Le président sortant arrivé en tête au premier tour, et le candidat de la liste Bretagne ma Vie ont annoncé ce lundi 21 juin qu'ils feraient liste commune pour le second tour des élections régionales.
A l'heure des négociations de l'entre deux tours, Loïg Chesnais-Girard a refusé les mains tendues par son ancien vice-président à la région Thierry Burlot, et par la candidate écologiste Claire Desmares-Poirrier, mais il est allé chercher celle de Daniel Cueff.
Et Daniel Cueff a choisi de s'allier à Loïg Chesnais-Girard, après avoir contacté les différents autres candidats, parce que c'est lui "qui lui a donné le plus de garanties"
Quatre engagements non négociables pour Daniel Cueff
On s'est mis d'accord sur un projet pour la Bretagne. Ça a été une grande surprise qu'on vienne nous chercher pour nos idées
Pas de tractations mathématiques ou de négociations autour de futurs postes, c'est bien autour d'un projet que les deux hommes semblent s'être retrouvés, et c'est ce qui a convaincu Daniel Cueff, qui avait pourtant annoncé pendant la campagne qu'il ne scellerait pas d'alliance.
"Notre projet politique ne disparaît pas. Il est conforté par cette alliance. Nos propositions sont acceptées, validées. Nous sommes dans une synergie. Comment louper cette chance historique ? On a une proposition fraternelle, comment la refuser ?" explique-t-il.
Fort de son expérience de conseiller régional en charge de l'écologie urbaine (2010 - 2015) et de maire de Langouët (Ille-et-Vilaine) de 1999 à 2020, poste avec lequel il a fait la une des journaux pour son arrêté anti-pesticides, Daniel Cueff avait fait le choix à 65 ans de prendre la tête de cette liste intitulée Bretagne ma vie, pour réussir la "nécessaire résilience écologique de la Bretagne".
Son ralliement à une autre liste pour le second tour était conditionnée à des engagements sur quatre thèmes : la mer, le breton, la lutte contre la misère, et contre les pesticides.
#regionales2021 @DanielCueff et sa liste @bretagnemavie au centre du jeu et l’objet de nombreuses œillades pour le second tour venues de la gauche et du centre . Pour lui non négociable: un engagement fort pour la mer et le breton et contre la misère et les pesticides pic.twitter.com/TTgfFDSV4K
— DURAND robin (@DURANDrobin) June 21, 2021
Une alliance insuffisante pour garantir la majorité au président sortant
Très vite nous avons trouvé des convergences pour améliorer le projet qui est le mien
Loïg Chesnais-Girard confirme : "Nous avons eu envie de travailler sur des sujets comme la mer, la pauvreté et la misère, l'alimentation, et très vite nous avons trouvé des convergences pour améliorer le projet qui est le mien."
Mais le calcul est simple : si l'on additionne les scores obtenus au premier tour par les deux alliés, Loïg Chesnais-Girard 20,95 % + Daniel Cueff 6,52 %, on obtient 27,47%. Même avec la prime au vainqueur d'1/4 des sièges prévue par le mode de scrutin, c'est insuffisant pour être majoritaire : il faudrait dépasser le tiers des suffrages.
Pour le politologue Thomas Frinault, cette alliance ne lève donc pas l'incertitude sur la future majorité régionale : "Rien ne dit que tous les électeurs de Daniel Cueff voteront pour une liste menée par Loïg Chesnais-Girard. Il y aura peut-être un phénomène de vote utile plutôt que sincère d'électeurs qui ont voté EELV au premier tour et voudront garantir une majorité de gauche, mais c'est inquantifiable."
S'affranchir des pressions
En refusant la main tendue de la candidate écologiste Claire Desmares-Poirrier, Loïg Chesnais-Girard affirme son autonomie vis à vis des appareils parisiens qui prônent les alliances PS/EELV. "Nous avons constaté que nous n'avions pas la capacité de nous mettre d'accord sur le nombre de place et la manière de gouverner" relate-t-il de ses échanges avec la candidate.
Symboliquement, il tue le père en refusant l'alliance avec Thierry Burlot
Et en refusant l'alliance avec Thierry Burlot, il s'affranchit son prédécesseur et mentor Jean-Yves Le Drian qui appelait instamment au rassemblement de ses deux anciens poulains.
En choisissant l'alliance avec Daniel Cueff, Loïg Chesnais-Girard ne fait pas forcément le calcul le plus performant en terme de suffrages attendus au second tour, mais il affirme son autonmie. "C'est une position qui a un autre avantage: il y aura beaucoup moins de scalp chez ses co-listiers en s'alliant à une liste qui a fait 6,5% que dans une alliance avec Claire Desmares-Poirrier qui avec presque 15% aurait eu d'autres prétentions. " explique Thomas Frinault.
Rendez-vous troisième tour
En cas d'absence de majorité en siège à l'issue du second tour de scrutin, c'est au cours du "troisième tour" à l'assemblée que celle-ci devra se constituer. Il s'agira alors de réussir la manoeuvre délicate d'aller convaincre des partenaires auxquels on a refusé la main tendue une semaine plus tôt.