont fait à Vannes et dans d'autres communes. Il y a aura obligatoirement une participation de la ville avec l'idée racheter, de préempter, de rénover et ensuite de trouver une autre opération pour recommercialiser" détaille Hervé Guihard, avant d'être repris par son opposant. 

"Une régie est totalement antagoniste avec une Société d'économie mixte, affirme Richard Rouxel. Nous nous appuierons sur un outil juridique qui peut être une SEM ou un établissement public foncier parce que le portage ne peut être assumé par la ville. Mais la ville doit garder une maitrise d'ouvrage, savoir ce que l'on veut demain. Les commerces, c'est du flux. Donc il faut faire revenir une population nouvelle, il faut traiter la question de la circulation, de la gratuité des parkings, il faut aussi créer de la diversité dans l'offre commerciale et créer une ambiance propice à l'installation de commerces". 

Vision distincte concernant les chantiers d'insertion

Toujours dans la thématique de la vacance commerciale dans le centre-ville, Hervé Guihard reprend la parole en disant vouloir également "mettre en place des chantiers d'insertion pour qu'il y ait un cercle vertueux économique. On veut générer de l'emploi mais pas pour ceux qui n'en ont pas. On pourrait ainsi former des gens écarter de l'emploi et leur donner une expérience utile pour tous les artisans qui n'arrivent pas à recruter". 

Une déclaration qui fait à nouveau réagir le candidat Divers Centre. "Je ne suis pas contre les chantiers d'insertion mais je ne veux pas affaiblir l'artisanat qui a énormément souffert de la crise. Je pense, qu'au contraire, il faut travailler avec la chambre des métiers et de l'artisanat. On a le plus grand CFA de Bretagne. On a la main d'oeuvre. On a une jeunesse qui va chercher à rentrer sur le marché de l'emploi".

"Les artisants ne trouvent pas de main d'oeuvre. Dans ma liste j'ai quelqu'un qui travaille dans les misions pour l'emploi. Les jeunes ne sont pas formés et n'ont pas cette expérience" rétorque le candidat arrivé en tête au premier tour. "Moi j'ai des artisans dans ma liste, c'est la différence" coupe Richard Rouxel. "Il faut fabriquer à faire de la main d'oeuvre formé et expérimentés" ponctue Hervé Guihard. Ambiance... 
 


"Vigilance" concernant l'une usine de masques

En pleine crise sanitaire liée au Covid, le département des Côtes-d'Armor est agitée depuis quelques mois par des projets d'usines de masques sur le territoire, deux ans après la fermeture du site de Plaintel, qui était spécialisée dans ce domaine.

Deux projets s'affrontent : l'un porté par la région, d'envergure régionale et qui serait implantée à Grâces près de Guingamp. L'autre est porté par l'homme d'affaires Abdallah Chatila, qui souhaite créer 250 emplois et produire 250 000 millions de masques par an à l'échelle internationale. Ce dernier vient d'ailleurs de signer une promesse de vente de 25 000 m² de surface bâtie sur le site Genesis Baie d’Armor situé à Ploufragan. Qu'en pensent les candidats ?

"Ce qui est une bonne nouvelle, c'est qu'il y ait de l'investissement économique sur le territoire. Ma limite dans cette affaire, c'est que M. Chatilah n'utilise pas l'argent public. L'argent public va sur un territoire où il peut y rester. C'est un homme d'affaires, il fait du business, il a raison. J'espère qu'il restera et qu'une partie des recettes et des dividendes seront plutôt localisés ici. Mais mon espoir n'empêche pas que c'est une bonne chose que des gens trouvent de l'emploi ici" estime Hervé Guihard. 

Pour une fois, les deux candidats s'accordent. "J'ai la même vigilance pour le coup. Car ce qui a pu choquer, c'est cette affaire de l'usine de Plaintel. On sera très vigilant à l'argent public qui pourrait, je ne dis pas que c'est le cas, mais qui a pu en tout cas sur l'affaire de Plaintel, servir à investir dans l'outil de production... Il y avait quelque chose d'assez indigne" estime Richard Rouxel. 

Repenser le schéma de circulation TEO

Le schéma de circulation TEO (transport Est-Ouest), créé pour remodeler les principaux axes du centre-ville, n'échappe pas à la critique des deux candidats à la mairie de Saint-Brieuc.  

"On ne peut pas dire que cela a été bien fait, lance Richard Rouxel. Tout n'est pas raté mais l'erreur manifeste et d'avoir omis les parkings relais pour laisser aux portes de la ville ceux qui ne font que traverser la ville pour travailler en son coeur. C'était la première condition pour faire adhérer la population à ce projet qui, pour autant, a conduit a des aménagements qui me semblent plutôt qualitatifs. Mais certains aspects autour du plan de circulation sont à revoir". 

De son côté, Hervé Guihard tique d'emblée sur le coût du schéma de circulation : "41 millions d'euros. Ce n'est pas un projet à la dimension de la ville. Je suis d'accord pour les parkings relais car Saint-Brieuc est embouteillé du matin au soir, avec des bus plutôt vides dans la journée. Le matin et le soir, on a besoin des bus. Mais pour le reste du temps, les Briochins disent qu'une petite navette de centre-ville est ce qu'il faut. En journée, il faudrait mettre les gros bus de côté pour que les pistes de TEO redeviennent cyclables avec de petites navettes à la demande".

La proposition du candidat Divers gauche laisse dubitatif Richard Rouxel : "Je n'ai pas compris. Il veut rajouter une navette aux bus. Je ne sais pas si TEO en journée disparait M. Guihard ?". "Ne vous inquiétez pas, ceux avec qui j'en discute dans la ville comprennent parfaitement" rétorque Hervé Guihard.

Quelle place pour le vélo ?

Les deux candidats s'accordent sur un fait : tout n'est pas mis en place aujourd'hui pour faciliter l'utilisation du vélo à Saint-Brieuc. Et ils s'engagent à rectifier la donne. 

"Il faut ralentir la ville. Aujourd'hui, les gens ne prennent pas le vélo parce que ce n'est pas sécurisé, c'est dangereux. Nous prenons un engagement. Nous voudrions arriver à 10% de moyens de déplacement à vélo d'ici la fin du mandat. Pour ça, il faut investir au moins 600 000 euros dans le projet d'agglomération sur ce sujet" indique le chef de file de la liste "Réinventons l'espoir Saint-Brieuc 2020".

"Je suis le seul candidat présent à avoir signé la charte proposée par l'association Vélo utile. J'ai une vision écologique pragmatique. Et je sais que je serai titillé par mes propres colistiers qui ont un sens encore plus aigü de cette question là, lance Richard Rouxel, un sourire en coin, en regardant Hervé Guihard. On travaillera à un plan vélo étendu bien au-delà des frontières communales".

Ils ont aussi dit...

Que pensez-vous de la gratuité des transports en commun ?

Richard Rouxel : "La gratuité des transports en commun, c'est juste démagogique et inefficace. La gratuité n'a jamais résolu la moindre question de pollution, de congestion par la voiture. Aujourd'hui, ceux qui n'ont pas les moyens sont largement aidés. On a des systèmes de quasi ou de totale gratuité". 

Hervé Guihard : "Je ne trouve pas ça démagogique quand c'est fait intelligement. Aujourd'hui, ça ne sert à rien d'avoir le bus gratuit quand vous n'avez pas de bus à l'heure où vous voulez monter ou des bus qui ne vous emmènent pas où vous voulez aller. Mais si vous pouvez monter dans une navette électrique et descendre gratuitement 800m plus loin, ça a du sens".

Êtes-vous pour ou contre la construction d'un quatrième quai sur le port du Légué, qui fait craindre des réjets d'amo-nitrate et un envasement de la baie de Saint-Brieuc ? Un projet de 12 millions d'euros. 

Richard Rouxel : "S'il n'y a pas de solution technique qui garantisse de ne pas accroître les problèmes actuels, je suis circonspect sur ce quatrième quai. Pas fermé à l'idée, mais il faudra m'avancer des arguments écologiques plus importants".

Hervé Guihard : "Il n'y a pas d'horizon pour ce quatrième quai aujourd'hui. Je suis contre". 

Êtes-vous favorable au projet qui prévoit une bibliothèque à la place de l'ancien Monoprix, qui sera démoli cet été ?

Richard Rouxel : "Je suis contre car la médiathèque a eu un investissement de 1.5 million d'euros. D'autres projets culturels comme le musée devront être traités prioritairement".

Hervé Guihard : "Je suis contre. On a déjà mis un paquet de sous dans la bibliothèque juste au-dessus. Si la ville pouvait en devenir acquéreur, on en ferait plutôt un tiers lieu connecté avec le musée qui se trouve derrière, avec une passerelle qui passerait dessus. On pense plutôt à une articulation qui remet de l'entreprise, de la technologie, des associations et de la culture à cet endroit-là". 

Êtes-vous pour un accès toute l'année aux jardins de la Préfecture ?

Richard Rouxel  : "C'est la résidence du Préfet donc je suis pour une ouverture ponctuelle mais pas permanente. Et ce n'est pas du resort du maire. Je veux rester à ma place. Mais je suis favorable à donner plus d'espaces verts aux Briochins notamment dans cette zone. Mais je préférerais travailler sur les anciens jardins de l'évêché.". 

Hervé Guihard : "Je suis pour. Il y a une grammaire des parcs à reconstituer dans la ville. Celui-ci est un point de blocage. Il faut qu'on retrouve un accès à ce parc. En tant que maire, je m'engage à rediscuter de ce sujet avec le Préfet".

Êtes-vous pour un grand Saint-Brieuc, avec la fusion des communes limitrophes ?

Hervé Guihard : "Je ne sais pas s'il faut le voir comme ça. Je suis allé voir les différents maires pour qu'on travaille ensemble avec des délibérations communes au moins deux fois par an. Pour moi, un grand Saint-Brieuc, c'est quand des maires pensent la ville ensemble. Ce n'est pas encore le cas. Il faut fabriquer ce lien". 

Richard Rouxel : "Les conditions ne me semblent pas réunies. ça fait un peu gadget aujourd'hui même si à titre personnel je rêverai d'un Saint-Brieuc bien plus grand. La fusion Saint-Brieuc-Plérin n'est pas un projet pour moi mais je ne trouve pas du tout ça absurde". 

 

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