Depuis le 17 mars, les 300 centres équestres bretons sont fermés et n’accueillent plus aucun cavalier. A quelques jours de la réouverture, moniteurs et directeurs de centres s’activent pour les derniers préparatifs.
Dès lundi 11 mai, les cours vont reprendre progressivement… mais pas dans n’importe quelles conditions. “Tout le matériel utilisé par les enfants habituellement, comme les brosses, va être mis de côté. On va demander aux familles d’apporter leur propre matériel. On demande aussi aux parents de ne pas rester sur la structure pour éviter les regroupements”, nous explique Maxime Chateau, propriétaire du centre équestre de Langonaval, près de Morlaix dans le Finistère.
Même organisation pour Fabien Brochard, gérant du centre équestre de la Poterie, à Lamballe (Côtes-d'Armor). “J’ai ajouté des éviers dans le club pour pouvoir se laver les mains”, nous confie-t-il. Le moniteur tient depuis quinze ans son centre et délivre des cours tous les jours. “En temps normal, on organise des cours jusqu’à douze personnes. Avec le protocole à appliquer, on va devoir diminuer le nombre de personnes par cours, espacer les créneaux pour éviter les croisements”, nous détaille-t-il.
Des cours adaptés à cette situation “post confinement” qui chagrine Maxime Chateau.
“L’organisation va changer. Le climat familial et convivial qu’on aime bien retrouver dans nos clubs, sera moins présent. On n’aura plus les enfants qui passeront la journée avec leur copain”, constate-t-il.
Avancer dans l’incertitude
Si les deux moniteurs sont optimistes pour les prochaines semaines, la crainte est toutefois présente pour septembre. Quid des activités péri-scolaires ? Vont-elles reprendre ? Va-t-il y avoir un nouveau confinement ? Est-ce que les clients auront toujours le budget pour cette pratique onéreuse ?
Ces questions résonnent dans la tête des propriétaires des centres équestres. “Nous, ce qui nous inquiète, c’est la rentrée en septembre. On se demande comment l’économie va repartir. Il va y avoir un effet de psychose, la peur de consommer”, craint Maxime Chateau.
“Le plus difficile, c’est l’incertitude. Il n’y a rien de précis pour la suite, mais en même temps, il y a une grande perte d’argent. On est dans le flou, mais on doit s’adapter rapidement. Tant qu’il n’y aura pas de reprise réelle, toute la filière sera bloquée. Ce qui me fait le plus peur, c’est l’après, la rechute”, s'inquiète Hervé Gélébart, le président du Comité Régional Equitation Bretagne (CREB).
"Sans touriste, moins de rentrée d'argent"
“Financièrement, il reste les pensions (que versent les propriétaires des chevaux) mais ce n’est pas notre activité principale. Ce n’est pas ça qui nous fait vivre et qui paie nos charges. On a une trésorerie qui nous permet de tenir trois-quatre mois, mais là, on a puisé dans nos économies”, s'alarme Maxime Chateau.
Courses et championnats hippiques annulés, aucun vacancier à Pâques… c’est une perte énorme pour ce secteur qui vit aussi grâce au tourisme. Pour Maxime Chateau, les trois mois d’été représentent 30% de son chiffre d’affaires.
Mais pour d’autres, le tourisme et les vacances représentent presque la totalité de leur chiffre d’affaires. “J’ai des collègues qui parlent de fermer leur club”, ajoute Fabien Brochard.
“Je crains que les petites entreprises en pâtissent, celles qui n’ont que les cours et le tourisme comme source de revenus. C’est pour ces centres que la situation va être difficile”, confirme Hervé Gélébart.
Une vente aux enchères au profit des centres équestres
Pour soutenir les centres bretons, une vente aux enchères a été organisée sur les réseaux sociaux. Objectif : récolter un maximum de fonds et les redistribuer aux clubs en difficultés. “L’idée est que les gens choisissent de redonner directement à leur club de coeur ou de donner dans un pot commun qui sera redistribué par les quatre comités départementaux”, explique Damien Kilani, un des organisateurs de la vente.
Un élan de solidarité qui encourage les professionnels et qui permet de rester optimiste. “Ca fait du bien, ce sont des signes qui montrent que les gens se battent pour nous”, confie avec émotion Fabien Brochard.
Les moniteurs de la région pourront également compter sur le soutien du CREB qui promet de les épauler et répondre à leurs attentes.