Des pesticides dans l’eau potable. Une quarantaine de personnes a manifesté ce samedi 4 décembre à Saint-Mayeux en Centre-Bretagne pour dénoncer ce problème dans la commune. Un problème récurrent en Bretagne. Dans les Côtes-d’Armor, un tiers des captages d’eau potable présentent un taux de pesticide supérieur au seuil de conformité.
Colère à Saint-Mayeux. Dans ce village de 479 habitants des Côtes-d’Armor, une quarantaine de manifestants s’est mobilisée ce samedi 4 décembre pour dénoncer la présence du métabolite ESA-métolachlore dans la zone de captage d’eau, la Lande Blanche.
Cette station située dans la commune fournit environ la moitié de l’eau potable des Mayochins. L’autre moitié provenant du syndicat des eaux de Kerne Uhel.
C’est un problème sur tout le département des Côtes-d’Armor.
Gilles Hellard, maire de Saint-Mayeux.
"Ce rassemblement est une démarche où on alerte l’opinion, les pouvoirs publics", explique René Louail, ancien élu régional EELV et habitant de Saint-Mayeux.
"C’est un problème sur tout le département des Côtes-d’Armor, affirme Gilles Hellard, maire de Saint-Mayeux. Le préfet de région a conscience du problème et a sollicité le ministère de l’Agriculture pour interdire le S-métolachlore à l'origine de notre problème. Mais aucune réponse n’a été apportée par le ministère ou l’Anses (agence nationale de sécurité sanitaire)."
Le S-métolachlore, un désherbant déjà pointé du doigt
Le désherbant S-métolachlore a remplacé le métalochlore interdit en France depuis 2003. Déjà en octobre dernier, l'association Eau et Rivières de Bretagne alertait sur la présence de résidus provenant de ce désherbant dans l'eau du robinet.
Sur les 90 captages costarmoricains, 30 seraient concernés par des taux de pesticides trop élevés. Les mesures de l’ARS (agence régionale de santé) établies entre le 2 juin 2021 et le 9 septembre 2021 sur le captage de la Lande Blanche font apparaître des taux d’ESA-métolachlore entre 0.100 µg/litre et 0.140 µg/litre. La limite de qualité étant fixée à 0.100 µg/litre pour ce métabolite.
Trouver une solution pérenne
Saint-Mayeux a obtenu un sursis de trois ans pour retrouver des taux acceptables dans sa zone de captage. En attendant, l’eau du robinet sera potable grâce à un mélange avec de l’eau fournie par le syndicat de Kerne Uhel. "Cette décision a un coût : 5800 €/an, ponctue René Louail. Il faut travailler sur le long terme."
Le maire aussi souhaite trouver une solution pérenne : "On va solliciter les agriculteurs qui travaillent sur le périmètre de captage des eaux."
"Il faut travailler avec des hydrogéologues pour déterminer le périmètre de protection nécessaire autour de la zone de captage, appuie René Louail. Ces zones de protection sont adaptées aux nitrates mais pas aux pesticides. Il faut tout remettre à plat."
Les deux hommes s’accordent sur une chose : il faudra le faire avec la profession agricole et éviter toute stigmatisation.