Manuel Valls va recevoir lundi les dirigeants du secteur de la grande distribution pour "un point sur la crise agricole". Prévue à 10h à Matignon, cette rencontre intervient alors que les protestations d'agriculteurs, mécontents notamment des prix pratiqués par les grandes enseignes, se multiplient.
C'est le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, vivement critiqué par les agriculteurs, qui a suggéré cette rencontre, selon son entourage. Emmanuel Macron (Economie) sera aussi présent. Des dirigeants d'Auchan, de Carrefour, de Casino, Lidl ou encore Système U seront de la rencontre. Il s'agit de "les appeler à la responsabilité" a indiqué vendredi Stéphane Le Foll sur France 2 alors que les enseignes sont engagées dans leur bras de fer annuel avec leurs fournisseurs pour conclure les négociations commerciales d'ici au 29 février, en plein Salon de l'Agriculture. "Ce qu'on demande c'est une responsabilité des acteurs de ces négociations" a souligné le ministre de l'Agriculture.
La grande distribution, cible des agriculteurs
La France a cette particularité, unique en Europe, d'aligner quatre méga-centrales d'achats représentant les principales enseignes face aux industriels et donc, par ricochet, aux producteurs.Depuis quelques jours, les agriculteurs en colère ont commencé à cibler les grandes et moyennes surfaces de l'ouest (Ille-et-Vilaine, Sarthe, Finistère et Morbihan), afin de dénoncer les marges pratiquées à leurs dépens et le manque de transparence sur l'origine des viandes. Cette opération "zéro chiffre d'affaires" vise principalement Carrefour, Leclerc, Casino et Auchan.
Ce samedi, une cinquantaine d'agriculteurs avec une quarantaine de tracteurs, s'est mobilisée pour conduire le blocage du parking du Leclerc de Ploërmel dans le Morbihan, relate Ouest-France.
Des cours en chute libre
Pour la deuxième semaine, les éleveurs de porcs et de boeufs et les producteurs de lait, trois filières dont les cours se sont effondrés en 2015 pour passer sous les coûts de production, sont descendus dans la rue pour exprimer leur colère et désespoir, bloquant les routes et brûlant des pneus, au prix d'affrontements parfois musclés avec les forces de l'ordre.La rallonge de 125 millions d'euros aux 700 millions du plan d'aide aux éleveurs, annoncée la semaine dernière, ne les a pas convaincus.